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Dans un entretien publié cet été par le magazine Les Inrockuptibles, elle avait notamment qualifié de « monstrueuse » la France de Nicolas Sarkozy : « Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux », déclarait-elle. Avant même le début de la polémique, Marie NDiaye avait toutefois accordé un entretien lundi à Europe 1 dans lequel elle estimait ses propos « très excessifs ». Jeudi, Eric Raoult a lui même nuancé son propos en suggérant à Marie NDiaye non plus de respecter un « devoir de réserve », mais un « principe de modération ».
L’élu de Seine-Saint-Denis avait interpellé mardi le ministre de la Culture sur les propos, selon lui « insultants », de la romancière, soulevant un tollé dans les milieux littéraires. Pressés à la fois par Marie NDiaye et Eric Raoult de réagir, Frédéric Mitterrand a finalement estimé que l’un et l’autre avaient le droit de dire ce qu’ils pensent. « Je n’ai pas à arbitrer entre une personne privée qui dit ce qu’elle veut dire et un parlementaire qui dit ce qu’il a sur le coeur (…) Ca me regarde en tant que citoyen, ça ne me concerne pas en tant que ministre », a-t-il déclaré.
« Après l’intervention du ministre, Marie NDiaye estime la polémique close », indiquait-on jeudi chez son éditeur, Gallimard. L’affaire a continué en revanche d’agiter les milieux politiques. Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste, a condamné la « volonté de censurer la parole libre d’une écrivaine » et a demandé à Eric Raoult de « présenter ses excuses » à Marie NDiaye. Et Ségolène Royal (PS) a estimé que « dans une démocratie il doit être possible de critiquer le pouvoir en place ».
Le PCF a demandé pour sa part au ministre de la Culture de condamner les propos du député UMP et dénoncé un gouvernement qui « cherche maintenant à museler les artistes et à censurer leur liberté d’expression ». Et l’eurodéputé Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit, a fustigé « la République des fayots », estimant qu' »il ne doit y avoir aucun devoir de réserve pour un intellectuel, comme pour toute autre personne ».
A l’UMP, le porte-parole adjoint, Dominique Paillé, s’est déclaré opposé à la « censure », tout en appelant Marie NDiaye à « la mesure » : « Je rappelle à Mme NDiaye que tout ce qui est excessif est insignifiant. Et ce qu’elle a écrit ne correspond pas à la France de Nicolas Sarkozy. C’est à cent lieues de la réalité », a-t-il ajouté, estimant que l’écrivain avait « entamé sa propre crédibilité ». « Si Marie NDiaye doit demander au ministre de la Culture ce qu’elle peut dire sans manquer de respect à Nicolas Sarkozy, quelle sera la prochaine provocation destinée à réveiller le ralliement de l’extrême droite à la majorité présidentielle », s’est enfin interrogée la Ligue des Droits de l’Homme.
Voir aussi : Rencontre avec Marie NDiaye