Poison
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Les nouvelles révélations de Libération confirment que le laboratoire Servier avait bien érigé le mensonge et la manipulation en modèle économique. Sinistre manière de transformer des poisons violents en machine à cash ; de multiplier les écrans de fumée pour masquer le rapport entre les médicaments et des patients qui décèdent ; de faire taire ceux dont les doutes, puis les certitudes, menaçaient le chiffre d’affaires. Comme si le Mediator ne suffisait pas, c’est désormais le Protelos qui fait scandale : là encore des effets secondaires potentiellement ravageurs, là encore la manipulation de l’information, là encore des morts suspectes passées sous silence. Chez Servier, seul le cynisme se concevait dans une chimie d’une telle pureté. A côté du dysfonctionnement total de la chaîne censée empêcher les empoisonneurs de vendre leurs inventions sur ordonnance, une autre question reste entière : Servier est-il un mouton noir au milieu de blanches brebis ou un laboratoire qui a poussé à l’extrême, au-delà de toute mesure, de toute raison, des «logiques» et des processus communs à l’industrie pharmaceutique ? Espérons que le double scandale du Mediator et du Protelos permette enfin de fissurer les murailles qui entourent un secteur dont seuls des romanciers, de Le Carré à Boyd, ont su imaginer la potentielle nocivité. A ce stade, l’enquête judiciaire sur Servier démontre que la réalité est parfaitement en phase avec la fiction.
Voir aussi : Rubrique Affaire, Guerre mortelle aux kilos superflus, rubrique Société, Santé, Derrière les morts du Médiator, rubrique Editions, Charles Kermarec, l’éditeur que le Médiator a failli couler, On line, D’autres scandales sanitaires