Pour
Richaud, auteur au talent méconnu, est un enfant du Sud et de la Provence. Il naît en 1907 à Perpignan, passe une partie de son enfance à Nîmes, fait ses études à Aix et meurt à Montpellier en septembre 1968. L’écrivain n’a pourtant rien d’un auteur du terroir. » La ville de mon enfance, je n’ai jamais su son nom. Elle est en moi comme un amas de maisons anonymes, de squares que je ne peux appeler du fond de mon souvenir. C’est pour cela que lorsque je vous entends tous parler de celle qui vous a vus petits, mes yeux deviennent vides, un peu luisants de larmes ; regard tourné vers quelques syllabes qui se refusent. » Un court essai sur Delteil lui vaut les sympathies de l’écrivain qui soutient son premier roman la Douleur, paru en 1930. Son œuvre, surtout romanesque l’Amour fraternel, La fontaine des lunatiques, déconcerte par l’obsession du crime qui y fait jour. Malgré le soutien de Camus et Cocteau, on le considère comme un marginal, sa nonchalance et son penchant pour l’alcool n’arrangent rien. Reflet parcellaire, démontre brillamment Yvan Mécif, qui s’aventure au pays inconnu de l’inspiration. Ironie du sort ou vertu de l’équivoque, c’est un récit paru en 1965 sous le titre Je ne suis pas mort qui vaut à Richaud son retour à l’avant scène. Dans son refus de l’autre comme dans l’impuissance qu’il met en lumière Richaud écrit : » Adieu les autres ce n’est pas le moment d’être hypocrite chacun de mes mouvements vous inonde de mort allez-vous en allez-vous en que je vous voie longtemps ne plus penser à moi. » Loupé.