25e anniversaire du Web: A quoi va ressembler Internet en 2025 ?

Photo.T.Ratcliff

Photo.T.Ratcliff

HIGH-TECH – Tout sera connecté: les hommes et les objets…

Jeudi, le World Wide Web a soufflé ses 25 bougies. A cette occasion, l’institut de sondage Pew Research a interrogé plus de 2.000 experts en leur demandant leurs prévisions pour le futur de la vie numérique à l’horizon 2025. Voici les six tendances principales.

1. Le monde entier connecté, Internet semblable à l’électricité

«On ne se connectera plus à Internet. Nous serons juste en ligne», en permanence, estime Joe Touch, chercheur à l’université USC. L’Internet des choses va devenir une réalité, et tous les objets de notre quotidien seront interconnectés. David Clark, du MIT, prévoit l’éclosion de réseaux sociaux d’objets intelligents qui pourront apprendre les uns des autres, notamment au niveau des infrastructures.

2. Le wearable et la réalité augmentée vont changer la société

Google Glass et les bracelets de fitness ne sont que le début. L’explosion des capteurs connectés mesurant nos signes vitaux et observant notre environnement va avoir un impact sur notre vie quotidienne. Selon Aron Roberts, ingénieur à Berkeley, «nous ajusterons notre style de vie heure par heure en fonction de l’analyse de ces données». Pour Daron Brabham, chercheur en communication à USC, «nous verrons le monde à travers plusieurs couches de données» et cela modifiera sur les interactions humaines, du dating au networking.

3. L’ignorance recule, la radicalité augmente

«L’impact le plus fort sera l’accès universel à tout le savoir humain», selon Hal Varian, chef économiste chez Google. L’impact de l’éducation en ligne comme celle de la Khan Academy devrait être particulièrement crucial dans des pays émergents, en Afrique, notamment. Mais si la plupart des experts s’attend à voir l’ignorance reculer et la démocratie progresser, certains mettent en garde contre les risques d’une hausse des mouvements radicaux qui s’influenceront les uns les autres.

Wearable tech will be everywhere by 2025

Wearable tech will be everywhere by 2025

4. La notion de frontière nationale diminue face au «big data»

Le monde est déjà plat, selon l’adage démocratisé par le journaliste américain Thomas Friedman. Selon le pionnier de l’Internet David Hughes, avec un monde entier connecté, «la capacité des Etats-nations à contrôler une population à l’intérieur d’une frontière géographique pourrait diminuer». Pour JP Rangaswami, scientifique en chef chez Salesforce, les défis globaux comme le changement climatique et la conservation de l’eau ne pourront trouver des réponses que dans l’analyse des données du «big data», hors de portée des gouvernements.

5. Une multitude de réseaux Internet

Internet n’a jamais été conçu pour être aussi gros ni répondre à autant de besoins à la fois. D’après trois experts, «plusieurs réseaux vont émerger». «Certains seront particulièrement sécurisés, d’autres protégeront la vie privée», estime Sean Mead, directeur stratégique à Interbrand.

6. Le débat sur la vie privée et la neutralité du Net va s’intensifier

L’effet «Edward Snowden» n’est pas près de s’estomper. Dans «l’âge du contexte», nous devrons faire des choix entre des services utiles et la protection de notre vie privée et de la neutralité du Net. Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web, a déjà demandé la mise en place d’une charte mondiale pour qu’Internet reste «libre, ouvert et neutre».

Philippe Berry

Source 20mn 13/03/2014

Voir aussi : Rubrique Internet, Rubrique Science,

Très chère « neutralité du Net »

guerre-de-linfo1En  dépit des milliards et des milliards qu’il génère aujourd’hui, Internet n’a pas renié ses principes. Il est en effet régi par la règle sacro-sainte de « la neutralité du Net« , une façon « geek » de dire que tous les contenus sont égaux : qu’une page web s’affichera sur votre ordinateur à la même vitesse, qu’elle ait été créée par la plus grande entreprise du monde ou par un passionné dans sa chambre à coucher.

Or les négociations actuelles entre Google et l’opérateur Verizon [l’une des premières compagnies américaines de télécoms] pourraient mettre ce principe en péril. Si l’on permet aux entreprises de payer pour faire parvenir leur contenu plus rapidement aux internautes, le réseau risque de passer très rapidement sous la domination des grandes entreprises. Si, par exemple, Google rémunère des fournisseurs d’accès à Internet pour acheminer les contenus de YouTube plus rapidement que ceux de tous les autre sites de vidéos, les gens ne tarderont pas à se détourner de ces sites. C’est l’occasion rêvée pour les plus gros fournisseurs de contenus sur Internet d’assommer les petits.

C’est bien beau de défendre généreusement la neutralité du Net, mais il ne faut pas oublier que ce principe constitue aussi un obstacle pour résoudre certains problèmes pratiques qui se posent sur le réseau. En Grande-Bretagne par exemple, le gouvernement s’est engagé à ce que tous les Britanniques aient accès à l’Internet à haut débit d’ici à la fin de l’actuelle législature. Il n’a toutefois pas l’intention d’assumer les coûts liés à l’augmentation de la capacité de réseau, même dans les zones où il n’est pas rentable pour le secteur privé d’investir dans le déploiement du haut débit.

Bien que les fournisseurs d’accès investissent dans leurs réseaux contraints et forcés, le principe de neutralité du Net les empêche de facturer à leurs utilisateurs la distribution de contenus. Ainsi, alors que le service iPlayer de la BBC [le site de rediffusion des programmes de l’audiovisuel public britannique], aussi fantastique soit-il, consomme une grosse capacité de réseau dans le pays, la BBC ne contribue en rien à financer l’amélioration et le renforcement du réseau. Quand l’opérateur de télécoms BT a tenté de suggérer l’an dernier qu’elle devrait le faire, il s’est fait copieusement rabrouer.

Ces questions n’ont pas de réponses simples. La neutralité du Net est un principe démocratique et favorise la concurrence, mais elle risque aussi de compromettre l’essor d’Internet dans les années à venir. Elle risque, à tout le moins, de faire grimper les coûts pour le consommateur : si l’on empêche les fournisseurs d’accès de faire payer les distributeurs de contenus, il y a fort à parier qu’ils répercuteront les coûts sur les destinataires finaux.

Google, pour sa part, a réaffirmé son attachement à un « Internet ouvert« . Rien ne permet de douter de cet attachement, mais on peut supposer qu’à moins que l’on trouve des  mécanismes permettant de financer les coûts de maintenance et d’amélioration du réseau, les internautes risquent de se retrouver devant un Internet fermé pour raisons techniques.

David Prosser (The Independent)

Voir aussi : Rubrique Internet, L’UMP achète Bettencourt auprès de Google,   Rubrique Médias, L’ère des robots journalistes,