Primaire de la gauche : comment les chiffres du scrutin ont été manipulés

CHIFFRE MAGIQUE DU PS !

CHIFFRE MAGIQUE DU PS !

Le Parti socialiste se perd en explications sur le taux de participation. Quelques calculs simples prouvent bien qu’il y a eu une manipulation de ce chiffre.

28% C’est le chiffre magique qui montre bien comment la haute autorité de la primaire a manipulé le nombre de participants du premier tour, dimanche 22 janvier. Il est assez facile à établir :

Voici une capture d’écran des résultats tels qu’ils apparaissaient sur le site de la primaire lundi à 0 h 45 :

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Et voici ceux que donne le même site lundi dans la matinée :

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On le voit, les pourcentages restent quasi identiques (à 0,1 point près pour Sylvia Pinel), mais le nombre de voix n’est plus le même : précisément, il y en 352 013 de plus.

Un ajout de 28 % pour chaque candidat

Comment est-il possible d’augmenter le nombre de voix sans modifier la répartition de celles-ci ? C’est toute la question. Nous avons calculé rapidement combien chaque candidat a gagné de voix :

En clair, les 352 013 voix ont été réparties à quasi-égalité (à quelques décimales près) entre tous les candidats, ne modifiant donc qu’à l’extrême marge les résultats constatés à 21 heures. Ce qui serait sinon impossible, du moins très fortement improbable, naturellement.

Alors d’où vient le problème ? Christophe Borgel, président du comité d’organisation de la primaire, interrogé par Libération, parle d’un « bug » :

« Il y a eu un bug, rien de plus. Et c’est un peu de ma faute. Il y avait beaucoup de pression autour du niveau de participation. J’ai demandé à ce que les résultats soient actualisés au plus vite. Et, effectivement, on a appliqué au nouveau total de votants les pourcentages de la veille. »

Selon l’explication de M. Borgel, les organisateurs se sont donc contentés de prendre le nouveau score de votants avec les 352 013 voix supplémentaires, de calculer que cela représentait une progression de 28 %, et donc de donner à chaque candidat 28% de voix en plus. Ce qui revient à reconnaître que ces chiffres ont bien été manipulés.

Gonflage de chiffres, hasard statistique, ou incompétence ?

Mais cette explication peut-elle suffire ? En réalité, il y a trois possibilités :

  • Première hypothèse : les voix ont été décomptées, et par un miracle statistique de l’ordre d’une chance sur mille, elles se sont réparties presque exactement comme les précédentes en ne modifiant en rien les scores de chacun. Peu probable.
  • Deuxième hypothèse, fermement démentie par M. Borgel : ces voix n’existent pas, c’est un ajout artificiel pour gonfler la participation. Mais pourquoi l’avoir fait entre minuit et 10 heures du matin, alors que l’attention médiatique n’était plus dans les chiffres de participation mais sur le résultat ?
  • Troisième hypothèse : le Parti socialiste (PS) a donc ajouté 352 013 voix entre minuit et 10 heures du matin, c’est établi. Mais ces voix existent-elles réellement ? Si oui, cela signifie qu’à minuit le PS n’avait à sa disposition qu’un total de voix, sans leur répartition, et qu’il restait donc 352 013 bulletins non dépouillés. Ce qui n’aurait toujours pas été fait, puisque les chiffres n’ont pas varié depuis ce matin.

C’est l’hypothèse qu’invoque M. Borgel auprès du Monde. Il assure que, lundi matin, il a demandé une actualisation du seul chiffre de participation, mais qu’en ajoutant celui-ci, le tableau a automatiquement donné nos fameux 28 % supplémentaires à chaque candidat.

Si on croit la parole de M. Borgel, qui plaide sa « totale transparence », la haute autorité aurait donc communiqué à minuit une répartition provisoire des voix par candidat, puis aurait commis une erreur en « actualisant » le seul chiffre de participation, ce qui aurait automatiquement ajouté des voix (en même proportion) aux candidats. Ce nombre de voix erroné serait ensuite resté en ligne toute la journée sur le site de résultats de la primaire, sans que rien ne soit fait pour – par exemple – mettre la page hors ligne, ou y ajouter un message prévenant que ces chiffres sont faux.

Une réponse insuffisante

Ce qui pose d’autres questions : d’une part, cela signifie que la tableur utilisé par le PS avait une formule pour répartir automatiquement un nombre total de votants par candidat en fonction du score (en pourcentage) de ceux-ci. Mais la logique voudrait l’inverse : que ce score en pourcentage soit le résultat du calcul. Or dans ce qu’explique M. Borgel, les résultats en voix sont fonction des résultats en pourcentages.

Ensuite, dans ce cas, pourquoi ne pas avoir corrigé ces chiffres, en ligne depuis plusieurs heures ? M. Borgel assure qu’il attend désormais « d’avoir le maximum de bureaux validés pour ne pas repartir dans une nouvelle polémique », et refuse de communiquer les chiffres en nombre de voix avant que ceux-ci soient validés – alors que le site des résultats affiche bien des nombres de voix non validés depuis hier soir.

Surtout, comme l’explique Libération, des corrections ont eu lieu à la marge pour modifier à plusieurs reprises le score de Sylvia Pinel, et ce durant la journée. Il aurait été possible de modifier les scores de cette dernière, mais pas la page ?

Reste que près de vingt-quatre heures après le vote, impossible de connaître le score de chacun des candidats en nombre de voix, ni même, de fait, leur score définitif. Ce qui ouvre la voie à tous les soupçons.

Samuel Laurent

Source Le Monde Les Décodeurs 23/01/2017

 

COMMENTAIRE

Affligeant et stupide

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Ce n’est pas une première au PS. Côté cuisine, on sait de longue date que la saveur de la tambouille socialiste a souvent tenu aux épices ajoutées et on se doit de préciser que ces pratiques sont assez largement partagées par les partis politiques français. Etrangement cette question n’a jamais vraiment soulevé l’intérêt des médias qui préfèrent généralement protéger le système que de défendre la démocratie. Mais dans le cadre d’une primaire ouverte et dans le contexte politique particulièrement difficile où se trouve le parti socialiste français, Ce « nombre de voix erroné » est une nouvelle erreur politique majeure, et un signe de mépris consommé pour tous les citoyens, ceux de gauche en particulier.

Il serait certes injuste de considérer d’emblée  tous les candidats individuellement responsables de cette malversation démocratique mais il est édifiant d’analyser leur réaction. Benoît Hamon a commenté le retard de publication des chiffres sur France 2 : « Pour un grand parti, être en situation de ne pas pouvoir confirmer 24 heures après l’élection, les chiffres de la participation pose problème« . Face aux soupçons de manipulation, Manuel Valls a appelé « les électeurs, les socialistes –ils sont pas venus suffisamment nombreux–, à venir, à être fiers, à revendiquer une gauche qui assume les responsabilités, qui veut gouverner, (…) une gauche qui assume avec fierté ce qu’elle fait. Moi j’attends surtout de la clarification, que le résultat de dimanche prochain –c’est le plus important– ne souffre d’aucune contestation« , sic.

Pour les hommes d’appareil tout va semble t-il rentrer dans l’ordre mais l’hémorragie qui touche la démocratie se poursuit…

JMDH

Voir aussi : Actualité France Rubrique Politique, AffairesSociété ,CitoyennetéJustice,

Loi travail : la bataille de l’article 2 au PS

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« Peut-être qu’il faut toucher à l’article 2 » du projet de loi travail sur certains points, a déclaré le ministre des finances, Michel Sapin, jeudi 26 mai. Quelques minutes après, le premier ministre, Manuel Valls, assurait que le gouvernement « ne touchera [it] pas à l’article 2 ».

La cacophonie perdure au sein de la majorité. Déjà, la veille, le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, s’était montré favorable à cet article clé de la réforme du code du travail, avant de se faire recadrer par le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, puis par M. Valls. Des fausses notes qui illustrent les voix discordantes au sein même du Parti socialiste.

1. La version actuelle, préférée par le gouvernement

Que dit ce fameux article 2 ? Alors qu’actuellement, un accord d’entreprise ne peut pas être « moins-disant » pour les salariés que l’accord de branche (sauf exceptions), l’« exposé des motifs » du projet de loi explique que « la primauté de l’accord d’entreprise en matière de durée du travail devient le principe de droit commun ».

Autrement dit, dans le domaine de la durée du travail (nombre maximum d’heures quotidiennes et hebdomadaires, temps de repos, congés payés, etc.), l’accord d’entreprise peut être « moins-disant » que l’accord de la branche d’activité. Cette primauté s’exercerait « notamment en matière de fixation du taux de majoration des heures supplémentaires, où la priorité est donnée à l’accord d’entreprise, et non plus à l’accord de branche ».

Les opposants au texte dénoncent ainsi une véritable « inversion de la hiérarchie des normes ». Et prennent l’exemple des petites structures sans représentation syndicale forte, où le patron pourra, selon eux, imposer des conditions de travail drastiques sans opposition.

Décryptage :   Loi travail : quelle est cette « inversion de la hiérarchie des normes » qui fait débat ?

Concrètement, dans le projet de loi, adopté le 12 mai après que le gouvernement a engagé sa responsabilité contre un vote unique sur tout le texte, l’article a pris la formulation suivante :

« Une convention ou un accord d’entreprise ou d’établissement ou, à défaut, une convention ou un accord de branche peut… »

Le « à défaut » souligne, dans cette formulation, le caractère secondaire de l’accord de branche. Les commissions paritaires des branches, instance rassemblant des représentants syndicaux et patronaux des entreprises du secteur, pourront toutefois donner un avis, chaque année, dans le cadre d’un « bilan des accords collectifs d’entreprise » – cette mesure ne figurait pas dans l’avant-projet de février et a été ajoutée au cours de la discussion.

2. Ce que veulent changer les députés socialistes

Bruno Le Roux s’est montré favorable, le 25 mai, à un avis « a priori » de la branche vis-à-vis des accords d’entreprise, et non un avis « a posteriori », comme prévu actuellement. Il a repris un amendement (n° 5042) formulé le 10 mai par le rapporteur du texte, Christophe Sirugue, qui avait pour but de convaincre certains frondeurs de voter le projet de loi. Ces derniers auraient refusé, et la mesure n’a pas été retenue par le gouvernement dans le texte qui a finalement été adopté.

C’est bien cet amendement que les députés socialistes souhaitent voir adopté en seconde lecture. Il prévoit que les commissions paritaires des branches examinent, avant leur signature, les accords d’entreprise « en matière de durée du travail, de repos ou de congés ». « A défaut d’un avis rendu par la commission dans un délai d’un mois, l’accord est réputé avoir été examiné », mentionne-t-il, sans préciser si l’avis est contraignant (l’entreprise doit le respecter) ou non.

Bruno Le Roux a également suggéré une modification quant aux modalités de paiement des heures supplémentaires. « Laisse-t-on leur paiement à l’appréciation d’un accord d’entreprise, ou fait-on en sorte qu’il corresponde à ce qui avait été discuté dans l’accord de branche ? », s’est-il interrogé.

 

3. La version des frondeurs PS

Le député PS des Hauts-de-Seine Jean-Marc Germain a déposé, pour le groupe des élus socialistes opposés au texte, plusieurs amendements réinscrivant la primauté de l’accord de branche sur l’accord d’entreprise :

  • Dès l’article 1er : « Les conventions et accords d’entreprise ne peuvent comporter des dispositions moins favorables aux salariés que celles des accords de branche, qui elles-mêmes ne peuvent être moins favorables aux salariés que celles des lois et règlements en vigueur. » (amendement n° 1392)
  • Article 2 : « La convention, ou accord d’entreprise ne peut être que plus favorable aux salariés que l’accord de branche et l’accord de branche ne peut être que plus favorable aux salariés que les lois et règlements en vigueur » (amendement n° 1393)

Et systématiquement, pour chaque disposition, la formulation « un accord de branche, ou, à défaut, une convention ou un accord d’entreprise ou d’établissement » – la mention « à défaut » soulignant cette fois-ci la primauté de l’accord de branche.

En résumé : les différentes versions de l’article 2 de la loi travail parmi les socialistes

  • dans la version actuelle, l’accord d’entreprise prime dans les questions touchant à la durée du travail et les branches peuvent donner un avis a posteriori sur les accords d’entreprise ;
  • dans la version des députés PS, l’accord d’entreprise prime mais les branches peuvent donner un avis a priori sur les accords d’entreprise ;
  • dans la version des frondeurs, l’accord de branche prime.

Alexandre Pouchard et Nicolas Chapuis

Source Le Monde 26/05/2016

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Société, Travail, Mouvements sociaux, Intermittents retour au front, Négociations explosives,  rubrique Politique, Politique Economique, On line Loi travail : quelle est cette « inversion de la hiérarchie des normes » qui fait débat ?  , Cacophonie dans la majorité sur l’article 2 du projet de loi travail ,

Mascarade électorale au Congo : la France « s’exprime à sa façon »

A Paris, on fait mine de ne pas approuver, mais sans condamner, et en maintenant la coopération, y compris militaire.

Après avoir imposé une nouvelle Constitution sur mesure pour le dictateur et avancé le scrutin, le clan présidentiel a coupé le pays du monde en imposant une suspension des télécommunications au moment du premier tour, le 20 mars, et les jours suivants. Rien que cette mesure aurait dû provoquer une pluie de condamnations internationales, tant il était prévu que le parti-État entendait annoncer une victoire du dictateur-candidat dès le premier tour. Si les États-Unis ont timidement dénoncé cette mesure liberticide, la France officielle a à nouveau brillé par son silence.

Langue de bois

Lors de son point presse du mardi 22 mars, le Quai d’Orsay s’est contenté de signaler que « ce scrutin s’est déroulé dans un contexte préoccupant, en raison notamment de la coupure des communications », ajoutant cyniquement que « la France, qui fait preuve de vigilance, rappelle son attachement à la transparence et à l’équité du processus électoral à toutes ses étapes ». La belle affaire ! Même l’agression de 3 journalistes français (du Monde et de l’AFP) et la confiscation illégale de leur matériel et de leur passeport par des policiers en civil, à la sortie d’une conférence de presse de l’opposition à Brazzaville le 23 mars, n’a pas infléchi la langue de bois diplomatique. Le 24 mars, le même Quai d’Orsay a en effet précisé que l’ambassadeur de France au Congo était « immédiatement intervenu auprès des autorités afin que leurs effets leur soient restitués sans délai, (…) et que toute la lumière soit faite sur cet incident » ? sans oublier la rengaine : « La France rappelle son attachement, partout dans le monde, à la liberté d’expression et à la liberté de la presse ». Et que pourraient faire de plus les autorités françaises, mon bon monsieur  ? Visiblement pas suspendre la coopération de défense, au titre de laquelle des militaires français « conseillent » et « forment » les forces de l’ordre congolaises (cf. Billets n°251, novembre 2015). Sans surprise, le 24 mars, les autorités congolaises annonçaient des « résultats partiels  » selon lesquels Sassou Nguesso serait élu au premier tour avec 67 % – un résultat relayé sur le champ sur Twitter par i-télé, dont le tweet a été immédiatement et abondamment retweeté par les faux comptes mis en place par le pouvoir congolais et ses communicants, afin de donner force de vérité médiatique à une annonce grotesque.

Au PS, dissidence sans impertinence

Comme lors du référendum frauduleux sur la modification constitutionnelle, le Parti socialiste a condamné le 25 mars, par la voix de son Secrétaire national à l’International, Maurice Braud, ce coup de force. Une prise de position appréciée par l’opposition congolaise, en mal de soutien international. Mais comme lors du référendum, le PS s’est bien gardé de demander à l’exécutif français de prendre des mesures concrètes comme le gel des avoirs de certains membres du clan ou la suspension de la coopération militaire. Le même jour, les cinq principaux candidats usurpés ont pour leur part, dans un communiqué commun, appelé à la désobéissance civile (avec une première journée « villes mortes » le 29 mars) et demandé à la communauté internationale la suspension de toute coopération. Depuis, ils se retrouvent de facto en liberté surveillée ou sont dans la clandestinité, comme le général Mokoko, dont plusieurs membres de l’équipe de campagne ont été arrêtés, d’autres se cachant comme lui – mais jusqu’à quand ? A partir du 25 mars, les décomptes organisés par l’opposition sont venus contredire largement les chiffres de la commission électorale officielle – présidée par un proche du ministre de l’Intérieur congolais (Lettre du Continent, 23/03). Empêtré dans la politique intérieure française (abandon de la réforme constitutionnelle, contestation massive de la réforme du Code du travail), François Hollande, on le devine, continuera sa stratégie faite de silences et de demi-phrases  : il « ne donnera donc pas son sentiment dans l’immédiat. L’information est confirmée à l’Elysée : le président veut attendre la fin du processus et l’examen des recours pour réagir » (Rfi.fr, 26/03).

 

Le problème, c’est les autres

Jean-Marc Ayrault, invité Afrique de RFI le 31 mars, a à sa manière parfaitement résumé la situation. Alors que la journaliste Anne Cantener relève que la France « n’a pas parlé ouvertement d’irrégularités lors du scrutin, ce qu’ont fait par exemple les États-Unis  », et demande « comment expliquer cette différence de ton ? », le ministre des Affaires étrangères élude : « Chaque pays s’exprime à sa façon ». Et d’asséner les éléments de langage de l’Elysée, sur une posture générale pleine d’enfumage mais sans application concrète : « Ce qui est sûr c’est que la France n’est pas favorable à ces modifications constitutionnelles permanentes qui ont pour objet de maintenir au pouvoir un chef d’État qui est là depuis des dizaines et des dizaines d’années. Ce n’est bon pour aucun pays. Il y a des pays je pense au Burundi, à la République démocratique du Congo qui sont tentés par des réformes constitutionnelles de même nature. On voit bien que cela crée des troubles, de la tension et des dangers. Il faut vraiment que, dans tous ces pays, la raison démocratique l’emporte ». On aimerait qu’à Paris aussi la raison démocratique l’emporte et, par exemple, que la France suspende enfin sa coopération militaire.


par Alice Primo

 

Note. Cet article a été rédigé juste avant que n’aient lieu, à Brazzaville, des affrontements à l’arme lourde entre l’armée congolaise et un groupe armé (accusé par le pouvoir d’être lié à la milice dite « des Ninjas » de l’opposant surnommé Pasteur Ntumi), puis une répression militaire particulièrement violente dans la région du Pool.

Fin avril, on ignore toujours l’ampleur des exactions commises par l’armée congolaise dans cette région considérée comme un fief de l’opposition. Du fait de la coopération militaire française avec le Congo, Paris a pourtant la possibilité d’être parfaitement informée sur la situation. Les autorités françaises ont donc le devoir d’une part de divulguer les informations en leur possession, et d’autre part de condamner enfin ce coup d’État électoral en prenant des sanctions concrètes, telles que le gel des avoirs financiers des responsables congolais et la suspension immédiate de toute coopération militaire avec cette armée criminelle.

Source : Survie Publié le 23 avril 2016 (rédigé le 2 avril 2016)

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Afrique, Congo Brazzaville, rubrique Médias,

Elections régionales : la gauche de la gauche se range derrière le Parti socialiste

4827324_6_2239_emmanuelle-cosse-eelv-et-pierre-laurent-pcf_07e204a11f7335c8735021d0f7941eecMalgré les profondes divisions et des résultats très décevants au premier tour des élections régionales, la gauche de la gauche – Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), le Parti communiste, le Parti de gauche – constitue un réservoir de voix crucial pour le Parti socialiste (PS) au second tour, dimanche 13 décembre. Les responsables socialistes et du gouvernement n’ont d’ailleurs pas manqué d’appeler à additionner les voix de gauche en vue du second tour. Cette addition peut aller jusqu’à la fusion des listes dès lors que cela était possible, c’est-à-dire pour les listes ayant obtenu au moins 5 % des voix. Un choix que les partis de la gauche alternative ont fait avec plus ou moins de facilité.

 

Dès dimanche soir, la secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, a appelé à « travailler à la fusion des listes de gauche et des écologistes au second tour ».

Selon elle, il faut « prendre toutes les mesures nécessaires pour contrer le Front national, y compris, s’il le faut, en se désistant pour le second tour ».

Chez les écologistes, la députée de Paris et ancienne ministre Cécile Duflot a également appelé à l’union dès les résultats connus : « Ce n’est plus un avertissement, c’est une punition. Il faut un rassemblement de la gauche et des écologistes. »

Fusion dans sept régions

 

En Ile-de-France, le rassemblement a eu lieu très vite. Dès lundi 7 décembre la tête des listes socialiste, Claude Bartolone, écologiste, Emmanuelle Cosse, et du Front de gauche, Pierre Laurent, sont parvenus à un accord pour contrer Valérie Pécresse (Les Républicains), arrivée en tête.

Des fusions de listes ont également été réalisées dans sept autres régions : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, en Pays de la Loire, en Rhône-Alpes Auvergne, en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, en Normandie, en Centre-Val de Loire et en Corse.

Arrivé largement en tête en Bretagne, le candidat du PS, Jean-Yves Le Drian, a refusé toute fusion. Et en Bourgogne-Franche-Comté, la candidate du PS, Marie-Guite Dufay n’a pas pu bénéficier de fusion avec les autres listes de gauche, Front de gauche et EELV ayant obtenu moins de 5 %. Ces dernières appellent cependant à voter pour la liste PS.

« Regroupements techniques »

Au Front de gauche, la méfiance est davantage de mise avant le second tour des régionales. Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a tenu à prévenir les socialistes pour la suite : « Dans ces listes, personne ne se rallie à personne. L’addition de ces listes est la seule manière d’empêcher la victoire totale de la droite et de l’extrême droite. »

La méfiance à l’égard des listes menées par la majorité socialiste est encore plus claire au Parti de gauche, où l’on se projette déjà au-delà du second tour, en 2017, pour la présidentielle. C’est ce que fait savoir notamment Eric Coquerel, interrogé par le Scan.

« Nous avons beaucoup hésité, beaucoup discuté, car le gouvernement et le PS assument des politiques de droite. Cette décision a été très dure à prendre, mais nous n’avons pas voulu laisser nos électeurs dans le flou »

« Nous demandons donc des fusions techniques, même si je préfère le terme de regroupement technique », poursuit-il.

De son côté, le chef de file du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s’est montré particulièrement discret depuis l’annonce des résultats. « Excédé » et déplorant une campagne « calvaire » avant même le premier tour, le député européen s’est contenté d’un post de blog avant de s’exprimer, mercredi 9 décembre, sur France Info, où il donnera son avis sur le second tour.

« D’ici là, c’est aux responsables des partis qui ont formé les diverses listes et mené cette campagne que revient la parole. Mardi soir seront déposées les listes du deuxième tour. On saura donc quelles consignes nous sont données. Dans ce moment, le mieux serait d’éviter les disputes publiques qui aggraveraient la débandade en cours. »

L’ancien candidat à la présidentielle 2012 tente pourtant de garder espoir : « N’oubliez jamais que le printemps revient toujours. Une affaire de patience. »

Source : Le Monde.fr avec AFP  08.12.2015

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Yanis Varoufakis déplore l’impuissance de la France en Europe

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L’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a déploré lundi l’impuissance de la France en Europe, qu’il dit avoir découvert avec surprise lors des négociations sur la Grèce.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a balayé ces remarques, expliquant qu’on ne pouvait pas à la fois souhaiter une bonne entente entre Paris et Berlin et reprocher à la France sa position lors de la crise grecque.

La veille, Yanis Varoufakis avait plaidé, aux côtés de l’ancien ministre français de l’Economie Arnaud Montebourg, pour une réorientation de la politique économique en Europe.

« J’admire beaucoup la France, or j’ai été témoin de son impuissance en Technicolor, j’ai constaté un décalage entre ce que ses représentants disaient et ce qu’ils faisaient », a dit Yanis Varoufakis sur BFM TV et RMC.

« C’était très douloureux pour quelqu’un comme moi qui pensait que la France pouvait être très influente au sein de la zone euro », a-t-il ajouté.

Yanis Varoufakis avait quitté le gouvernement d’Alexis Tsipras début juillet après avoir été le tenant d’une ligne dure dans les négociations européennes.

« Lors de mes conversations avec Messieurs Sapin et Macron, nous sommes tombés d’accord sur quasiment tout. Mais quand on se retrouvait aux réunions de l’Eurogroupe, cet accord s’évaporait », a-t-il poursuivi. « Pourquoi ? Parce que les représentants de la France ne croyaient pas disposer de l’autorité nécessaire pour décider. »

Le ministre des Finances Michel Sapin « avait de bonnes intentions », a précisé Yanis Varoufakis, mais l’influence de son prédécesseur Pierre Moscovici, devenu commissaire aux Affaires économiques, n’était pas suffisamment importante, a ajouté l’ancien ministre grec.

Interrogé sur ces déclarations, Jean-Christophe Cambadélis a répondu sur RTL : « ce n’est pas ce que dit monsieur Tsipras. »

« J’ai cru comprendre il y a quelques mois qu’on reprochait au président de la République de s’être éloigné de Madame Merkel et aujourd’hui on lui ferait le reproche de s’être aligné. Franchement, à un moment donné, il faut choisir ses angles d’attaque », a-t-il ajouté.

Jean-Baptiste Vey,

Source : Reuter 24/08/2015

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