Chienne d’Histoire : Cinéma pictural et histoire poème

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« L’âme vivante qui traverse le film est noir. »

Sur la grande scène du Corum qui ouvre le festival Cinemed c’est à peine si Serge Avédikian affleure le propos de son film totalement traduit par son titre Chienne d’histoire. Un film d’animation de quinze minutes qui a reçu la Palme d’or du court métrage, cette année au Festival de Cannes.  » L’histoire du film, est elle même tirée d’un fait historique profondément méconnu en Turquie tant les autorités successives se sont évertuées à l’effacer de la mémoire populaire, au même titre que toute l’histoire de la fin de l’Empire Ottoman. » souligne le réalisateur.

 En 1910, les rues de Constantinople sont envahies de chiens errants. Le gouvernement, influencé par un modèle de société occidental cherche une méthode d’éradication. Puis brusquement, il décide de tous les déporter sur une île déserte.

Hier matin, Serge Avédikian que l’on connaît aussi pour sa carrière de comédien et de metteur en scène est revenu sur le langage exploré dans son film.  » C’est un film dramatiquement pas correcte qui ne raconte pas une histoire. C’est une proposition pour rentrer dans un récit. » En collaboration avec son dessinateur, Serge Avédikian  travaille l’esthétique de ses films à la manière d’un peintre. Les images s’appuient sur une présence photographique documentée. Les photos de rues et de bâtiments issue de carte postale de  l’époque, servent d’armature à l’expression picturale de Karine Mazloumian qui compose avec  des intégrations vidéo. L’ensemble renvoie au besoin inné d’expression et de transmission d’information, aux sources même de la peinture préhistorique.

La grammaire d’Avédikian fait appel à un rapport fusionnellequi concerne le temps, les techniques utilisées, et le message. Un message où se juxtaposent, politique eugéniste, processus génocidaire, impérialisme scientifique, et politique de l’immigration.  » Le recours à l’esthétisme permet d’aborder des sujets qui ne seraient pas supportables « , confie le réalisateur d’origine arménienne. La réaction incertaine et palpable du public à la fin du film projeté vendredi, confirme qu’il a visé juste.

Jean-Marie Dinh

Chienne d’Histoire est le troisième film d’animation de Serge Avédikian, après Ligne de vie en 2003 et Un beau matin en 2005 qui font appel à des techniques similaires.

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