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Pour rappel, il s’agit d’un service d’hébergement de fichiers dit « en un clic ». Tout internaute peut très facilement envoyer un fichier sur les serveurs du site, basé à Hong-Kong, et partager un lien sur le net pour permettre à d’autres de le télécharger sur leur ordinateur. Ceux qui disposent d’un compte payant — dix euros par mois — ont des avantages supplémentaires : possibilité d’échanger des fichiers très lourds (plus d’un gigaoctet), de télécharger plus rapidement… Ce qui fait de Megaupload une plateforme privilégiée pour le partage illégal de films et de musique, et les internautes ne s’en privent pas. Thierry Lhermitte lui-même, actionnaire de la société Trident Media Guard qui se charge de flasher les adresses IP de pirates pour l’Hadopi, avouait en octobre utiliser le site pour visionner des films dont il a entendu parler, sans trop savoir s’il en avait le droit.
Les chiffres proviennent d’une étude tout fraîchement publiée par comScore, et relayée par le blog Technotes du Figaro : « en novembre, plus de 7,4 millions d’internautes français ont visité le site Megaupload. Cela représente une hausse de 35% par rapport à l’an dernier. En août 2008, ce site n’attirait que 350 000 visiteurs par mois. »
Que s’est-il passé entre temps ? Une évolution naturelle des usages vers des techniques de téléchargement plus directes et plus simples, certainement. Mais 2010 fut également marquée par l’entrée d’Hadopi sur la scène Internet française. La loi instaurant le principe de « réponse graduée » aux internautes suspectés de piratage a la particularité de ne surveiller que les échanges de fichiers en peer-to-peer — comme ils se font sur eMule ou via les logiciels de torrents par exemple. Mais ni le streaming ni le téléchargement direct, qui sont deux autres méthodes de partage de fichiers en plein essor, ne sont concernés par l’Hadopi à l’heure actuelle.
De là à expliquer le succès de Megaupload par une volonté de contourner la loi anti-piratage, il n’y a qu’un pas… que nous laisserons le soin de franchir aux chercheurs de l’université Rennes 1. Leur groupe de recherche M@rsouin avait publié en mars une étude suggérant que deux tiers des internautes ayant abandonné le peer-to-peer depuis le vote d’Hadopi n’ont pas totalement arrêté de télécharger pour autant. Ils se sont tout simplement « tournés vers des pratiques alternatives de piratage échappant à la loi Hadopi ».
Le streaming se porte d’ailleurs tout aussi bien que le téléchargement direct : Megavideo, site frère de Megaupload permettant de regarder des vidéos directement depuis son navigateur, affiche des résultats presque comparables et connaît lui aussi une belle progression.
Camille Gévaudan (Libération)