L’art est un alien, à nous de l’apprivoiser

Zone absolue

Zone absolue. Jacques Charlier,

Expo Montpellier
Fin du troisième cycle d’expositions à La Panacée.

En attendant le MoCo, le nouveau Centre d’art contemporain qui verra le jour en 2019, la Panacée vient de clôturer à Montpellier son troisième cycle d’exposition. L’espace dédié à l’art contemporain  dirigé par l’historien de l’art Nicolas Bourriaud – dont le travail est cité dans l’excellent film de Ruben Östlund The Square, Palme d’Or du festival de Cannes 2017 –  se pense localement dans l’éclectisme global.

Evidemment, la proposition n’a pas fait l’unanimité – l’inverse aurait été inquiétant – son  cadre suit la feuille de route qui vise à opérer de multiples connexions avec le monde de l’art contemporain.  Fidèle à sa devise « tout oeuvre d’art est un alien » l’artiste français Saâdane Afif, lauréat du Prix Marcel Duchamp 2009 et du Prix Meurice pour l’art contemporain en 2015, s’est efforcé de brouiller les pistes dans une exposition monographique dédiée à ses trois projets récents?: Héritages, Là-Bas. et Ubu roi disséminé.

Donner la réplique  reprend et découpe le texte d’Alfred Jarry. Que faire d’autre que brûler un cierge quand on se retrouve devant un flayers géants qui vous dit «Merdre !» En bon héritier de Duchamps, Afif sait pertinemment que le seul geste délibéré d’exposer un vulgaire objet du quotidien dans un musée peut en faire une œuvre d’art…

Le défi est contenu dans le titre Ici./Là-bas qui a donné lieu à quelques escapades hors les murs comme le concert de Pierre Peres et Anas Maghrabi au Black Sheep où les deux musiciens ont composé sur les textes hermétiques confiés à d’autre artistes autour d’Ubu roi. Vous suivez toujours ? Pour résumer, la pleine compréhension du Ici, de la Panacée, ne pouvait s’appréhender que dans le Là-bas. Selon les mots de l’artiste : « Ici./Là-bas. est une sorte de retournement, qui questionne avant tout la notion de ce que veut dire être ici, à travers son antithèse.»

Dans un tout autre registre et une autre époque, où les gens discutaient entre-eux sur les oeuvres et les émotions qu’elles produisent, la rétrospective consacrée à l’artiste belge Jacques Charlier, l’un des pionniers de l’art conceptuel européen nous plonge dans un monde entre humanisme et cynisme. Le travail artistique et ses doutes sont brillamment mis en scène par Charlier à travers une approche pluridisciplinaire. On peut trouver des ponts entre les  deux artistes. Les préoccupations qu’évoque Charlier à propos de l’art rejoignent celle d’Afif, l’autosuffisance en moins.

JMDH

Source La Marseillaise 16/01/2018