La plus longue grève de l’audiovisuel depuis 1968 s’est achevée mercredi.
Les salariés d’iTélé ont voté mercredi la fin de leur grève historique de 31 jours, sans obtenir de concessions majeures de la part de la direction du groupe Canal+. « Nous sommes restés unis, nous avons livré un bon combat pour l’honneur, mais le conflit s’arrête car nous manquons de troupes fraîches », reconnaît un des journalistes. « Nous avons rempli notre mission en trouvant un compromis, » se félicite quand même Antoine Genton, de la SDJ d’iTélé. « Nous sortons de ce conflit éreintés et meurtris, mais la tête haute », ont déclaré les grévistes dans un communiqué, après avoir mis fin au mouvement de grève le plus long de l’histoire de l’audiovisuel privé.
A l’issue de cette grève, au moins 30 personnes devraient quitter la chaîne info du groupe Vivendi. Ils le feront non pas en actionnant la clause de conscience, non sécurisée juridiquement, mais par le biais d’un accord collectif assurant un dédommagement minimum de 6 mois pour les plus récentes recrues. Les conditions financières ont été améliorées par la direction depuis le début de la grève. Chaque départ sera remplacé, dit Canal.
Après l’intervention des ministres de la Culture et du Travail, les grévistes ont notamment obtenu la nomination d’un directeur délégué à l’information. Mais il sera nommé par la direction sans que la rédaction ne se prononce et sera sous la responsabilité du patron de la chaîne Serge Nedjar, qui reste donc directeur de l’information alors que les journalistes demandaient que les deux directions soient dissociées.
Le comité d’éthique de la chaîne sera reconstitué d’ici la fin de l’année et une charte éthique sera rédigée d’ici à quatre mois, promet la direction. Mais c’est ce que prévoit déjà la nouvelle loi sur la liberté des médias d’ici au mois de juillet. Les journalistes pourront également refuser de travailler pour l’émission de Jean-Marc Morandini, dont l’arrivée a déclenché la grève, mais ils n’ont pas obtenu le départ de l’animateur controversé, mis en examen pour « corruption de mineur aggravée ».
A l’occasion d’un déjeuner avec l’Association des journalistes média (AJM), Maxime Saada, le DG de Canal, a expliqué qu’iTélé perdait de l’argent depuis sa fondation, « même en 2011 et 2012 si on enlève une subvention intragroupe de Canal d’environ 10 millions d’euros », a-t-il assuré. Il a noté que, « paradoxalement », la grève aurait un coût limité pour le groupe puisque la chaîne est en perte. Canal n’a pas encore de business plan pour le retour à l’équilibre d’iTélé, qui a un budget de 60 millions d’euros mais seulement 35 millions de revenus. L’idée est cependant de rester une chaîne d’infos brutes, pas de magazines. Le groupe veut que la chaîne se distingue de ses trois concurrentes en s’appuyant sur les forces de Canal (le sport, la culture, le cinéma…), a dit Maxime Saada. Il ne s’agit pas « de reprendre des images de Canal mais d’exploiter le savoir-faire journalistique du groupe dans ces domaines », a-t-il ajouté.