Pour
Une centaine de collaborateurs planche à travers le monde sur l’histoire encyclopédique des mathématiques, de l’aube de l’humanité au XXIe siècle. Le tome 1 d’une série qui en comptera quatre est consacré aux lieux et aux temps de cette aventure humaine. Il présente le récit des centres historiques à partir desquels a rayonné la science des nombres, de Babylone à Oxford, en passant par Princeton et Athènes.
Une des vertus premières, presque religieuse, des mathématiques est de lever tous les doutes. « Elle nous conduit à cette connaissance, nous y prépare en purifiant l’œil de l’âme et en enlevant les obstacles que les sens mettent à la connaissance de l’universalité des choses » soutient le philosophe néo-platonicien Proclus de Lycie (412-486). A travers l’histoire, cet art serait celui qui reflète en permanence le combat pour accompagner la recherche de vérité. Et qui la cultive toujours : « à un degré tel qu’elle n’admette non seulement rien qui soit faux, mais aussi rien qui ne soit seulement probable, et enfin rien qui n’ait été confirmé et corroboré par les démonstrations les plus certaines », souligne le directeur de recherche au CNRS Michel Blay dans la préface.
On apprend que les termes de science et de mathématique furent longtemps synonymes. Ce qui ouvre un espace de réflexion sur le concept actuel de la science, souvent réduit à la dimension technique et utilisé dans une dimension très éloignée de l’horizon de vérité pour répondre aux enjeux de pouvoir. L’ensemble des articles de ce premier volume retrace l’histoire de cette science majeure. Un livre de référence dans lequel on découvre comment, où et quand les mathématiques se sont instituées en ouvrant une liberté et une autonomie à la pensée.
Jean-Marie Dinh
La mathématique Tome 1, CNRS éditions 1000 p, 89 euros.
Voir aussi : rubrique Livre, Lewis Caroll, Gatti