Le 24 juin 1991, Ghislaine Marchal est retrouvée assassinée à son domicile de Mougins. Omar Raddad, son jardinier, est arrêté et devient le coupable idéal… Il est condamné à 18 ans prison dans des circonstances pour le moins troublantes. Sept ans plus tard, Omar sort de prison suite à une grâce présidentielle, mais demeure toujours coupable aux yeux de la justice. Pierre Emmanuel Vaugrenard, écrivain et journaliste, nommé à l’Académie Française, est persuadé de son innocence. Il décide de mener une contre-enquête dont il tirera un livre.
C’est cette histoire qu’a choisi d’adapter au cinéma Roschdy Zem pour son 2e long métrage produit par Tessalit production. « L’idée de départ est de Rachid Bouchared, explique Roschdy Zem. Il avait dans l’idée de faire un film sur cette histoire et m’a proposé de jouer Omar. J’ai commencé à m’intéresser à l’affaire. Puis j’ai rencontré Omar et plus je découvrais sa personnalité, plus je me disais que le rôle était fait pour Sami Bouajila. Nous entretenons des relations de confiance avec Rachid, et comme le film n’était pas une priorité pour lui, je lui ai demandé d’assurer la mise en scène. On est tombé d’accord. »
Des pressions
Le film s’en tient exclusivement aux faits. « On est en empathie avec le personnage mais je voulais rester objectif. J’ai conscience que cela peut être considéré comme un cinéma engagé mais ma volonté première est de faire une fiction, de raconter une histoire qui emporte les gens. Il ne s’agit pas de régler des comptes. »
Le réalisateur évoque pourtant des pressions qui lui sont venues de la famille de la victime pour qu’il renonce à faire le film. « Omar est le seul protagoniste de cette affaire qui souhaite encore que l’on en parle. On a voulu me dissuader de tourner avant même que j’ai écrit une ligne. On a brandi la menace de procédures. La nature de leurs soucis est assez explicite. On voulait savoir si figurerait bien dans mon film le fait que Omar est été condamné à une peine de 18 ans. Et que le pourvoi en cassation se soit soldé par un rejet. Cela m’a plutôt motivé pour le faire. »
Un homme simple
Une partie du tournage a eu lieu dans la région, le procès au palais de justice de Montpellier et les scènes de prison dans les murs moyenâgeux de l’ancienne prison de Béziers. « J’ai croisé Omar à Montpellier. Il venait assister à une scène du procès. C’est un homme simple, authentique, pour lequel j’éprouve une forte compassion, indique Sami Bouajila. Mais je me suis protégé du mythe d’Omar pour entrer vraiment dans le rôle. »
A l’écran, le résultat est saisissant. Rythmé, le film croise l’univers d’Omar avec celui de l’écrivain, très dandy parisien, qui enquête sur l’affaire. La caméra colle aux personnages. On ressent la pression, et on se laisse emporter par la fluidité des prises de vue et le jeu d’acteur. « A travers le film, on sent bien que cette histoire n’est pas tout à fait terminée», souligne le réalisateur. Une réussite cinématographique pourrait faire bouger les lignes dans la vie réelle d’Omar qui « reste en prison dans sa tête ». D’ailleurs, la chancellerie vient de donner son feu vert pour engager une expertise ADN alors qu’elle s’y refusait depuis 10 ans.
Jean-Marie Dinh
« Omar m’a tuer » sur les écrans le 22 juin
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