Un obus dans le cœur de Wajdi Mouawad.

Debout face à la mort de sa mère

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Guillaume Séverac-Scmitz. photo dr

La question de l’identité qui est au coeur de l’oeuvre de Wajdi Mouawad se pose dans le spectacle Un Obus dans le coeur, actuellement sur la scène du théâtre des Treize Vents*. L’obus c’est la force de la narration que porte Guillaume Séverac-Scmitz qui interprète et met en scène ce monologue de feu.

Le coeur, c’est ce qui reste et ne parvient pas à brûler avec tout le reste. C’est la force de création de transformation, la pompe infernale qui nous maintient encore debout, semble nous dire l’auteur. La mise en scène frontale s’appuie sur la musique conçue par le metteur en scène. Elle propulse le spectateur au centre de l’action en jouant sur les rythmes qu’alimentent en permanence les flux d’énergie du personnage.

Ceux d’une jeunesse, incontrôlable qui s’affranchit librement du périmètre de la bienséance « Ma mère meurt, elle meurt la salope, et elle ne me fera plus chier. » Une jeunesse qui se cherche, se trompe, s’épuise, mais garde l’oeil vif sur ce qui se passe et s’enrage de la fuite des autres. Il faudrait prendre de la distance, mais quelle distance face à la guerre ? Quelle distance face à sa mère qui meurt là devant nos yeux…

Avec ce texte de Mouawad on est humains en direct et on amasse un peu de cette émotion qui envahit l’espace. De l’éruption de mots à l’intimisme des situation, la pièce s’offre sans temps mort, le répit vient de la création. Au sortir de l’épreuve, la libération se trouve dans l’accomplissement pictural. Envers et contre toute cette merde, juste pour exister.

JMDH

* Théâtre des 13 Vents jusqu’au 9 novembre.

Voir aussi : Rubrique Théâtre,

 

Festival d’Avignon : La force artistique

Vincent Baudriller, directeur du festival d’Avignon a répondu à l’invitation du Printemps des Comédiens pour nous entretenir de la manière dont il a conçu son rôle au côté d’Hortense Archambault. Répondant aux questions de l’universitaire Gérard Lieber, le directeur est revenu sur les partis pris de la programmation depuis 2004. Ceux-ci participent des principes fondateurs du festival posés par Jean Vilar : celui d’un lieu de création qui  s’adresse à un large public.

Mots de circonstance qui prennent toute leur force dans la capacité de saisir leur temps démontrée par les deux directeurs. Le pari de la création s’affirme ainsi à travers la remise en question de leurs propres convictions en complicité avec les artistes associés issus de différentes origines et pratiques artistiques. Thomas Ostermeier en 2004, Jan Fabre en 2005, Josef Nadj en 2006, Frédéric Fisbach en 2007, Valérie et Romeo Castelluci en 2008, Wajdi Mouawad en 2009, Olivier Cadiot et Christoph Marthaler en 2010, la liste des artistes est parlante, elle révèle le goût du risque et celui de la confrontation incarnés cette année par le chorégraphe Boris Charmatz.

L’autre axe prioritaire concerne le désir de convier le spectateur dans l’aventure artistique de la modernité en lui réservant un espace. L’école d’art d’Avignon est à cet effet devenu le foyer des spectateurs pour échanger et penser un théâtre d’idées où l’art renoue avec sa dimension symbolique et solidaire. Le temps démontre que les spectateurs sont prêts à jouer le jeu. Le jour de l’ouverture de la billetterie, 30 000 places ont été vendues. Signe concret et réjouissant d’une énergie artistique nouvelle qui déconstruit l’individualisme en faisant lien entre l’intime et la dynamique collective.

Jean-Marie Dinh

Le Festival d’Avignon se tient cette année du 6 au 26 juillet .

Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Festival,  Jean Varela,  rubrique Danse, Boris Charmatz : danse des ténèbres,