Edouard
Edouard Philippe, a été nommé, lundi 15 mai, à Matignon par Emmanuel Macron (En marche !). Ce petit-fils de docker, diplômé de Sciences Po et énarque (promotion Marc-Bloch), a commencé à militer au Parti socialiste (PS), tendance Rocard, durant ses années d’études avant de se rapprocher de la droite. Il y a d’ailleurs côtoyé à cette époque, dans les rangs des jeunes rocardiens, un certain Alexis Kohler, aujourd’hui secrétaire général de l’Elysée.Il était l’un des piliers de l’équipe de campagne d’Alain Juppé lors de la primaire de la droite. Il doit présenter son gouvernement aujourd’hui.
En 2001, il rejoint l’équipe municipale du maire du Havre, Antoine Rufenacht, qui lui passera le témoin en 2010. Mais c’est dans l’ombre d’Alain Juppé, qui l’a fait venir comme directeur général lorsqu’il prend la présidence de l’UMP à sa création, en 2002, qu’il va prospérer. De là date une fidélité à tous crins. Il était un des piliers de l’équipe de campagne du maire de Bordeaux à la primaire de la droite.
Edouard Philippe a défendu le projet de réformer le code du travail dès l’été par ordonnance, comme l’a proposé Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle :
« Nous avons un droit du travail très lourd en France, il ne protège pas beaucoup les salariés. Il y a un grand nombre de chômeurs, il faut donc faire quelque chose, on ne peut pas ne rien faire. »
Une nomination détonante dans la logique d’un président disruptif qui veut casser les clivages et renouveler la classe politique. Le chef de l’Etat a-t-il lu la chronique d’Edouard Philippe, le 19 janvier dans Libération, où ce dernier le décrivait en homme « qui n’assume rien, mais promet tout avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier » ?
Le président voulait un fin connaisseur de l’Assemblée nationale, à même de piloter une majorité composée en partie de néophytes de la société civile. «Il faudra qu’il ou elle ait une forte expérience de l’art parlementaire et de la capacité à gouverner», martelait le candidat pendant la campagne. Ce n’est pas tout à fait le cas. Député depuis 2012, Édouard Philippe n’a pas le CV d’un vieux routier du Parlement.
Les premiers mots du nouveau Premier ministre. lors de la passation de pouvoir avec Bernard Cazeneuve : «Les Normands sont certes modérés, ils sont parfois conquérants. Vous êtes complètement normand, et moi aussi. J’ai été heureux de voir que la République vous avait confié des responsabilités. Je suis un homme de droite, ce qui ne vous surprendra pas.Cher Bernard Cazeneuve, merci, et comme on dit chez moi au Havre : bon vent !».
Voilà donc l’homme, de droite, chargé de mener la bataille contre son ancienne famille politique, les Républicains, pour les élections législatives.
Source : Le Monde, Le Figaro, AFP