Revue
Une semaine après la résolution onusienne prévoyant une opération militaire au nord-Mali, une réunion élargie destinée à planifier cette éventuelle intervention se tient aujourd’hui à Bamako. Et la presse malienne en attend beaucoup.
C’est « une rencontre de toutes les chances pour notre pays », lance ainsi Le Républicain, qui fait grand cas de la présence à Bamako de Nkosazana Dlamini-Zuma, la nouvelle présidente de la Commission de l’Union africaine. Pour quotidien malien, le Mali « apprécie à sa juste valeur la volonté affichée de Mme Zuma de faire de la question malienne une priorité ».
Mais avant toute intervention, la communauté internationale « doit s’atteler à dissiper un certain nombre d’équivoques et arrêter avec les complaisances », prévient Le Challenger.
D’abord, énumère le journal bamakois, l’ONU doit « avoir le courage » de mettre à l’index les pays qui « fournissent, financent ou accordent du matériel militaire, l’entretien logistique, des bases arrières aux groupes islamo-terroristes et alliés ».
Le Challenger cite ainsi « des monarchies du Golfe, en l’occurrence l’Arabie Saoudite et le Qatar ». Lesquels, accuse le journal, « sont essentiellement à la base de l’invasion du nord » du Mali. Voilà pourquoi, poursuit-il, les puissances occidentales « doivent cesser d’instrumentaliser ces pays pour alimenter la subversion là où elles la désirent à des fins géopolitiques ou géostratégiques ».
Et puis, ajoute Le Challenger, « l’Algérie doit faire le ménage chez elle, car c’est elle qui a créé le Mnla de toutes pièces avec le concours des services extérieurs français sous Sarkozy afin de combattre Aqmi ».
L’Aurore ne dit pas autre chose. « Quelle indélicatesse, quel manque de tact, quelle grossièreté de la part d’un Etat si sourcilleux sur son indépendance, sa souveraineté, qu’il n’aurait jamais toléré de personne une telle attitude vis-à-vis d’elle », dénonce le journal malien, qui affirme que l’Algérie, « en intelligence avec le MNLA et Ansar Eddine a conscieusement planifié et entretenu la déstabilisation qui a cours » au Mali.
La position de l’Algérie dans la crise malienne et son évolution, c’est aussi ce que scrute Le Pays au Burkina-Faso. Le journal prédit que l’Algérie « va être encore plus conciliante avec la vision de la France, si l’on considère les échos favorables de la reconnaissance par François Hollande du massacre de manifestants algériens à Paris en 1961 ». Voilà pourquoi, estime le quotidien ouagalais, en relançant la coopération avec Alger à travers cette reconnaissance, le président français « instaure aussi des relations de confiance avec le pays de Bouteflika dans la gestion du dossier malien ».
Mali : le dilemme de Bamako
Cette réunion de Bamako suscite aussi des attentes dans la sous-région, comme en France. Deux exemples :
– En Afrique, le site internet Guinée Conakry Info qualifie cette réunion de « cruciale ». Le journal en ligne évoque notamment la nouvelle destruction au bulldozer de mausolées à Tombouctou. Selon Guinée Conakry Info, les occupants du nord-Mali « entendent ainsi envoyer le message selon lequel ils sont plutôt prêts. Que l’option militaire qui pourrait être entérinée à Bamako ne les effraie aucunement ». Voilà pourquoi, complète le journal guinéen, les participants à la réunion de Bamako ne devront pas se cantonner « dans les grandes, mais stériles déclarations, de bonnes intentions. L’urgence dicte que l’on passe à l’action. Parce que pour les victimes, le problème est réel et se décline en privations de libertés, en amputations, en flagellations et en assassinats extrajudiciaires ».
– En France, L’Humanité estime que Bamako est « entre préparatifs de guerre et négociations ». Le quotidien communiste français souligne donc la persistance d’une possible sortie de crise négociée, en ligne avec les positions de l’Algérie. Dans la résolution prise vendredi dernier par le Conseil de sécurité des Nations unies, c’est surtout la « distinction entre groupes terroristes et groupes armés avec lesquels il serait possible de négocier qui satisfait l’Algérie », souligne L’Humanité.
Mali : enfants de la patrie
Mais à la veille de cette réunion, deux-mille personnes ont protesté dans les rues la capitale malienne. Manif contre ce projet d’intervention qu’ils qualifient d’« étrangère », note SlateAfrique, qui relate le film de cette manifestation « dite patriotique », laquelle était le « témoin de la division du pays ». Comme l’a constaté sur place le site internet, les manifestants qui ont défilé hier ont exhorté le gouvernement malien à confier « à la seule armée malienne la responsabilité de déloger du nord les organisations islamistes ».
Revue de presse RFI le 19/10/12