L’enivrant et lumineux festival Fiest’A Sète donne un sens au concept un peu fourre-tout de la world music. Colorée, variée et exigeante, la programmation concoctée par José Bel renoue avec les racines culturelles les plus profondes pour offrir des perles rares plus ou moins connues. Il faut saluer le travail primordial de passeur pour sa qualité autant qu’il faut rappeler que ce sont les artistes, par leur ouverture d’esprit, qui nourrissent cette aventure depuis maintenant 12 ans.
Sous les auspices de Francis Falceto, le directeur de la collections CD éthiopiques chez Buda Music, la soirée de mardi consacrée à l’Éthiopie entre directement dans les annales du festival avec un plateau unique associant deux monstres emblématiques de la musique, Alèmayèhu Eshèté et Mahmoud Ahmed venus spécialement d’Ethiopie. Quatre heures durant, on a vu Le Théâtre de la mer subjugué par une prestation bienveillante et enflammée des deux chanteurs magistralement accompagnés par l’orchestre breton Badume’s Band.
En grand spécialiste de la musique éthiopienne, le musicographe Francis Falceto, qui a remonté toutes les filières pour en rencontrer les témoins vivants, ne cache pas sa satisfaction. » Ce concert est un des plus beaux qui s’est fait. C’est drôle parce que je n’ai jamais anticipé sur ce phénomène. Passionnés par l’Ethiopie, les musiciens des Badume’s Band m’ont contacté un jour. Ils voulaient inviter Mahmoud Ahmed en Bretagne. Celui-ci a accepté, et après avoir répété trois heures, m’a demandé : pourquoi on ne jouerait pas avec eux ? « Depuis les liens se sont renforcés. » J’ai invité Badume’s Band à L’Ethiopian Music Festival que je programme depuis 7 ans à Addis Abeba. Je n’étais pas sûr de mon coup. Mais au bout de quelques morceaux, comme à Sète, ils avaient le public avec eux. C’est l’antithèse des musiciens de studio. Ils aiment vraiment ce qu’ils font. C’est un honneur pour eux de partager la scène avec les vétérans de l’âge d’or de l’ethio-groove « .
On a découvert à Sète un chaînon manquant de la musique africaine d’une grande singularité. » Du fait que l’Ethiopie n’ait jamais été colonisée, à l’exception d’une courte période par Mussolini, le pays a vécu en autarcie sans métropole pour faire haut-parleur. C’est une fierté qui participe, au même titre que le nationalisme, à l’identité éthiopienne. On doit la prendre d’un bloc « , indique Francis Falceto. Le public qui a goûté à la musique traditionnelle fortement teintée de soul de Alèmayèhu et aux subtilités de la voix de Mahmoud Ahmed, n’est pas prêt d’oublier la culture musicale éthiopienne.
Jean-Marie Dinh
La collection compte 20 CD à découvrir également les productions de ethioSonic
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