Danse.
L’événement culturel Battle of the year qui distinguera aujourd’hui à l’Arena les meilleurs Crew (équipes) de breakdance de la planète a rayonné toute la semaine sur la cité. Jeudi le Théâtre des Treize Vents accueillait le spectacle de deux compagnies s’étant naguère distinguées dans la compétition mondiale pour une soirée dédiée à la création.
S’il peut paraître surprenant de voir les Bboy lustrer le plancher du hall de Grammont en tournant sur leur tête, c’est tout naturellement que la manifestation intègre la programmation de Montpellier Danse centrée sur les chorégraphes contemporains. Rien d’étonnant à cela, puisque l’univers du hip hop est désormais communément admis dans le réseau national de création et de diffusion chorégraphique. Kader Attou, le directeur artistique et chorégraphe de la compagnie Accrorap a succédé à Régine Chopinot à la tête du Centre chorégraphique national de La Rochelle en 2008. Le CCN de Créteil a été confié au danseur chorégraphe issue du hip hop, Mourad Merzouki, en 2009. Et le pôle Pik, centre chorégraphique entièrement dédié à la création et à la diffusion du hip hop a été inauguré l’année dernière dans la banlieue lyonnaise. L’arrivée en force du hip hop dans le champ chorégraphique, dit en crise de la représentation, ne manque donc pas d’intérêt.
Hip hop et représentations
Cette soirée consacrée à la création a donné l’occasion d’observer la nature de cette confrontation, car on le sait, la reconnaissance institutionnelle correspond rarement à un mariage d’amour.
Avec la pièce Sadako, Valentine, chorégraphe d’origine japonaise de la Cie Uzumaki, replonge au plus profond de sa culture. Elle organise la dramaturgie de ses solos en convoquant l’esthétique du butô et les esprits qui hantent les vieilles légendes nippones. Nappé de mélodies enfantines, la bande musicale allie le souffle inquiétant des machines, au son entêtant des instruments traditionnels. Les mouvements maîtrisés de breakdance se figent dans de curieuses postures évoquant d’étranges créatures. L’usage de pliage d’origami comme seul élément du décor, confère une solennité à l’espace dépouillé et tient lieu de volumes modulables qui orientent les mouvements de la danseuse. La pièce qui synthétise d’improbables composants culturels ouvre un autre espace temps.
Avec Second souffle les huit Bboy de la compagnie Pockemon, champion du monde du Boty 2003, « se confrontent au principe féminin ». La pièce s’articule autour de tableaux successifs entre le groupe d’hommes et la danseuse contemporaine Sandra de Jesus. Le spectacle qui fait appel à l’humour est plaisant. Prisonniers de leur mâle attitude, les danseurs en deviennent attendrissant. Ici, il ne s’agit pas de s’affranchir de l’étiquette banlieue mais d’en pousser les traits pour le théâtraliser à l’américaine. On passe du meilleur, genre : Usual suspects, au pire exemple de la mauvaise comédie musicale, type fleur bleue.
Présenté comme transversal, le travail de création autour de la breakdance*, pose question quand il quitte un lieu commun pour en rejoindre un autre. Mais l’énergie du hip-hop, peut aussi agir comme un puissant levier. La part de révolte contenue dans la breakdance est un outil pour aller à la rencontre de l’autre et notamment de nouveaux publics.
Jean-Marie Dinh
* La breakdance n’est évidemment pas la seule concernée.
Voir aussi : Rubrique Danse, Battle Of The Year 2011,
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Pourquoi pas ?
Mais c’est un peu court…
you suck