Inoubliable.
Notre confrère Jean-Marc Douillard s’est éteint soudainement samedi à Montpellier des suites d’une crise cardiaque à l’âge de 54 ans. Menant parallèlement une carrière de chercheur en chimie (au CNRS) et de syndicaliste, Jean-Marc avait le profil d’un homme engagé et ouvert. Il était membre du bureau national du SNCS-FSU (syndicat national des chercheurs scientifiques).
Sensible à la culture populaire, c’était un intellectuel qui ne pouvait se satisfaire de sa propre réflexion. Il aimait partager avec les autres, ce qu’il faisait avec beaucoup d’humilité et de discrétion sur sa vie personnelle. « Les gens reconnaissaient en lui quelqu’un qui défend ses opinions de manière calme, témoigne le secrétaire général et ami de longue date, Patrick Monfort. Il avait une forme d’ironie, une façon de prendre les choses à contre-pied qui faisait réfléchir les gens ». Jean-Marc est devenu chercheur à une période où on pouvait entrer dans la recherche en tant qu’intellectuel. « C’est sa boîte de petit chimiste qui l’a conduit sur ce chemin », confie son épouse. « Au sein du syndicat, il avait à cœur de défendre l’indépendance des chercheurs de plus en plus tuyautée par le système économique et politique » insiste Patrick Monfort.
Dans les colonnes culturelles de L’Hérault du jour, les lecteurs reconnaissaient sans peine sa plume indomesticable. Jean-Marc était un amoureux de la danse contemporaine qu’il a découverte à Montpellier en suivant les premiers pas d’un jeune chorégraphe français, un certain Dominique Bagouet. Ces instants magiques ressentis avec sa femme dès 1980 développeront chez lui une véritable fascination pour cet art.
A Montpellier, il n’est pas un chorégraphe qui ne connaisse son allure débonnaire et son œil alerte tant Jean-Marc a écumé les plateaux et lieux de répétition pour remonter le courant de la création chorégraphique. Proche des artistes, il s’intéressait à leur œuvre, et particulièrement aux phases de recherche, qu’il expérimentait lui-même dans un autre domaine.
Il consignait son vécu critique sur un blog d’actualité consacré à la danse*. Dans le difficile exercice de chroniquer un spectacle de danse, Jean-Marc a toujours privilégié la liberté de ton et le style. Contractant les dimensions technique et descriptive pour laisser plus de place à l’émotion et à l’affirmation subjective d’un ressenti spontané.
Il laisse une femme et deux enfants. Son dernier article, consacré à la chorégraphe Jackie Taffanel, a été posté sur son blog vendredi. Il débute par deux mots qui le caractérisent bien : « Avec tact » et se termine par une référence au film de Terrence Malick La ligne rouge, « où le soldat égaré caresse les blés. »
JMDH
Voir aussi : Rubrique Danse,
*Danse à Montpellier
Nous nous joignons à la tristesse de ses proches et de ses amis . La cérémonie se tient aujourd’hui à 15h au complexe funéraire de Grammont.