Spectacles
« Tempête sous un crâne » d’après Les Misérables. Mise en scène Jean Bellorini
Inventivité narrative
L’Adaptation au théâtre d’un roman comme Les Misérables, est à la fois un pari sur le succès que l’on peut toujours escompter des grands idéaux romantiques et le risque de se planter sur un monument littéraire. La mise en scène de Jean Bellorini donnée au Printemps des comédiens, déjoue en partie ces pièges en soumettant le récit à une belle inventivité narrative. La jeunesse et la personnalité respectée des comédiens apportent de la fraîcheur. Les acteurs ne jouent pas, ils racontent une belle histoire.
Dans la première partie, on suit le parcours de Jean Valjean. Les états d’âmes du bagnard au grand cœur, brisé par la structure sociale résonnent avec la misère contemporaine. Les sobres interventions de deux musiciens nourrissent la trame poétique du texte. La gestion de l’espace joue efficacement avec le vide en renforçant l’importance du vivre ensemble. Dans la même idée, les personnages évoluent souvent dans un même corps et d’une même voix, ce qui affermit paradoxalement la solitude de leur existence.
La première phase de la seconde partie qui pose les jalons de l’idylle contrariée de Marius et Cosette est un peu plus confuse. Suit l’épisode de l’insurrection républicaine de 1832 où le plaidoyer social se perd dans le lyrisme des héros de barricades. La durée du spectacle (3h30) ne joue pas en faveur de cette adaptation sincère et pétillante.
JMDH
Spectacle donné à Sortie Ouest les 13,14 et 15 octobre 2011.
« Le quai des oubliés » par les allumés de la troupe Dromesko
Tout est possible
Ce spectacle pourrait être un intermède joyeux offert par la SNCF à sa clientèle mécontente, ou un remake contemporain d’En attendant Godot où l’on aurait remplacé la symbolique de l’arbre par le quai d’une gare.
Qu’est-il censé se passer entre quatre voyageurs qui attendent un train quand celui-ci n’arrive pas ? Confiée aux foutraques Dromesko, cette situation entraîne les spectateurs dans une vertigineuse aventure. On commence par des petits détails indiquant l’exaspération pour finir dans un foutoir des plus incongrus. Le tout entrecoupé de grands moments de solitudes… La troupe des Dromesko nous perd avec fracas dans l’œil du cyclone ferroviaire avec cet art singulier qui fait sa marque de fabrique. Celui d’ouvrir la porte à la poésie, et à l’inventivité après avoir balayé notre plat et incertain désir de sécurité. Voyages voyages…
JMDH
Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Festival, Jean Varela « rassembler autour d’un projet artistique », Guillaumat l’Homme qui rit,