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Au cinéma, le moment du nu n’est jamais un moment comme les autres. Il s’accompagne, de façon grave ou ludique, solennelle ou enjouée, du sentiment diffus de franchir une frontière, un point de non-retour de la représentation. Epreuve pour l’acteur, dont elle expose l’image la moins protégée qui soit, la nudité représente pour tout cinéaste cet instant de vérité révélateur de son art comme de sa manière. » Montre-moi comment tu filmes le nu, je te dirai quel cinéaste tu es « , pourrait-on lui dire, infailliblement. Le traitement du nu témoigne également des rapports qu’une civilisation (un pays, une idéologie) entretient à un moment de son histoire avec ses tabous, ses refoulements ou ses seuils de tolérance. L’étudier revient donc aussi à dresser l’inventaire d’un siècle d’évolution des mentalités et de subversion des valeurs, vu par le prisme ou le trou de la serrure de ses fantasmes et de ses inhibitions. Livre d’un gai savoir, considérant à la fois Carl Th. Dreyer et Russ Meyer, Marco Ferreri et Jess Franco, un tel ouvrage n’avait pas d’équivalent. Du Bain de la Parisienne à Basic Instinct en poussant par Monika, Mademoiselle Strip-Tease et Sal?, des classiques du burlesque aux plus navrants des nudies et du documentaire aux romans-pornos de la Nikkatsu, du Brésil à la Scandinavie et de Betty Boop à Madonna, de dévoilements en évitements et de prête-corps en ribambelles, de cinéastes pudiques, privilégiant aux ébats sous la couette la nudité en gros plans des mains et des visages, en boucaniers rentre-dedans de la sexploitation, dont on trouvera ici, pour la première fois, la véridique histoire, une encyclopédie du nu au cinéma visite les grands modèles culturels, parcourt tous les genres, observe la nudité dans toutes ses postures, sous toutes les coutures, et dessine une étonnante géographie du corps. A sa manière, elle constitue une première qui aborde une face encore vierge du massif-cinéma. Alain Bergala. Né à Brogmoles (Var). Après dix ans d’activité aux Cahiers du cinéma comme critique, rédacteur en chef-adjoint et directeur de collection, il partage son temps depuis 1983 entre la réalisation, l’écriture et la transmission – dans les trois cas – du cinéma qu’il aime. Cite plus volontiers MacLaine que Marlene et Riz amer que Marienbad. Jacques Déniel. Né en 1953 à Brest. Dirige depuis 1985 le Studio 43 de Dunkerque où il a crée, en 1987, les Rencontres cinématographiques. On lui doit les premières rétrospectives intégrales des films de Kiarostami, Tomes, Monterio. Cite plus volontiers Georges Bernonos et Sonic Youth que Louis Aragon et Peter Gabriel. Patrick Leboutte. Né en 1960 à Berchem-Sainte-Agathe. Peut le prouver. Critique itinérant, il épuisa les médias les plus divers. Directeur de collection aux éditions Yello Now, il a coordonné Cinémas du Québec / Au fil du direct et Une encyclopédie des cinémas de Belgique (avec Guy Jungblut et Dominique Païni). Il enseigne à l’Insas de Bruxelles. Cite plus volontiers Claudio Chhiappucci et le petit Zérard que Gérard Holtz et les pots d’échappement Midas.