Accord a minima en vue au G20

Les Etats-Unis ont affiché ouvertement leur discorde sur la question des changes.

Les dirigeants du G20, réunis en sommet à Séoul, s’orientaient vendredi vers la conclusion d’un accord limité permettant de réduire les tensions, notamment entre les Etats-Unis et la Chine, sur les changes et les déséquilibres économiques.

Les progrès des discussions sont « très encourageants », a déclaré un haut responsable américain à la presse, à quelques heures de la clôture de la réunion. Le communiqué final, attendu pour 16 heures, va « réduire quelque peu la pression et les tensions que nous avons vues » et décevoir ceux qui prédisaient que le sommet allait s’achever sur un constat de divisions, a souligné ce responsable, sous couvert d’anonymat.

Le texte devrait être assez semblable, mais sans doute plus fort, que le communiqué adopté lors de la réunion des ministres des Finances du G20 fin octobre à Gyeongju (Corée du Sud), a-t-il précisé. « D’une certaine manière, le langage sera plus fort », a-t-il souligné. Les ministres des Finances s’étaient engagés à éviter toute dévaluation compétitive et à favoriser des taux de change davantage déterminés par le marché.

Les discussions pour rapprocher les points de vue à Séoul ont été particulièrement difficiles. Elles ont duré jusqu’à 3 heures vendredi entre négociateurs des dirigeants du G20, selon le porte-parole du sommet. « La Chine se montre très difficile dans la phase d’adoption des textes », a indiqué jeudi soir un haut responsable européen, sous couvert d’anonymat. Hôte du sommet, le président sud-coréen Lee Myung-Bak en a appelé à la responsabilité de chacun. « Nous apprécierions que tous les pays fassent des concessions », a-t-il déclaré avant la première réunion vendredi matin.

Yuan

La chancelière allemande Angela Merkel avait laissé entendre la veille que l’accord s’annonçait comme un compromis limité entre les pays à fort excédent commercial, dont l’Allemagne ou la Chine, et les pays fortement déficitaires, comme les Etats-Unis, qui ont affiché ouvertement leur discorde. Plus question de fixer des objectifs chiffrés, comme le réclamaient les Etats-Unis. « Il y a maintenant une option largement acceptée prévoyant que nous examinions plutôt les indicateurs structurels », comme les facteurs démographiques ou la législation du travail dans chaque pays, avant de se prononcer sur les déséquilibres, a assuré Angela Merkel. Les ministres des Finances du G20 seront chargés de travailler en ce sens, a-t-elle précisé.

Le président américain Barack Obama avait de son côté indiqué mercredi que le communiqué final du sommet ferait référence à des « mécanismes », qu’il n’a pas détaillés, devant permettre « d’identifier et d’encourager une croissance équilibrée et durable ». Le président chinois Hu Jintao a pour sa part présenté à ses homologues un plan en quatre points dont l’objectif est d’assurer une croissance mondiale « forte, durable et équilibrée ». Il s’était engagé jeudi devant Obama à continuer sur la voie d’une réévaluation du yuan, réclamée avec insistance par Washington. Mais, a-t-il averti, cela ne pourra se faire que dans un « environnement extérieur favorable » et de manière progressive.

Berlin, Pékin et d’autres capitales ont accusé les Etats-Unis d’égoïsme en faisant tourner la planche à billets, via l’injection de 600 milliards de dollars supplémentaires, favorisant ainsi la faiblesse du dollar au détriment de leurs économies. Cette politique vise à « stimuler la croissance » aux Etats-Unis « mais aussi à l’étranger », a rétorqué jeudi Obama. La veille, il avait déjà assuré qu’une forte reprise américaine était « la meilleure contribution » que les Etats-Unis pouvaient faire à la croissance mondiale.

AFP

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