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D’où provient le mouvement des juifs libéraux ?
Le mouvement des juifs libéraux est apparu après la révolution française à la fin du XVIIIe siècle. Il s’est propagé en Allemagne où il a connu un essor important et ensuite dans les pays anglo-saxons. C’est aujourd’hui le mouvement juif religieux le plus important dans le monde bien qu’il soit minoritaire en France. On compte une dizaine de synagogues à Paris et autant dans le reste de la France.
Ces offices se tiennent-ils en français ?
Nous alternons entre l’hébreux et le français. Les textes sont lus en hébreux et suivis d’une traduction en français.
Comment se traduit votre volonté d’actualisation ?
Le mouvement juif libéral veut s’ancrer dans la vie moderne et tient compte des évolutions de la science. Pour les mariages, on applique plus facilement les conversions que chez les orthodoxes. Ma propre épouse n’est pas juive. Elle ne s’est jamais convertie puisque, à l’époque, il n’y avait pas de possibilité. Nous avons des enfants que nous avons élevés dans la religion et nos enfants n’ont pas eu de conversion à faire puisque la transmission chez les juifs libéraux se fait autant par le père que par la mère. Les valeurs des juifs libéraux sont ancrées dans l’esprit des lumières et dans la séparation de l’église et de L’Etat et notamment la loi de 1905 sur la laïcité.
Cette mise en question des pratiques concerne-t-elle les textes ?
Nous suivons tous les textes sacrés en affirmant qu’ils ont toujours évolué avec le temps et ne peuvent rester figés. Nous nous distinguons aussi à travers notre volonté d’ouverture vers les autres communautés, tout en affirmant notre refus du communautarisme.
Quel sont les points de crispation avec les autres communautés juives ?
Depuis notre création, nous avons de très bonnes relations avec le Centre communautaire juif de Montpellier (Crif) dont nous faisons partie. Nos différends tournent essentiellement sur la place des femmes et la transmission de la judaïcité. On se retrouve plus facilement sur les formes d’expression culturelle du judaïsme. C’est le cas aujourd’hui avec toutes les communautés autour de la commémoration de la Shoah qui ne fait pas proprement partie de la religion.
Quelle place accordez-vous à l’État d’Israël ?
Nous sommes d’abord des juifs qui sommes très attachés à la République française. Et nous sommes évidemment rattachés à Israël à travers les prières comme nous sommes viscéralement attachés à notre pays mais nous ne nous donnons pas de droits d’ingérence dans la politique d’Israël. Nous sommes ouverts à toute discussion sans nous calquer à la politique d’État. Mais nous sommes attachés à Israël comme les Palestiniens sont attachés à la création d’un État et à la survie de leur peuple.
Quel regard portez-vous sur les tragiques événements à Gaza ?
S’il y avait eu des manifestations rassemblant des organisations palestiniennes et israéliennes, portant un message exclusivement en faveur de la paix, nous aurions pu y assister. Mais dans certains cas, celles-ci étaient violemment opposées à Israël. Nous souhaitons la paix et la création d’un Etat pour la Palestine et pour Israël.
Quel regard portez-vous sur la conférence de l’Onu sur le racisme à Genève ?
S’il n’y a pas de dérapage, c’est intéressant. Si on répète Durban 1 ce sera dommageable
Est-ce que politique de la chaise vide est une solution ?
Je ne suis pas en mesure de vous répondre. Je demande un joker…
Recueilli par Jean-marie Dinh
Photo David Maugendre
Voir aussi : Rubrique livre : Etre juif après Gaza,