RSF épingle la France, mauvaise élève en matière de liberté de la presse

Depuis la création du « classement mondial de la liberté de la presse » de RSF en 2002, la France n’a cessé de dégringoler (de la 11ème à la 43ème place en 2009) en raison de « l’ingérence des politiques, des perquisitions à répétition et de la faible protection des sources ».

Lors de la mise en place du classement de Reporters sans frontières, la France (11ème) figurait dans le prestigieux top 20 des pays respectant le mieux la liberté de la presse, devant l’Australie, la Belgique et la Suisse et juste derrière le Danemark, la Suède ou l’Allemagne.
A la 43ème place sur 175 cette année, la France est désormais bien loin du Danemark, de la Suède, de la Suisse, de la Belgique ou de l’Australie, restés dans le top 20. Elle se retrouve également derrière les Etats-Unis, mais aussi le Ghana, le Costa Rica, Trinidad et Tobago ou le Mali.

« Nous sommes forcément plus sévères avec la France, parce que c’est un Etat membre de l’Union européenne et qu’à ce titre elle doit être scrupuleuse en matière de respect de la presse », explique à l’AFP Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF.

La dégringolade de la France en 2009 est notamment liée à l’interpellation controversée de l’ancien directeur de la publication de Libération, Vittorio de Filippis, à son domicile dans une affaire de diffamation. RSF rappelle également une plainte de France 3 contre le directeur du site d’information Rue89, Pierre Haski, suite à une diffusion de propos tenus hors antenne par le président Nicolas Sarkozy.

Globalement, la descente de la France dans le classement de RSF depuis 2002 est liée à la multiplication des perquisitions des locaux de médias, des gardes à vue ou des mises en examen des journalistes et du manque de garanties concernant la protection du secret des sources.

Le projet de loi sur la protection des sources n’est toujours pas adopté, malgré une « promesse de campagne de M. Sarkozy », rappelle M. Julliard. RSF s’inquiète en outre de « l’ingérence des autorités politiques, notamment du chef de l’Etat ». « Un chef d’Etat ne doit pas porter plainte lui-même contre un média, c’est un signal fort aux juges et aux procureurs qui croient ensuite avoir toute la liberté pour envoyer la police » chez un journaliste, estime M. Julliard. En référence à une plainte, finalement retirée, de Nicolas Sarkozy contre le site internet du Nouvel Observateur, qui avait publié un supposé SMS adressé à son ex-épouse, Cécilia Albeniz-Ciganer.