Actuellement aux Treize Vents se donne un spectacle entre la pièce contemporaine, le concert barré et le manifeste pour un dépassement dans la jouissance de l’instant. Le propos, quasi générationnel, s’ancre dès le début dans un univers exclusivement masculin. Il s’articule sous la forme d’un autoportrait au vitriol.
Un gardien de musée tue l’ennui et fuit son propre vide. Sa mission professionnelle, celle d’être là sans rien faire, renvoie à l’espace plus large d’une société qui n’a pas besoin de lui. Sur scène, Philippe dispose d’un alter ego, sorte de jumeau qui souligne sa vulnérabilité. Le texte cru, parfois vulgaire, tombe à certains moments dans l’égocentrisme, avant de redécoller dans une cruauté plus distinguée. « Je voudrais fuir mais je suis menotté sur ce gouffre de chaise avec ces deux connasses névrosées puant la solitude des vieilles qui terminent seules. » Cette Chaise mise en scène par Mélanie Leray d’après un texte de Forian Parra donne un peu dans le mélange des genres. Mais c’est pour mieux redéfinir les contenus. Le fil narratif surprenant joue sur la densité émotionnelle et les variations de tension. On s’accroche à sa chaise comme à beaucoup de choses qu’il faut savoir lâcher pour saisir la réalité complexe qui s’offre ici sans pudeur. Entre provocation et confessions intimes, les fêlures surgissent : du sexe, de la souffrance, du sexe, en tournant le dos à la vérité quand celle-ci daigne pointer son nez. Il n’y a pas de divan, mais prenez donc une chaise !
Jean-Marie Dinh
La Chaise, jusqu’au 6 novembre au Théâtre de Grammont 04 67 99 25 00
Voir aussi : Rubrique Théâtre Jean-Marie Besset donne le change, La capacité de l’art à resister,