8ème
Dans un quartier de Montpellier un piano dans la nuit joue les nocturnes de Chopin sans interprète. Cela ne provient pas d’une grille de programmation classique, on est à la ZAT, la huitième, qui se déroule dans le quartier Malbosc. Des surprises,la zone artistique temporaire nous en a gravé un paquet depuis son premier opus en 2010.
A raison de deux éditions par an, la manifestation nous invite à ré-explorer notre univers urbain, secteur par secteur. Quartier à l’identité forte comme lors la dernière édition aux Beaux Arts, ou quartier neuf et en devenir comme Port Marianne ou encore Malbosc qui est né il y a dix ans et compte déjà 5 000 habitants. « Le mot Malbosc signifie mauvais bois, un endroit où les terres sont difficilement cultivables, peut-être une superstition car il est devenu un éco-quartier avec cinquante jardins familiaux », explique le directeur artistique Pascal Le Brun Cordier qui définit le thème des ZAT à l’issue de multiples pérégrinations dans les quartiers pour les mettre en récits.
Enquête sur l’ordinaire
Le format varie en fonction du contexte. Chaque ZAT donne lieu à différentes enquêtes – ethnologique, poétique, architecturale et humaine – à partir desquelles s’érige la ligne artistique. Les recherches, toujours longues visent au surgissement de l’infra-ordinaire cher à Perec, le contraire de l’extra-ordinaire. Pour décrire et rendre compte du quotidien d’un quartier, de ce qu’il se passe chaque jour du banal, du commun, de l’ordinaire, n’est-il pas de meilleur moyen que de confier cela à des artistes ? « A Malbosc, le projet des urbanistes est intéressant, la moitié du quartier se constitue d’un parc préservé de 33 hectares en partie aménagé et en partie sauvage. La ZAT ne plaque pas les projets. Elle les greffe à ce qui préexiste. » La manifestation se tiendra dans cet espace méconnu des Montpelliérains où la ville s’oublie. Beaucoup d’inédites surprises ponctuent la programmation qui s’articulera autour de la nuit de 20h à 7h du matin. Un pari risqué.
Papillons de nuit
« La nuit crée la surprise, souligne le directeur artistique, c’est inédit et rare pour des projets culturels. La nuit ouvre un territoire poétique hautement désirable. Elle s’est métamorphosée depuis les romantiques passant du lieux d’effroi et de chaos à celui du senti, de la face cachée de l’âme, coloré d’une énergie singulière.»
L’événement les réjouit, mais il n’est pas réservé aux noctambules. La ZAT s’adresse à l’ensemble de la population dans toute sa diversité. Les artistes veilleront comme des guetteurs, ils diffuseront des images, des notes, des mots et contes, ils se feront relais de ferventes étoiles et de curieux extra-terrestres. On pourra les suivre toute la nuit, s’assoupir d’un lourd sommeil dans les transats prévus à cet effet ou ne fermer qu’un oeil en restant disponible à l’éveil onirique. « C’est une invitation à vivre une expérience. inoubliable, les enfants sont les bienvenus. » La ZAT, c’est un autre regard, une autre façon de révéler et décaler la ville, de la vivre !
JMDH
Programme : zat.montpellier.fr
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