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Je suis beaucoup plus utile à traduire. Et, en ce qui concerne l’écriture, ce sont les traductions une à une qui posent la question : comment on peut faire ça en français ? »L’œuvre d’André Markowicz se forge de lignes nécessaires qui restaurent la langue russe fil par fil. Il vient de signer chez Actes Sud Le soleil d’Alexandre, celui de Pouchkine ou plus exactement celui des poètes du cercle de Pouchkine toujours présents dans l’âme russe contemporaine où demeure leurs mémoires. D’une œuvre à l’autre, les textes des poètes russes traversent l’histoire en se faisant écho. Les auteurs furent toujours perturbés par un climat hostile, persécutés, exilés.
Le soleil d’Alexandre débute par un texte de 1845, écrit par Wilhelm Küchelbecker, un ami d’enfance de Pouchkine, décembriste, placé en résidence surveillée dans un village de Sibérie où il finira sa vie aveugle et tuberculeux. La plupart des auteurs de ce mouvement furent décimés par la répression de Nicolas Ier à la suite coup d’État avorté du 14 décembre 1825.
Le livre d’André Markowicz n’a rien d’une anthologie, il évoque la génération brisée du cercle de ses poètes indignés par l’absolutisme, Joukovski, Batiouchkov, Delvig, Baratynski… On sait que la fin du tsarisme n’ouvrira pas le champ de la liberté comme en témoigne le brigand littéraire Alexandre Vvedenski, (1905-1941), et bien d’autres poètes victimes du stalinisme. Et la malédiction des poètes semble se prolonger dans la Russie du XXIe siècle. Tout le talent de Markowicz est de tirer de cette ombre une vraie lumière.
Jean-Marie Dinh
Aujourd’hui à 19h00, André Markowicz est l’invité de la Maison de la Poésie, en partenariat avec Sauramps.
Le soleil d’Alexandre, éditions Actes Sud, 475p, 28 euros
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