Aurélien Bory « Azimut » . Une autre voie s’exprime en suspension


azimut-4-copyright-agnes-mellonAurélien Bory et le groupe acrobatique de Tanger présentent ce soir au Corum « Azimut ». Une pièce singulièrement expressive.

Fils du théâtre et de la danse, Aurélien Bory poursuit son travail à la croisée de nombreuses disciplines (théâtre, cirque, danse, arts visuels, musique…). Il sera ce soir au Corum en compagnie du Groupe acrobatique de Tanger  avec sa pièce Azimut créée à Aix en décembre dernier et programmée dans le cadre de la saison Montpellier Danse.

La pièce célèbre les retrouvailles entre Aurélien Bory et la troupe marocaine. Dix ans après Taoub et trois ans après le printemps arabe, cette rencontre revêt une dimension singulièrement expressive. Azimut est une pièce accessible, avec un découpage en tableaux et une scénographie soignée résultant d’options esthétiques qui jouent sur les contrastes. La tension dramatique est maintenue et les effets de surprises produits sur le public fonctionnent. Le chorégraphe mobilise les corps – espace proche, espace de déplacement – avec un certain goût du mystère. Le choix des directions et des orientations dans l’espace scénique tire partie des qualités acrobatiques en présence.

Dans ce spectacle, Aurélien Bory réaffirme son intérêt pour l’écriture hybride. Les techniques comme celle de la pyramide humaine alliées à la dimension spirituelle – le sens de la fusion dans la mystique du soufisme – qui font la force de la troupe marocaine, ne sont pas utilisées en tant que telles. Elles apparaissent comme des signes du langage que développe Aurélien Bory. La technique prend du sens, elle est le chemin conduisant à une disponibilité motrice. La dimension de la gravité entre dans un processus physique et psychique. Il en est de même pour les champs attractifs de pesanteur qui s’exercent sur les corps physiques et s’observent également dans le poids des dominations véhiculées par certains messages.

« Ce n’était pas écrit d’avance que les descendants de la famille Hammich, qui forme des acrobates depuis sept générations au cœur de la médina de Tanger, rencontrent un jour l’art contemporain et portent un regard différent sur leur pratique. Je suis heureux qu’Azimut aille dans le sens de leur non-assignation à un rôle déterminé d’acrobate, ou de Marocain », souligne Aurélien Bory.

Si Azimut présente toutes les qualités d’un spectacle plaisant au regard, la recherche s’aventure sur le chemin de l’expérience narrative interculturelle. La dimension poétique délivre des messages non transparents qui motivent l’imaginaire en suggérant des thèmes comme la condition des femmes, ou la jeunesse. La structuration interne et externe du temps, semble se rapporter aux changements politiques et religieux. Cette mise en suspension ouvre la voie à l’abstraction. Et dans le champ de l’indétermination qui se répand, le spectateur occidental se trouve renvoyé à ses propres questionnements. A découvrir.

JMDH

Ce soir à 20h, Opéra Berlioz au Corum, Montpellier. Renseignements au 0 800 600 740

Source : La Marseillaise 04/02/2014

Voir aussi : Rubrique Danse,