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Signe de cette tension sur les deux îles (Petite-Terre et Grande-Terre) qui composent Mayotte, 101e département français, les responsables mahorais du Parti socialiste ont annulé dimanche le scrutin de la primaire PS pour la présidentielle.
Faute d’accord avec le patronat et les représentants de la grande distribution, le collectif de syndicats et de consommateurs à l’origine du mouvement a décidé samedi soir de poursuivre son action jusqu’à jeudi.
Jeudi dernier, des barrages routiers avaient été le théâtre d’affrontements entre jeunes et gendarmes mobiles. Pour la première fois à Mayotte, des cocktails Molotov ont été confectionnés, puis lancés sur les forces de l’ordre. Plusieurs casseurs interpellés ont été condamnés, selon la procédure de comparution immédiate, à de la prison ferme.
Vendredi, à Longoni, la cité portuaire de Mayotte, une fillette de 9 ans a été blessée par un projectile de flash-ball tiré par un gendarme. La fillette a été hospitalisée sans que ses jours soient en danger.
Le mouvement contre la vie chère avait débuté le 27 septembre, à l’initiative des deux syndicats CGT Mayotte et CFDT, rejoints par FO et la CFE-CGC. Le front s’est vite élargi à trois associations de consommateurs. Leur revendication est unique : baisse des prix des produits de consommation courante, avec alignement sur ceux pratiqués à La Réunion, l’autre département français de l’océan Indien, situé à 1.700 km au sud-est de Mayotte.
Après l’accession de Mayotte au statut de département, le 1e avril 2011, les Mahorais ont revendiqué davantage d’égalité en matière de coût de la vie.
« C’est pour cela que nous avons lancé l’appel à la grève », a expliqué à l’AFP Ousseni Balahachi, un responsable CFDT. En réalité, il s’agit d’un boycott des commerces que le durcissement du conflit, la semaine dernière, a contraint à la fermeture.
Si la plupart des barrages routiers étaient levés dimanche, les magasins étaient tous fermés, de même que les banques où les distributeurs de billets sont hors service.
Les négociations entre délégués du collectif d’une part, et représentants du Medef, de la grande distribution et des chambres consulaires d’autre part, ont enregistré quelques avancées : baisse du prix de la bouteille de gaz de 31 à 25 euros, baisse de 10% sur le riz. Quant au mabawa (aile de poulet rôti), plat favori des Mahorais, il est devenu le produit emblématique de ce conflit.
Importé d’Europe, de Madagascar ou encore du Brésil, et conditionné par carton de 10 kg, le mabawa était vendu 2,69 euros le kg à la mi-septembre. La grande distribution a proposé une première baisse à 2,41 euros puis à 2,13 euros, rejetée par la « base ».
Avant de signer tout éventuel accord, le collectif a pris l’habitude de consulter une partie de la population rassemblée sur la place du marché de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte. C’est là que s’expriment, avec détermination, les « bouenis », les mères de famille mahoraises.
Pour tenter de sortir de la crise, le préfet de Mayotte, Thomas Degos, a promis de « multiplier les rencontres séparées avec les différents partenaires des négociations ».
AFP
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