Une aventure littéraire qui touche

Maupin Connu comme l’un des chefs de file de la nouvelle génération des auteurs gays, l’écrivain américain Armistead  poursuit son curieux destin. Au début, ses chroniques décrivaient le terrain des expériences sexuelles et amoureuses dans le San Francisco des années 70 et 80. Elles ont évolué des pages d’un journal local vers six romans à succès et de nombreuses adaptations télévisées.

L’effet Maupin, c’est un peu comme si la maison bleue de Maxime Le Forestier se décrochait de sa colline idyllique pour s’ancrer dans le quotidien loufoque et profond des habitants de San Francisco. Dans le récit, auquel il vient de donner suite, ses personnages crèchent au 28 Barbary Lane. Le lieu mythique des Chroniques de San Fransisco, (six volumes vendus à des millions d’exemplaires) sert de théâtre à toute une galerie de personnages dont l’extravagance ne doit rien à la fiction.

Dans le dernier volume qui vient de paraître, on retrouve Michael Tolliver. Homosexuel un peu déglingué, qui après de nombreuses tentatives malheureuses, avait formé un couple avec le gynécologue de son amie lesbienne. Vingt ans plus tard, les années sida sont passées par-là. L’homme d’âge mûr porte un regard de survivant sur son entourage. Par moments, on frise la conscience ontologique. Le cadre de l’action n’a rien du plat du jour à 8,90 euros sans café, ni dessert. Sur la carte variée de l’écrivain, figure l’obsession, la quête d’amour, les orientations sexuelles plus ou moins assumées, le regard des autres, et d’autres légères complications…

Maupin décrit les membres d’une société marginale avec saveur. C’est drôle et grave, comme quand les êtres humains s’efforcent de donner un sens à leur vie. Quand la vie dérape, le passé remonte mais l’émotion reste quelque part, intacte, nous dit l’auteur. La force narrative des grands écrivains américains alliée au pouvoir d’attraction des talk show, fait mouche.

 » Michael Tolliver est vivant « , éditions de L’Olivier, 21 euros.

Armistead Maupin

Photo : DR