Mémoire du cru à bout portant

Martine Nougué un premier roman aux éditions du Caiman. photo dr

Martine Nougué un premier roman aux éditions du Caiman. photo dr

Les noirs de l’été. Les Belges reconnaissants de Martine Nougué.

Lorsqu’on a le bonheur de vivre dans un village, mieux vaut ne pas être célèbre. Et si vous avez cet honneur, c’est souvent une mauvaise réputation qui vous colle à la peau.

Castellac était un village héraultais apparemment tranquille jusqu’au jour où son maire est retrouvé mort dans la garrigue. La soirée chasse entre les gars du cru ne tiens pas vraiment la route. Les circonstances laissent plutôt penser que le premier magistrat s’adonnait à des parties fines pas très catholiques. Personne n’est parfait.

Évidemment l’affaire aurait pu être classée si elle n’était tombée dans les mains de l’officier de police Pénélope Cissé, tout juste affectée au commissariat de Sète pour des raisons qui lui appartiennent.

Martine Nougué qui vit dans un village de l’Hérault tout en travaillant à Paris, a choisi un cadre qui lui est familier pour son premier roman. Son approche des us et coutumes comme du pouvoir local témoignent d’un sens certain de l’observation de la société rurale.

les-belges-reconnaissants-de-martine-nougue-1014946741_MLLe personnage principal Pénélope Cissé, cumule le fait d’être une femme, étrangère au village, et africaine de surcroît, ce qui la conduit à user d’entendement et de détermination pour mener à bien sa mission. L’enquête remue le passé du village et son organisation clanique autours des Gallieni dont la fortune acquise au sortir de la guerre questionne. Une écologiste activiste, qui fouille dans le tas de fumier vient contrarier les petits arrangements en famille.

On apprécie les lignes de dialogue des personnages et la conduite du récit plein de rebondissements. Martine Nougué signe un premier noir réaliste et critique qui réveille le passé oublié dans l’ombre de l’occupation et bouscule la transmission de mémoire collective.

                                      JMDH

Source : La Marseillaise 26/08/2015

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