Allemagne : le camp Merkel panse ses plaies après une sanction électorale

 
 Par Yannick PASQUET 
  
  BERLIN, 5 sept 2011 (AFP) – La coalition gouvernementale d’Angela Merkel pansait ses plaies lundi après un nouveau vote sanction pour les conservateurs et une débâcle des libéraux dans l’Etat régional de la chancelière allemande.

Dans le Land du Mecklembourg-Poméranie antérieure les chrétiens-démocrates (CDU) de Mme Merkel n’ont recueilli que 23,1% des suffrages dimanche, soit un recul de 5,7 points par rapport au scrutin de 2006, selon des résultats officiels provisoires.

Le Parti libéral (FDP), avec lequel il gouverne l’Allemagne depuis deux ans, subit une nouvelle humiliation. Avec seulement 2,7% des suffrages, il est éjecté du Parlement régional de Schwerin. C’est la quatrième fois cette année qu’il ne passe pas la barre des 5% nécessaires pour avoir des députés régionaux.

Le parti du ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle fait même moins bien que les néo-nazis du NPD (6%) dans ce land pauvre d’ex-RDA, situé le long de la Mer Baltique et de la frontière polonaise.

Mme Merkel était attendue à 11H30 GMT pour commenter devant la presse ce qui ressemble à une série noire. Au cours de cette « super année électorale » marquée par sept scrutins régionaux, la CDU a perdu deux territoires au profit de l’opposition fédérale social-démocrate (SPD) : Hambourg et surtout le Bade-Wurtemberg où elle a dû passer la main après plus de 50 ans de règne dans cette riche région du sud-ouest.

A l’exception de la Saxe-Anhalt dont elle a gardé les commandes, la droite a été sanctionnée dans cinq régions. Et Berlin, le 18 septembre, ne saurait la consoler car dans la ville-Etat traditionnellement de gauche le maire SPD Klaus Wowereit à l’issue du dernier scrutin de l’année.

Le parti d’Angela Merkel paie notamment la facture du mécontentement populaire lié à la crise de l’euro. De nombreux Allemands se montrent déçus par la manière dont la chancelière a géré cette crise.

« Nous sommes dans une situation où les gens sont très inquiets concernant la crise en Europe (…) et ils veulent un gouvernement en qui ils peuvent avoir confiance, qui manifeste du calme et qui sache où il va. Or, ce n’est pas ce que fait Mme Merkel », a souligné Andrea Nahles, la secrétaire générale du SPD, sur la chaîne de télévision ntv.

Toutefois, relativise pour l’AFP le politologue Gerd Langguth, « ces scrutins régionaux sont un peu comme les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Traditionnellement les partis au pouvoir y subissent des pertes ».

Le chercheur, qui est également le biographe de la chancelière, estime que la personnalité sans charisme du candidat local de la CDU a aussi joué un grand rôle dans ce revers.

Pour lui, le recul de la CDU devrait « se confirmer » au cours du scrutin berlinois dans deux semaines mais aussi l’an prochain dans la région du Schleswig-Holstein, seul rendez-vous électoral de poids avant les élections législatives de 2013.

Plus inquiétant pour la chancelière, le FDP « doit maintenant se battre pour sa survie », relevait le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung.

De son côté, le SPD est sorti vainqueur avec 35,7% des voix, en progression de 5,5 points. Un score qui va lui permettre de continuer à gouverner au niveau régional avec la CDU dans une « grande coalition » ou de s’allier à la gauche radicale Die Linke (18,4%), traditionnellement forte dans les ex-régions communistes de RDA.

Il pourrait aussi décider de former une alliance avec les Verts. Avec 8,4% des suffrages, les écologistes disposeront désormais d’élus dans le « Meck-Pom ». Pour la première fois de leur histoire, ils sont maintenant représentés dans les 16 parlements régionaux du pays.

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