Vénus
Après l’exposition Poussin et la nature qui s’est close en mai au Metropolitan Museum de New-York, le Musée Fabre présente pour la première fois en France, l’œuvre reconstituée de Nicolas Poussin (1594-1665) Vénus et Adonis. La réunion de ces deux toiles fait du bruit dans le landernau des amoureux de l’école française. L’histoire insolite, mais pas exceptionnelle chez les coquins qui font de l’art un commerce, veut que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un marchand d’art peu scrupuleux ait profité du format étendu de l’œuvre pour couper le tableau en deux et en tirer double bénéfice.
Selon les précisions fournies par le directeur du Musée Fabre, Michel Hilaire, lorsque François Xavier Fabre, qui jouissait pourtant de l’étendue de ses relations dans le monde des arts, se porte acquéreur de Vénus et Adonis (la partie droite de l’œuvre), il ne connaît pas l’existence du morceau manquant. Il en serait de même pour la galeriste new-yorkaise Patti Cadby Birch ayant acquis l’autre moitié de la toile. Le manque de cohérence de la partie gauche rebaptisée « Paysage au Dieu-fleuve » laisse cependant assez septique sur cette version des faits. Ce n’est que depuis 1979 qu’un marchand anglais a fourni la clé du mystère en associant les deux morceaux comme une seule et même œuvre. Les deux fragments qui viennent d’être présentés à New York ont fait événement. Michel Hilaire qui les rassemble à Montpellier pour la première fois sous un cadre commun, espère bien convaincre le propriétaire et quelques mécènes de l’intérêt d’une union définitive. Il n’y a visiblement plus de doute sur l’intention, reste la question du prix… L’enjeu de cette omelette est d’autant plus de taille que sur les 15 tableaux de Poussin que disait léguer François Xavier Fabre dans la donation qu’il fit au musée en 1825, seuls deux sont à présent considérés comme authentiques, ou plutôt, un et demi.
Vénus et Adonis, l’œuvre reconstituée