Si vous voulez entrer dans le monde d’un écrivain qui vous entretienne de l’écriture et des subtilités de la prose vous ne lirez pas La guerre de l’humain. A l’âge de 14 ans son auteur était apprenti coiffeur. Pat Gady a aujourd’hui 55 ans. Il est chômeur et le mot travail lui donne la nausée. « Je trouve que le travail a quelque chose de merveilleux quand on l’exerce pour s’épanouir », pense Pat Gady qui livre une réflexion méditative sur les multiples inégalités perpétuées au sein de notre système social. On est loin de l’essai sociologique mais, comme le dit le philosophe Clément Rosset « Après une connaissance apprise auprès de quelques sommets, rien de tel, pour vous rafraîchir qu’une connaissance par les gouffres. » Cet adepte de Schopenhauer défendait aussi l’idée que le pire est la seule chose certaine, ce en quoi il se rapproche du propos de Pat Gady. Les thèmes qu’aborde l’auteur se succèdent, sous la forme d’un grand zapping : fiscalité, écologie, conditions de travail, système de santé, discrédit des discours politiques… constituent un ensemble où la cohérence est liée au vécu. Gady nous restitue un bloc d’expériences, une pensée populaire lucide et partagée peu prisée par le monde de l’édition. La missive nous arrive grâce à l’heureuse contribution d’Yvan Mécif des éditions héraultaises Rémanences.
Rien de commun dans l’œil désabusé de Pat Gady mais un sens évident de la politique au sens noble du terme. Son expression sensible sur le manque de volonté pour lutter contre la fracture sociale semble appartenir à un instant qui précède l’abandon. L’écrivain ne cherche pas à être le témoin. Il est seulement à l’écoute des mots qui tracent son avenir ou plus justement son non avenir. Selon Kafka « Le livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous » la note d’optimisme qui conclut le livre de Pat Gady témoigne qu’il a su s’écouter.