Danse.
rapport entre intime et cosmos. Les 21 et 22 janvier à l’Opéra Comédie.
Monument incontesté de la danse contemporaine notamment en France où elle a joué un rôle majeur de passage entre la danse contemporaine américaine et française, Carolyn Carlson. Artiste mythique dont le répertoire compte plus de cent chorégraphies, auteur de poésie, de dessins et calligraphies, Carolyn Carlson répond avec enthousiasme à l’invitation de Montpellier Danse. Elle présentera cette semaine sa nouvelle pièce Now mercredi et jeudi à l’Opéra Comédie.
Carolyn Carlson poursuit depuis quatre décennies une trajectoire propre. Le style Carlson est tourné – dès les premiers pas aux côtés d’Alwin Nikolais son mentor – vers une chorégraphie emprunte de spiritualité et de poésie. Désormais libérée de sa mission à la tête du CCN de Roubaix, Carolyn Carlson a créé en 2014 la Carolyn Carlson Company composée de sept interprètes fidèles rompus à sa méthode de travail. Elle renoue ainsi avec les recherches et un formidable désir de transmission animée d’une force intense de vie. Dévoilée au Théâtre de Chaillot en novembre dernier, Now inaugure deux années de résidence à Paris après les neuf ans à Roubaix.
Poétique de l’espace
Cette création s’inspire du livre du Gaston Bachelard, La poétique de l’espace. Dans cet ouvrage, le philosophe situe son message entre le dedans et le dehors, le dedans qui témoigne de l’aspiration humaine à la sécurité y est représenté par la maison, le nid, l’abri, la coquille… Une série de lieux que la chorégraphe fait habiter corporellement par ses danseurs mais aussi par leurs songes car la relation avec le dehors, est pensée dans un rapport dialectique entre Maison et Univers .
« Le texte de Bachelard parle du temps, de l’espace, du mouvement perpétuel, comme il parle de l’intimité, de nos vie dans nos espaces et dans la nature » souligne Carolyn Carlson dont l’art privilégie le mouvement comme véhicule du sens. Pour franchir la frontière et partir en union avec le cosmos, Carolyn Carlson a recours au langage poétique comme mode de transmission d’un état présent qui se transforme. La structure de la pièce présente un équilibre remarquable entre le temps intime où se mêle indistinctement passé présent et avenir et le temps absolu. Le facteur humain se réduit parfois à un élément théâtral. Au fil des tableaux, les imaginaires se libèrent. Les différents espaces signifiés s’effacent en laissant surgir de nouvelles traces. La musique de René Aubry renforce l’invitation à la rêverie. Scéniquement la pièce est très ancrée dans une démarche qui part de l’expérience intérieure et matérielle en explorant symboliquement les moindres recoins de nos habitations. Elle s’échappe aussi dehors pour aller vers un ailleurs et revenir, enrichie par nos découvertes.
JMDH
Voir aussi : rubrique Danse, rubrique Montpellier,