Le mal-être carcéral en partage

Des CRS évacuent les surveillants qui bloquaient la maison d'arrêt de Caen, le 4 mai 2009

Au troisième jour du bras de fer entre l’intersyndicale des surveillants et l’administration pénitentiaire, le mouvement de blocage des prisons se poursuit. Les forces de l’ordre ont délogé hier matin, sans incident, l’entrée de plusieurs établissements pénitentiaires bloqués par les surveillants dans la région. A Villeneuve lès Maguelone comme dans tout le pays, les gardiens de prison ont voté la reconduction du mouvement jugeant les propositions fournies par la Chancellerie mardi, très insuffisantes.

Mercredi matin devant les portes de la Maison d’arrêt, les grévistes ont enflammé des pneus. Après s’être fait repousser par les forces de police, une cinquantaine de surveillants a repris position devant les grilles d’entrée. Depuis lundi, les livraisons n’entrent plus, les ateliers sont interrompus, le centre scolaire arrêté et la pharmacie tourne en service minimum. Pour l’instant les détenus restent dans la neutralité. L’établissement disposant de stocks, le blocage du ravitaillement ne se fait pas encore sentir et surtout l’accès aux familles n’étant pas filtré, le parloir continue de fonctionner.

Les raisons de la colère tiennent aux sous-effectifs, aux violences chroniques et à l’abandon de l’administration. La Maison d’Arrêt de Villeneuve compte actuellement 137 surveillants pour 710 détenus. La population atteignant parfois des pics à 800 pour un établissement de 600 places.  « L’administration connaît la pénibilité de nos conditions de travail, explique le délégué FO Erienne De Sinno. Au lieu d’alléger pour favoriser la qualité du service, elle écrase les surveillants en appliquant des mesures aveugles et hypocrites. »

La tension est montée en novembre dernier, depuis que Rachida Dati a imposé les rondes de nuit toutes les deux heures sans attribution de postes supplémentaires. Une directive lancée par la ministre après le suicide d’un mineur en prison, sans s’interroger un instant sur le choix politique d’emprisonner un maximum de mineurs pour un maximum de temps. « Le protocole du ministère nous dit que l’on va redéfinir les modalités des rondes. C’est du vent », fustige Etienne De Sinno qui rappelle que suite à un préavis de grève déposé en novembre, les groupes de travail hebdomadaire impliquant les organisations syndicales n’ont abouti à rien. Le mouvement pourrait encore se durcir dans les prochains jours.

Jean-Marie Dinh