À
Phèdre est la maladie qui atteint la lumière. Son éclat – Phaedra, étymologiquement “la brillante” – presque maladif et épidémique, modifie la structure même de l’air qu’elle respire. Phèdre est un poison qui contamine son environnement. J’imagine tout un travail autour de l’ombre, de la fuite, du secret et de l’aveu. Phèdre est malade de sa passion ; elle répand cette maladie autour d’elle. Notre travail s’attachera à la mutation physique, à ce que la passion crée de différent en nous et de mortifère. Il faudra se concentrer avec les acteurs sur cette perdition, cette complaisance de l’être à la maladie. Qu’on ne s’étonne pas du scandale moral que la pièce produisit en son époque : ce n’est pas tant le désir de l’héroïne pour son beau-fils que cet abandon charnel et décadent qui fit se replier Racine vers son silence puritain.
Pas question ici de martyriser l’alexandrin et de mégoter sur l’emploi de la syllabe muette. Tout doit être entendu et prononcé, fidèle en cela aux règles en vigueur au XVIIe siècle. Il s’agit d’une écriture où le fond ne peut pas se dissocier de la forme, et où l’image naît tout autant du plateau, que de la force évocatrice des mots.
Renaud Marie Leblanc
Voir aussi : Rubrique Théâtre la critique du spectacle – Théâtre des Treize Vents : du 10 au 21 novembre avec : Avec Roxane Borgna, Fabrice Michel, Jan Peters, Francine Bergé, Perrine Tourneux, Olivier Barrère, Véronique Maillard.