Inquiétudes après la mort de Kim Jong-il

 

Le plus jeune fils du dictateur, Kim Jong-un, lui succèdera. (©AP)

L’annonce de la mort du dictateur nord-coréen Kim Jong-il a poussé  la Corée du Sud à placer ses forces armées en état d’alerte. L’inexpérience de son successeur, Kim Jong-un, pourrait déclencher une lutte de pouvoir interne, redoutent certains commentateurs. D’autres appellent l’Occident à conclure la paix avec la puissance nucléaire.

 

La lutte de pouvoir des élites

L’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un pourrait créer des failles au sein du régime, estime le quotidien de centre-gauche Frankfurter Rundschau : « La survie politique de Kim Jong-un et de ses alliés dépend considérablement de leur capacité à continuer à préserver les privilèges dont disposent les tenants du régime. … Car si le peuple nord-coréen savait de quelle manière son gouvernement l’a délibérément tenu à l’écart du progrès ces dernières décennies, il perdrait rapidement ses illusions sur les Kim. … Quant à savoir si, dans tout ce fouillis, Kim Jong-un est plus qu’une marionnette politique chargée de conférer une impression de continuité à l’extérieur, c’est l’une des principales questions à laquelle les observateurs de la Corée du Nord et les diplomates devront répondre à l’avenir. Car s’il ne devait plus y avoir de tyran tout-puissant de l’acabit de Kim Jong-il à la tête du système, mais l’opposition de différentes forces, il devrait bientôt y avoir pour l’étranger des opportunités de dialoguer avec ces alliances. » (20.12.2011)

Frankfurter Rundschau – Allemagne
Bernhard Bartsch

 

Conclure la paix avec la Corée du Nord

La mort du dictateur Kim Jong-il donne l’occasion à l’Occident de faire preuve de diplomatie et de conclure la paix avec la Corée du Nord, préconise le quotidien de centre-gauche The Guardian : « On nous disait que le régime, sous l’égide d’un fou, privilégiait sa propre survie et affectait principalement ses ressources à l’armée. Mais que ferait-il d’autres, étant donné qu’il ne vit en paix ni avec la Corée du Nord ni avec la superpuissance américaine ? L’Occident doit donc comprendre que les menaces et les sanctions ne marchent pas, et saisir cette chance de laisser toute la responsabilité au dictateur défunt et à son culte de la personnalité, tout en offrant assistance, commerce et paix aux Nord-Coréens, et ce qu’il existe ou non des armes nucléaires. Il ne s’agit pas de récompenser le mauvais comportement de Pyongyang, ni d’apaiser le régime. La surveillance des agissements avec des armes dangereuses ou des composants nucléaires ne doit pas non plus être compromise par la paix. » (20.12.2011)

The Guardian – Royaume-Uni
Robert Willoughby

 

Kim junior est imprévisible

Après la mort de Kim Jong-il, c’est son plus jeune fils, Kim Jong-un, qui prendra le pouvoir en Corée du Nord. Celui-ci est totalement imprévisible, estime le quotidien conservateur Magyar Nemzet : « Kim Jong-il a désigné pour lui succéder un jeune dont les Coréens ne savent pratiquement rien. Ce que nous savons, c’est que la prise de pouvoir d’un dictateur ou l’introduction d’une marque de mode sur le marché est plus ou moins la même chose. Le peuple avait peur de Kim Jong-il et il s’est soumis à lui. Son successeur Kim Jong-un n’est pas effrayant, n’est pas rusé et ne dispose pas de contacts particuliers au sein de l’appareil d’Etat. Même le costume très laid qui faisait paraître son père si redoutable est trop grand pour lui. Et ce jeune est désormais le commandant de l’une des plus grandes armées du monde, probablement dotée de l’arme nucléaire. » (20.12.2011)

Magyar Nemzet – Hongrie
Levente Sitkei

 

Le clan des dictateurs trompe le peuple

Le pouvoir du clan des Kim se base sur la mystification délibérée du peuple, estime le quotidien libéral Helsingin Sanomat : « La dynastie des Kim est au pouvoir depuis plus de 60 ans car elle sait justement exploiter sans vergogne un traumatisme national. La péninsule coréenne a été occupée pendant près de 40 ans par le Japon au cours du siècle dernier. La longue relation avec l’Union soviétique n’était pas équitable. Le clan des Kim a délibérément attisé la défiance du peuple à l’égard du monde extérieur avec sa propagande, et tenté de se présenter comme l’unique garant de l’indépendance du pays. La dictature du clan repose sur une illusion. La famille du dictateur a depuis longtemps déjà galvaudé son droit au pouvoir, puisqu’elle aspire exclusivement à servir son propre intérêt, et non celui du peuple. » (20.12.2011)

Helsingin Sanomat – Finlande

Voir aussi : Rubrique Corée du Nord, rubrique Asie,