Une redécouverte musicale de l’univers de Max Rouquette

Le Rimbaud sur l’herbe que Max Rouquette* nous invite à quitter regarde loin dans la vallée, le chemin blanc. Le chemin , longue couleuvre endormie au beau milieu du songe des rouvières. Ces mots du grand poète occitan sont emprunts d’une grande force qui plonge dans le crépuscule d’une époque. Ils sonnent comme un adieu au monde rural d’autrefois. On les retrouve dans le beau coffret intitulé Rasim de Luna (Raisin de Lune) que vient d’éditer l’association Amistats Max Rouquette. Sous la houlette du clarinettiste Laurent Audemard qui avait rendu il y a deux ans à l’Opéra Comédie un vibrant hommage à l’écrivain, la célébration musicale de l’œuvre de Rouquette en occitan prend une nouvelle forme.

Ce ne sont pas moins de vingt et un poèmes qui viennent d’être mis en musique avec la participation des Manufactures Verbales, Jakès Aymonino, Jean-François Tisner, Nadine Gabrard, Marie-Anne Mazeau, le saxophoniste et flûtiste Henri Donnadieu, la contrebasse de Guillaume Séguron et le batteur percussionniste Denis Fournier. Un voyage plein d’émotion entre  musique traditionnelle, jazz et poésie.

Aux antipodes d’une approche folklorique figée, les artistes qui ne renient aucunement leurs racines semblent s’être laissés entraîner.  Portés par l’envoûtement des mots, (récités par Roland Pécout et François Fava) de la mélodie préexistante propre à la langue de Rouquette, faites d’évocations, d’odeurs naturelles, et de rites mystérieux, ils en restituent une création moderne et soutenue.

Jean-Marie Dinh

* Max Rouquette (1908-2005), est né à Argelliers, petit village des garrigues languedociennes, dans l’arrière pays montpelliérain dont il a célébré la splendeur solaire et douloureuse.

Rasims de Luna, Buda Music  disponible chez les disquaires.

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