Turquie: la romancière Asli Erdogan en prison

967Asli Erdogan, l’une des voix les plus importantes de la littérature turque contemporaine, a été arrêtée à son domicile dans la nuit du 16 au 17 août.
Romancière et nouvelliste, Asli Erdogan (dont le patronyme, courant en Turquie, n’a pas de lien avec le président du pays) est également une intellectuelle engagée, membre de la rédaction de Özgün Güden, un quotidien soutenant les revendications des Kurdes, et dont la 8ème cour criminelle d’Istanbul a ordonné le 16 août, la fermeture et l’arrestation de ses collaborateurs.
Mise en garde à vue au Bureau de lutte contre le terrorisme de la Sécurité turque, puis transférée à l’hôpital, certainement à la suite d’un malaise, Asli Erdogan a été déférée au tribunal le 19 août sur la base de trois chefs d’accusation : « propagande en faveur d’une organisation terroriste », « appartenance à une organisation terroriste », « incitation au désordre ».
À ce jour, Asli Erdogan a quitté la garde à vue et a été placée en détention dans la prison stambouliote pour femmes, Barkirköy.

« En ce qui concerne les écrivains, on s’interroge encore plus : pourquoi s’en prendre à ces voix sincères et talentueuses qui font honneur à la culture turque d’aujourd’hui ? Cela ne rapportera rien, c’est un mauvais calcul et une publicité désastreuse pour un pays qui se plaint toujours de souffrir d’’une image négative. Et puis, méfiez vous des femmes fragiles ! Asli Erdogan ne l’est qu’en apparence et ce n’est pas demain qu’elle cessera de porter un regard critique sur le monde. » commente dans  Le Monde diplomatique Timour Muhidine, enseignant à l’INALCO, directeur de la collection “Lettres turques” chez Actes Sud.

Lundi, un tribunal d’Istanbul a rejeté la demande formulée par la pétition, a indiqué à l’AFP Cihat Duman, l’un de ses avocats, précisant qu’ils allaient faire appel de cette décision auprès de la Cour constitutionnelle.

Dans l’après-midi, quelques dizaines de personnes – dont des journalistes, écrivains et associations de défense des droits de la femme – se sont rassemblées devant la prison pour femmes de Bakirköy à Istanbul où est détenue Asli Erdogan.

L’écrivaine y a été déférée pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste », « appartenance à une organisation terroriste » et « incitation au désordre ».

« Elle a besoin du soutien des écrivains internationaux et d’une mobilisation de la société civile », a déclaré à l’AFP Erol Önderoglu, représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie. « Il faut continuer à faire pression », a-t-il ajouté,dénonçant un « climat d’arbitraire » créé par l’état d’urgence en Turquie.

Contacté par l’AFP, le porte-parole de la présidence n’a pas souhaité s’exprimer sur le dossier.

06/09/2016

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