« Faut jeter l’art dans la piscine comme les taureaux »

Ubu

Théâtre. La 15 éme édition du festival itinérant et pluridisciplinaire des Nuits de la Terrasse propose Ubu d’Olivier Martin Salvan, pièce drôle au pouvoir libératoire.

L’oeuvre Ubu roi, traduction de la fantaisie utopique de Jarry sied parfaitement à Olivier Martin Salvan. Le comédien salué par deux fois aux Molière 2014 et 2015 vient de créer Ubu à Avignon et sera l’invité des Nuits de la Terrasse et del Catet du 28 au 30 juillet au Domaine de Ravanès à Thézan.

« Je cherchais un texte court à monter pour une quinzaine de dates à Avignon dans 15 lieux différents, Olivier Py m’a suggéré de lire Ubu sur la butte. Une trés bonne idée qui correspond à ma recherche après le Pantagruel de Rabelais et Artaud. C’est de l’art brut, avec une écriture directe. Je crois qu’on a besoin d’une écriture de vie, d’inventivité

Ubu sur la butte, est une adaptation d’Ubu roi en deux actes montée par Jarry en 1901 au Quat’z’arts. « A l’origine c’est un spectacle de marionnettes car à l’époque Jarry ne voulait plus entendre parler des acteurs. Il faisait des performances, il a vécu selon le principe du plaisir. C’était un grand torrent sexuel. Moi je ne sais pas si je suis un grand torrent sexuel mais je suis un grand torrent de vie, » rire.

L’un des grand symbole de l’utopie de Jarry n’a t-il pas été la relation d’un «nous» collectif avec le pouvoir, une volonté d’en rire mais aussi d’affirmer la cruauté des puissants que partage aussi Olivier Martin Salvan. « Le rire est un bon partenaire. Il permet de fissurer la carapace, de lâcher prise, tout ce qu’on demande aux spectateurs. Avec Ubu, on sent la cruauté de l’auteur, son souffle qui vous saisit mais c’est un peu comme au cirque, après le funambule perché tout en haut qui fait monter l’adrénaline, arrivent les clowns qui expulsent la tension du corps

L’esprit Jarry conforte Olivier Martin, – Il préfère l’appellation chef de troupe ou capitaine d’équipe à celle de metteur en scène -, dans l’exploration de tous les possibles. Rien n’est sacré… Et surtout pas le sport qui sert de terrain de jeu à cette adaptation d’Ubu. Un monde brutal, dans une compétition violente où l’énergie physique prédomine, le trône est vécu comme un podium, et les nations s’affrontent.

Et la politique ? « Quand je parle en province de culture pour tous, peu de monde s’y inteéesse. Il m’arrive souvent de dire, on ne va pas jouer dans votre théâtre on va jouer dans votre salle des fêtes. Des fois, faut jeter l’art dans la piscine comme les taureaux. Quand ça marche, tout le monde est mouillé. L’utopie moi j’y crois très fort ! »

JMDH

Source : La Marseillaise 25/07/2015

Les nuits de la Terrasse

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