Un petit livre très beau de Marie Rouanet paru aux éditions Albin Michel. Son titre, Trésors d’enfance, ne trompe pas sur la marchandise. Après s’être intéressée de près à la provenance des protéines animales qui finissent dans nos assiettes dans Mauvaises nouvelles de la Chair, l’auteure biterroise se penche cette fois sur ce qui a réjoui le cœur de son enfance. De courts textes, simples, mis bout à bout qui constituent le grand univers des petits riens, celui du bonheur de l’enfance. Un espace onirique, pas dénué d’espiègleries s’ouvre avec le mode d’emploi en prime. Du noyau d’abricot dont il faut percer le flan pour en faire un sifflet » au mot magique de l’enfance Cul ! » que l’on prononce avec malice pour désigner le fruit du géranium, la nature est omniprésente. Ce parcours surprenant dans l’exploitation enfantine de la botanique régionale évoque les chants poétiques de Lucrèce.Avec ses mots, Marie Rouanet prend le temps de redessiner l’espace épicurien où nos yeux s’étonnent à chaque nouveau regard. Gardez le papier d’argent de vos chocolats, lissez-le soigneusement, nous conseille Marie Rouanet, glissez-y des compliments et autres bonnes surprises de votre invention et offrez-les. » Le bruit courait que si nous arrivions à en posséder un kilo, notre fortune serait faite, car nous ne doutions pas que ce papier fût du métal mais son poids presque inexistant décourageait nos désirs de fortune. «
Jean-Marie Dinh
Trésor d’enfance , éditions Albin Michel 12,9 euros