Edouard Philippe, un chef de gouvernement pas très « vert »

12485589image_defaut_3Ancien cadre d’Areva, le premier ministre a voté comme député contre les lois sur la transition énergétique et sur la biodiversité.

Le chef de l’Etat, qui n’a guère fait campagne sur les thématiques environnementales, s’est choisi un premier ministre, Edouard Philippe, lui-même peu sensible à l’écologie. Le maire du Havre (depuis 2010), diplômé de Sciences Po et de l’ENA, n’a pas vraiment manifesté, dans son parcours professionnel pas davantage que dans ses mandats électifs, d’attrait pour les questions environnementales.

Les ONG écologistes s’alarment de son passé – à leurs yeux de son passif – au sein du groupe Areva, alors fleuron du nucléaire français, dont il a été directeur des affaires publiques de 2007 à 2010. « Cette nomination est extrêmement inquiétante au regard des enjeux actuels, écrit le réseau Sortir du nucléaire. Aucune complaisance ne saurait être tolérée envers l’industrie nucléaire de la part de l’exécutif. Mais cette nomination d’un ancien VRP d’Areva laisse craindre le pire et en dit long sur l’intérêt d’Emmanuel Macron pour la transition énergétique. »

L’Observatoire du nucléaire, de son côté, affirme que chez Areva M. Philippe a eu pour activité principale de « s’assurer de la collaboration de parlementaires acquis au lobby de l’atome ». Et qu’à ce titre, il n’a pas été étranger, en 2008, à l’« accord signé entre Areva et le pouvoir du Niger concernant l’exploitation de l’uranium, accord immédiatement contesté par le Mouvement des Nigériens pour la justice ».

« Lobbyiste professionnel »

A l’Assemblée nationale, le député (UMP puis LR) de Seine-Maritime n’a pas brillé par son engagement pour l’écologie, quand il n’a pas œuvré contre. A l’unisson de sa famille politique, il y a voté en défaveur de la loi du 17 août 2015 sur la transition énergétique pour la croissance verte, de même que contre la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Sur l’épineux dossier du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il appelait à passer aux actes, dans une interview sur France Info en octobre dernier. Celui qui était alors le porte-parole d’Alain Juppé pour la primaire de la droite et du centre espérait « qu’on pourrait engager les travaux avant mai ou juin 2017 ».

« Je souhaite au premier ministre de réussir, mais je ne saute pas de joie à la nomination d’un homme qui a voté contre la loi sur la transparence de la vie publique, contre les lois en faveur de l’écologie, et qui est un lobbyiste professionnel », réagit la députée PS des Deux-Sèvres Delphine Batho, ancienne ministre de l’écologie, de juin 2012 à juillet 2013, dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Elle « ne garde pas souvenir d’intervention marquante » sur les questions environnementales de M. Philippe durant cette période, pendant laquelle il était pourtant membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale.

A cette époque, le maire du Havre avait suscité l’espoir, dans sa ville, de s’engager dans la voie de la transition énergétique. En 2011, un an après son accession à la mairie à la suite de la démission de son prédécesseur, il annonçait qu’Areva, son ancien employeur, allait implanter sur le port deux usines de fabrication de pales et de nacelles d’éoliennes offshore. Le projet s’inscrivait dans le cadre de l’appel d’offres du gouvernement pour développer l’éolien marin le long des côtes, avec notamment l’implantation de 600 turbines au large du Tréport et de Fécamp. Las, en 2016, Areva, confrontée à une crise économique sans précédent, se sépare de son activité dans l’éolien en mer, qu’elle cède à la société Adwen (Siemens-Gamesa). Les usines pourraient dorénavant retrouver des vents favorables alors que les permis de construire ont été déposés par le consortium en avril, dans l’espoir de déboucher sur la création de 750 emplois.

Une des dernières centrales au charbon

« Pour le reste, Edouard Philippe a fonctionné pendant sept ans avec un vieux logiciel productiviste tourné vers les énergies sales, juge Alexis Deck, le seul conseiller municipal havrais d’Europe Ecologie-Les Verts. Il m’a dit un jour : “Entre l’emploi et l’environnement, je choisirai toujours l’emploi.” Cela résume bien sa position, qui ne comprend pas que les deux peuvent aller de pair. » Une préférence qu’il l’a notamment conduit à défendre à tout prix la centrale au charbon de la ville, qui emploie 180 salariés, l’une des quatre dernières de France.

Alors que l’Hexagone s’était engagé à sortir de cette énergie fossile des plus nocives, lors de la conférence sur le climat de Paris en novembre 2015, le maire a fait pression auprès de la ministre de l’environnement avec les autres élus locaux, de gauche comme de droite, et les syndicats. Ils ont obtenu de Ségolène Royal qu’elle revienne sur sa décision de fermer le site en 2023 au lieu de 2035. « On a en a pris pour treize ans de charbon supplémentaires, alors que la centrale émet chaque année des milliers de tonnes de polluants atmosphériques », dénonce Alexis Deck.

Economie circulaire et zéro-phyto

Une critique que réfute Marc Migraine, l’adjoint au maire chargé de l’environnement, qui rappelle que « l’industrie a fait des progrès considérables pour limiter les émissions » et que « près de 200 millions d’euros ont été dépensés en 2014 et 2015 pour moderniser la centrale ». Pour lui, Edouard Philippe a compris que « le développement durable était un enjeu pour transformer l’image de la ville ». Au titre de ses réalisations, il cite la réduction des émissions de dioxyde de carbone de 3 % par an, la baisse de la consommation d’eau de 40 % en six ans, l’interdiction des produits phytosanitaires dans les jardins publics depuis 2013 ou encore un projet d’économie circulaire, avec la réutilisation de l’énergie résiduelle de la zone industrielle pour chauffer un quartier de 15 000 habitants.

« Son bilan est mitigé, juge malgré tout Annie Leroy, vice-présidente de l’association Ecologie pour Le Havre. Le maire, qui est aussi président de la communauté de communes, a amélioré le tri des déchets en nous dotant d’une centrale de tri performante. Mais il n’a pas développé les mobilités douces. » « Certes, il y a des nouvelles pistes cyclables, mais leurs trajets, leurs agencements, s’adaptent aux routes, et non l’inverse. Il n’est pas prévu de questionner l’usage de la voiture », regrette Stéphane Madelaine, du collectif Le Havre Vélorution. Si Edouard Philippe a inauguré deux lignes de tramway fin 2012, il s’agit d’un projet de son prédécesseur, Antoine Rufenacht, de même que pour la création des emblématiques jardins suspendus.

« Edouard Philippe a finalement eu peu de considération pour l’environnement au Havre. Je suis très inquiet qu’il reproduise cette attitude au niveau national », prévient Alexis Deck. Et Mme Batho de conclure : « La question est de savoir si ce qu’incarne le premier ministre sera contrebalancé par une vraie place accordée à l’écologie dans le dispositif gouvernemental global. »

Audrey Garric et Pierre Le Hir

Voir aussi : Rubrique Ecologie, rubrique Politique, Face au lobby nucléaire, Ségolène Royal capituleUn accident nucléaire, c’est la fin de la démocratie, rubrique Economie,

Source Le Monde 16/05/2017

Fukushima – Coûts réévalués à plus de 170 mds EUR pour démanteler, décontaminer, dédommager

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Le coût estimé du démantèlement, des dédommagements des riverains et de la décontamination de l’environnement après l’accident nucléaire de Fukushima dépassera 20.000 milliards de yens (170 milliards d’euros), a indiqué jeudi la chaîne publique japonaise NHK, après d’autres médias.

Cela représente environ le double du total estimé fin 2013 par le ministère de l’Industrie (Meti). La compagnie exploitante de la centrale Fukushima Daiichi, Tokyo Electric Power (Tepco), avait initialement indiqué que le démantèlement et les travaux sur le site seuls coûteraient aux environs de 2.000 milliards de yens mais, dans la nouvelle évaluation gouvernementale, le montant est 4 fois supérieur: 8.000 milliards (près de 70 milliards d’euros), selon la NHK. Les mêmes données ont été publiées par le quotidien Nikkei. Il faudra au moins trois à quatre décennies pour récupérer le combustible fondu dans trois unités et nettoyer les lieux du mieux possible.

Un comité d’experts mandatés par le gouvernement avait déjà dit en octobre que le coût du démantèlement « dépasserait très largement 2.000 milliards de yens ». Ils n’ont officiellement pas donné de chiffres actualisés plus précis depuis, et le Meti non plus, mais pourraient les publier à l’occasion de leur prochaine réunion ce mois-ci. « Les discussions (sur les coûts et la répartition entre les parties prenantes) vont se poursuivre encore l’année prochaine », a indiqué par téléphone à l’AFP un porte-parole du Meti.

Quelque 8.000 à 10.000 milliards de yens sont en outre désormais jugés nécessaires par les mêmes experts pour les dédommagements versés aux habitants de la région, indemnisations dont la part déjà versée avoisine 6.000 milliards de yens. La somme grimpe au fil des mois du fait du nombre important de personnes affectées par le drame. L’Etat avance cet argent à Tepco par le biais d’un fonds spécialement créé auquel contribuent aussi les autres fournisseurs d’électricité.

La compagnie est censée rembourser ultérieurement les sommes prêtées par le pays, mais l’échéance n’est pas définie. Les opérations de décontamination des environs du site, également comprises dans la somme totale de plus de 20.000 milliards de yens, pourraient coûter de leur côté 4.000 milliards de yens, bien plus que prévu précédemment, selon les chiffres de la NHK et des autres médias qui ne mentionnent pas leur source.

Source : L’avenir.net 01/12/2016

Voir aussi : Actualité Internationale , Rubrique Asie, Japon, Accident Fukushima,  rubrique Ecologie, rubrique PolitiqueUn accident nucléaire, c’est la fin de la démocratie, Société civile, rubrique Société, Santé,

Essai nucléaire à Reggane : 150 prisonniers algériens utilisés comme cobayes humains

Des Algériens ont été utilisés comme cobayes pendant l'essai nucléaire français en Algérie.

Des Algériens ont été utilisés comme cobayes pendant l’essai nucléaire français en Algérie.

René Vautier est mort le 4 janvier 2015. ?Résistant à 15 ans, il fut, avec pour seule arme sa caméra, engagé sa vie durant contre le colonialisme et les injustices ; emprisonné dès son premier film à 21 ans ; censuré comme nul autre réalisateur français ne le fut. Lui qui avait des liens si forts avec l’Algérie s’était fait l’écho d’un témoignage terrible. Il était surtout intervenu auprès d’amis algériens

Cela se passe au Centre saharien d’expérimentation militaire situé à Reggane, à 700 km au sud de Colomb Bechar. Les tirs sont effectués à Hamoudia, à une cinquantaine de km au sud-ouest de Reggane. Le 1er avril 1960 a lieu le second essai nucléaire français, sous le nom de code “Gerboise blanche”. La bombe dégagea environ 4 kilotonnes.

Le tir a été l’occasion d’étudier la résistance des matériels militaires (avions, véhicules, parties de navires…) à une explosion nucléaire. L’armée française a mené des essais sur des rats, des lapins et des chèvres. Des exercices militaires en ambiance «post-explosion» ont été réalisés. Ils commencèrent vingt minutes après les tirs. Mais, environ 150 hommes vivants furent aussi exposés aux effets de la bombe, ligotés à des poteaux, à environ 1 km de l’épicentre.

Nous sommes en pleine guerre d’Algérie, cette guerre qui a fait plusieurs centaines de milliers de victimes algériennes, militaires et surtout civiles. Beaucoup de victimes meurent torturées. Pour le colonialisme français et son armée, la vie des algériens ne vaut pas cher à l’époque…

René Vautier, avait monté son film “Algérie en flammes”, tourné aux côtés des combattants algériens dans les studios de la DEFA (Deutsche Film-Aktiengesellschaft) en RDA. ?C’est là qu’il a appris que Karl Gass, réalisateur documentariste à la D.E.FA. avait recueilli le témoignage d’un légionnaire français d’origine allemande affecté à la base de Reggane. Le témoin affirmait avoir reçu, juste avant l’explosion, l’ordre de récupérer dans des prisons et des camps de concentration, 150 Algériens qui devaient être utilisés comme cobayes à proximité du point zéro . Il déclarait les avoir fait venir, les avoir remis à ses supérieurs hiérarchiques et ne les avoir jamais revus. Ce légionnaire a été affecté ailleurs en 1961.

M. Mostefa Khiati, médecin à l’hôpital d’El Harrach et M. Chennafi, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli (ouest d’Alger) à Reggane où ils devaient travailler, confirment ce témoignage (voir encadré “Ce que disent les Algériens”). En Algérie, la presse et les médias algériens, la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, des juristes, des médecins évoquent ces questions.

Le 14 février 2007, le quotidien Le Figaro cite une réponse à l’interpellation des Algériens. Elle est faite par le responsable de la communication du ministère de la Défense, Jean-François Bureau : « Il n’y a jamais eu d’exposition délibérée des populations locales ». Il s’agit, selon lui, d’une légende entretenue par la photo d’une dépouille irradiée exposée dans un musée d’Alger. « Seuls des cadavres ont été utilisés pour évaluer les effets de la bombe », ajoute-t-il.

Mais alors, quels sont ces cadavres ? D’où venaient-ils ? Quelles étaient les causes des décès ? Où sont les documents tirant les enseignements de leur exposition à la bombe ? Et surtout, peut-on sérieusement croire qu’en pleine guerre d’Algérie, l’armée française pouvait transporter des cadavres sur des centaines de km pour des essais “éthiques” alors qu’elle torturait et tuait quotidiennement civils et combattants algériens ? Qui peut croire aussi, qu’un pouvoir qui se dote à grands frais d’une arme nouvelle, qui fera l’essentiel de ses forces, va s’abstenir d’en faire l’essai jusqu’au bout ? La logique “technique” à défaut d’être humaine, c’est de la tester “en vraie grandeur” c’est à dire sur des êtres humains vivants … Tous l’ont fait : lisez, pays par pays, l’ encadré à ce sujet.

Pourtant, il n’y a pas eu de scandale d’Etat à la hauteur de ce fait qui relève du crime contre l’humanité. Le fait que le FLN avait accepté, dans le cadre d’ »annexes secrètes », que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant quatre années supplémentaires a sans doute créé des conditions propices à ce silence officiel… En effet, ces essais se sont poursuivis dans les conditions de mise en danger des populations locales et des travailleurs algériens sur les sites contaminés, le pouvoir algérien ne souhaitait sans doute pas voir ce dossier sensible resurgir.

Derrière elle, l’armée française a laissé des poubelles nucléaires à peine ensablées, des populations victimes de multiples cancers, des nappes phréatiques radioactives. Mais elle laisse aussi le souvenir, mieux caché pour l’instant, d’une épouvantable expérimentation effectuée sur des êtres humains vivants. Merci à René Vautier pour avoir tenté, durant des années, de lever la chape de plomb sur ce crime. A présent les bouches et les archives doivent s’ouvrir.

Comme la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, exigeons l’ouverture compète des archives militaires sur les essais nucléaires dans le sud du Sahara (algérien) dans les années 1960 à 1966. Demandons aux nombreux militaires et civils français et algériens qui ont servi sur la base de Reggane et ont pu être témoins direct ou recueillir des témoignages de dire ce qu’ils savent. Que la France officielle reconnaisse aujourd’hui le crime. A défaut de pouvoir le réparer, qu’elle prenne ses responsabilités pour atténuer les conséquences de ses essais nucléaires sur les population algériennes :

La réhabilitation des sites d’essais nucléaires, conformément à la législation internationale.

La création d’une structure de santé spécialisée dans le traitement des maladies cancéreuses causées par la radioactivité. La mise en place d’un registre du cancer dans les régions d’Adrar, Tamanrasset et Béchar. La prise en charge totale des malades.

La création d’un pôle d’observation des différents sites ayant servi aux essais nucléaires comme ce fut le cas pour l’Angleterre et ses sites en Australie.Et enfin, que la mise au jour de ce crime soit une occasion de plus d’exiger de supprimer PARTOUT ces armes, qui avant même leur emploi dans un conflit, ont de pareilles conséquences.

Ce que disent les Algériens

Du côté algérien, des recherches ont été faites dans les années 2000 et résumées ainsi par l’avocate Me Fatima Ben Braham : «L’étude iconographique, de certaines de ces photos, nous a permis de constater que la position des soi-disant mannequins ressemblait étrangement à des corps humains enveloppés de vêtements. A côté de cela, nombre d’Algériens détenus dans l’ouest du pays et condamnés à mort par les tribunaux spéciaux des forces armées [français] nous ont apporté des témoignages édifiants. Certains condamnés à mort n’ont pas été exécutés dans les prisons, mais ils avaient été transférés pour ne plus réapparaître. Ils avaient, selon eux, été livrés à l’armée. Après consultation des registres des exécutions judiciaires, il n’apparaît aucune trace de leur exécution et encore moins de leur libération. Le même sort a été réservé à d’autres personnes ayant été internées dans des camps de concentration.»

Après des recherches, l’avocate a retrouvé une séquence des informations télévisées montrant un combattant mort sur une civière entièrement brûlé, ainsi commentée : «Et voilà le résultat de la bombe atomique sur un rebelle.» ?De plus, une étude minutieuse des photos de mannequins, et particulièrement une, où plusieurs corps (5 environ) étaient exposés, indique que les mannequins auraient une forte ressemblance à des corps humains.

Elle a alors réuni un groupe de médecins et de médecins légistes à l’effet de faire le rapprochement des corps exposés avec de véritables corps humains dans la même position (tête, bras, jambes, bassin, buste, etc.)?Les résultats ont été concluants : il s’agit bien de corps humains (même le poids a été déterminé) et leur mort était certaine.?En 2005, la question a été posée aux autorités françaises qui ont d’abord répondu qu’il s’agissait uniquement de mannequins et de rien d’autre, pour tester les habillements face aux essais.

Après insistance des Algériens, les autorités françaises ont rétorqué que «s’il y avait des corps à la place des mannequins, il faut se rassurer que les corps étaient sans vie».

Source : Des cobayes humains ?

Lors d’un documentaire, réalisé par Saïd Eulmi et diffusé à l’ouverture du colloque, il a été rapporté que des prisonniers de guerre avaient été utilisés comme cobayes lors des essais. Des images de corps humains calcinés accrochés à des poteaux ont été montrées. « Les corps de ces martyrs (…) ont été retrouvés durcis comme du plastique», a souligné Mostefa Khiati, médecin à l’hôpital d’El Harrach. «Les conventions de Genève ont été violées. Il s’agit de crimes de guerre », a estimé Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives nationales

Source : Metaoui Fayçal, El Watan

 

Le témoignage de M. Chennafi, « un sexagénaire, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli (ouest d’Alger) à Reggane où ils devaient travailler jour et nuit et préparer l’installation de la bombe nucléaire : « Après l’explosion de cette bombe, les victimes étaient parties en fumée. Même les ossements ont disparu». Plusieurs militaires et médecins Français ont confirmé l’utilisation par l’armée française d’habitants de la région ou de Ghardaia afin de « tester l’effet des radiations » sur eux. Ces derniers ont été placés dans les lieux servant de théâtre des opérations sans protection aucune. Les survivants n’ont bénéficié d’aucun traitement contre les radiations nucléaires par la suite.

Source : Planète non violence (webzine)

 

La LADDH pense que l’exposition directe, par la France de prisonniers dans l’expérience nucléaires constitue “une flagrante violation de la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre et à leur traitement.

Le FLN a accepté, dans le cadre d’ »annexes secrètes », que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant cinq années supplémentaires. Onze essais se sont ainsi déroulés après l’Indépendance du 5 Juillet 1962 et ce, jusqu’en février 1966.

La LADDH est porteuse d’exigences vis à vis de la France (voir article principal).? Source : Les essais nuclaires français

Radiations imposées : même les militaires n’étaient pas protégés

Si l’on compare avec ce qui a été fait en Polynésie pour la protection des populations – des blockhaus pour Tureia qui se trouve à 110 km de Mururoa et des «abris de prévoyance» sommaires pour les Gambier, Reao et Pukarua, dans le Sahara algérien, les précautions prises pour la protection des personnels militaires et des habitants des palmeraies voisines ont été très sommaires, voire inexistantes. ?Quelques documents estampillés «secret» permettent d’avoir une idée du mépris des autorités militaires à l’égard de leurs hommes. on peut constater que pour les populations sahariennes de Reggane (environ 40 km d’Hammoudia) et quelques palmeraies encore plus proches des points zéro, la protection était nulle. Aucun abri ou autre bâtiment n’a été construit pour ces populations, tout aussi bien que pour les personnels militaires de la base de Reggane Plateau ou les quelques dizaines de militaires et civils qui restaient sur la base d’Hammoudia pendant les tirs.

A Reggane au Sahara, à moins de 5 km de l’explosion, on donnait des lunettes noires aux soldats pour se protéger les yeux. Mais ils étaient en short et chemisette. Des retombées à plus 3 000 km, des conséquences sanitaires terribles.?Outre dans tout le Sahara algérien, les retombées radioactives ont été enregistrées jusqu’à plus de 3000 km du site (Ouagadougou, Bamako, Abidjan, Dakar, Khartoum, etc.). 24 000 civils et militaires ont été utilisés dans ces explosions, sans compter l’exposition aux radiations de toute la population de la région.

Le film « Vent de sable » de Larbi Benchiha montre clairement que si des dosimètres ont été remis à la population , puis des examens effectués pour mesurer les expositions aux radiations, c’était à des fins d’études et non pas de soins.

A Reggane où les essais ont été atmosphériques et ont couvert une vaste zone non protégée, selon les médecins l’exposition aux radiations ionisantes provoque plus 20 types de cancer (cancers du sein, de la tyroïde, du poumon, du foie, du côlon, des os, etc.). ?Les leucémies dépassent de manière sensible la moyenne dans la région. Des malformations touchent aussi bien les adultes que les enfants, les nouveaux nés et les les fœtus. On constate également une baisse de fertilité des adultes. Des cas de cécité sont dus à l’observation des explosions. A Reggane le nombre de malades mentaux est très important. Des familles entières sont affectées, sans parler des lésions de la peau, des stigmates physiques et des paralysies partielles, ainsi que d’autres phénomènes sur lesquels les médecins n’arrivent pas à mettre de mots.

Le bilan des décès causés par les maladies radio-induites ne cesse de s’alourdir à Tamanrasset. Au total 20 cancéreux, entre femmes, hommes et enfants, sont morts en juillet dernier, s’alarme Ibba Boubakeur en 201447, secrétaire général de l’Association des victimes des essais nucléaires à In Eker (Aven), Taourirt. « Nous avons assisté à l’enterrement d’enfants amputés de leurs membres inférieurs et de femmes à la fleur de l’âge. Le pire, c’est qu’aucune de ces victimes ne possède un dossier médical, hormis les quelques certificats délivrés par les médecins exerçant dans la région », se plaint-il. 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer.

« On ne peut pas avoir le nombre exact de victimes. En 2010, un recensement partiel faisant état d’un peu plus de 500 victimes a été réalisé dans les localités relevant uniquement de la commune de Tamanrasset, à savoir Inzaouen, Ifak, Toufdet, Tahifet, Indalak, Izarnen, Outoul et Tit. Nous y avons constaté beaucoup de maladies, des avortements, des malformations et toutes les formes de cancer ».

Selon une étude réalisée par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% du cancer de la thyroïde

La France n’est pas la seule à utiliser des humains comme cobayes

USA?Le secrétaire d’Etat à l’Energie américain, Hazel O’Leary, a révélé que son pays a mené des expériences sur quelque 700 « cobayes humains ». C’était dans les années quarante, on administra à plus de 700 femmes enceintes, venues dans un service de soins gratuits de l’université Vanderbilt (Tennessee), des pilules radioactives exposant les foetus à des radiations trente fois supérieures à la normale. On leur faisait croire qu’il s’agissait d’un cocktail de vitamines. ..?En 1963 (là, on était pourtant édifié sur les effets de la radioactivité !), 131 détenus de prisons d’Etat de l’Oregon et de Washington se portèrent « volontaires », en échange d’un dédommagement de 200 dollars chacun, pour recevoir de fortes doses de rayons X (jusqu’à 600 röntgens) aux testicules.?Mais l’expérimentation humaine principale avait été menée lors des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945 et après eux.?le Japon avait de toute façon déjà perdu la guerre et s’apprêtait à négocier, avant les bombardements nucléaires.?Les USA choisissent Hiroshima et Nagasaki pour leurs configurations différentes et y expérimentent deux bombes de types différents : plutonium pour Nagasaki ; uranium 235 pour Hiroshima . Plus de 2 00 000 victimes immédiates, sans compter celles des décennies suivantes.?Les archives américaines ont révélé que quatre des plus grandes villes japonaises avaient été retenues comme cibles potentielles et interdites de tout bombardement, afin de pouvoir attribuer à la seule bombe atomique les dégâts observables. Par ordre de « préférence», il s’agissait de Hiroshima, Niigata, Kokura et Nagasaki.?Après les bombardements les USA construisent tout un hôpital, implantent un camp de scientifiques pour examiner les survivants et mener des expériences sur eux, quelques semaines seulement après le bombardement. Mais ne soigneront personne.

URSS?En septembre 1954, l’armée soviétique exposa sciemment des civils et des militaires aux retombées d’une bombe atomique de 20 kilotonnes, explosée à 350 m au-dessus de la ville de Totskoye, dans l’Oural. outre les 45 000 soldats qui furent exposés – quand les généraux décidèrent de leur imposer des exercices militaires sur les terrains encore brûlants de radioactivité -, il y avait aussi des civils : un million de personnes environ, réparties dans un rayon de 160 km autour du site de l’expérience. En effet, Kouibichtchev (aujourd’hui Samara), alors peuplée de 800 000 habitants, se trouve à 130 km à l’ouest du site et Orenbourg, 265 000 habitants, à 160 km à l’est.?Au Kazakhstan un quart du territoire kazakh est occupé par les terrains d’essais et des usines militaires. On y a fait exploser 466 bombes atomiques : 26 au sol, 90 en altitude et 350 sous terre. Lors de l’essai, en 1953, de la première bombe à hydrogène 14 000 personnes furent exposées aux retombées. Une vaste région de ce pays est contaminée. Elle a subi une irradiation d’un niveau comparable à celui de Tchernobyl pendant quarante ans.?Source : Le scandale des cobayes humains

Chine?. Le site d’essais nucléaires chinois de Lob Nor, dans le Xinjiang, est le plus vaste du monde : 100 000 km2, dans le désert du Turkestan oriental, dont environ un cinquième a été irradié. ?Les populations locales se sont plaintes à de nombreuses reprises de maladies inhabituelles : cancers de la thyroïde ou malformations à la naissance. Les estimations du nombre de victimes vont de « quelques décès » selon les autorités, à 200 000 selon les sympathisants de la cause ouïghoure (ethnie majoritaire au Xinjiang). Des tests indépendants, conduits dans quelques villages, ont montré des taux de radioactivité très supérieurs à la limite d’alerte, et 85 000 personnes au moins vivent encore à proximité immédiate des anciennes zones d’essais. Au début des tests, ces riverains n’étaient même pas déplacés. Dans les années 70, on les faisait évacuer quelques jours avant de les faire revenir.?Source : Denis Delbecq et Abel Segretin.

Royaume Uni :?le gouvernement britannique a eu recours à des soldats australiens, anglais et néo zélandais pour les utiliser comme cobayes lors d’essais nucléaires.?Des centaines d’aborigènes ont probablement été contaminés à proximité du site d’essais de Maralinga.

Nicolas Pluet

Source : Le Matin d’Algérie 13/02/2007

Voir aussi : Rubrique Histoire, rubrique International, rubrique Défense, rubrique Politique, Société civile, rubrique Méditerranée , Algérie,  rubrique Société, Justice,

On Line, Dossier Algérie : Les essais nucléaires français au Sahara. Annexes, Essais nucléaires en Algérie : la Laddh exige des réponses de la France, L’AVEN s’alarme des décès causés par le cancer à Tamanrasset partagé par notre ami Mèmoria, Les essais nuclaires français, Les méfaits nucléaires de la France coloniale

 

La réduction de la part du nucléaire attendra

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Le gouvernement présente le 15 avril ses objectifs en matière d’énergies renouvelables dans les années à venir. Il n’évoque pas la diminution du nucléaire, pourtant prévue dans la loi.

C’est la fin d’une promesse de campagne présidentielle. Sauf événement exceptionnel, la France ne devrait pas réduire d’un tiers sa production d’électricité nucléaire d’ici à 2025, comme l’avait annoncé ­François Hollande en 2012. L’engagement s’est pourtant traduit par une loi sur la transition énergétique, votée en 2015, qui fixe « à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025 », avec en parallèle la montée en puissance des énergies renouvelables.

Restait à mettre ce nouveau schéma en musique, au travers de la programmation pluriannuelle d’investissement (PPI). Celle-ci sera examinée vendredi 15 avril pour avis devant le Conseil supérieur de l’énergie, mais expurgée de son volet nucléaire. En clair, ne seront présentés que les objectifs chiffrés d’énergies vertes, filière par filière, d’ici à 2023.

Décisions repoussées

La capacité installée de l’éolien terrestre, de 10 300 mégawatts (MW) fin 2015, passerait à 14 300 MW en 2018 puis entre 21 800 MW et 23 300 MW en 2023. Le photovoltaïque passerait de 6 200 MW fin 2015 à 10 200 MW en 2018 pour atteindre 20 200 MW en 2023. Un arrêté devrait être publié au Journal officiel très rapidement.

En revanche, les décisions sur le nucléaire sont repoussées ultérieurement. « Au plus tard le 1er juillet », tempérait jeudi 14 avril la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, depuis Washington, en expliquant que la feuille de route donnera « une fourchette du nombre de réacteurs à fermer », en « fonction de deux scénarios sur la consommation électrique ». Mais à quelques mois de la campagne présidentielle, on peut exprimer des doutes sur leur mise en application.

Un « grand carénage »

À vrai dire, cette inflexion gouvernementale sur le nucléaire n’est pas une surprise. La présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui doit servir de cadrage général, a déjà été repoussée à plusieurs reprises et personne ne croit vraiment que le gouvernement actuel puisse être en mesure de faire inscrire noir sur blanc dans un texte qu’un tiers du parc actuel de réacteurs nucléaires – soit une vingtaine sur les 58 – ferme dans les dix ans à venir. Il suffit pour cela de voir les difficultés pour obtenir la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim, autre engagement présidentiel.

> En video Les défis qui attendent EDF

Les difficultés actuelles d’EDF, empêtré dans son projet de construction de deux EPR en Grande-Bretagne et les problèmes de conception de la cuve de Flamanville, ne sont sans doute pas étrangères à ce recul du gouvernement.

L’entreprise est « au bord de la faillite », affirment les syndicats dans une lettre ouverte adressée mardi au président de la République. Ils lui demandent de s’engager sur la « préservation de l’intégrité du parc de production historique ». Comme si de rien n’était, l’état-major d’EDF est mobilisé depuis des mois sur son projet dit de « grand carénage », qui vise à prolonger et à remplacer les centrales existantes, moyennant une cinquantaine de milliards d’euros d’investissements.

Les professionnels du renouvelable satisfaits

Très pragmatique, Ségolène Royal n’est pas à court d’explications sur ce changement de ton. Laisser de côté le débat sur la réduction du nucléaire favoriserait les énergies renouvelables, car cela « permet de motiver les filières industrielles », expliquait-elle début mars.

Les professionnels du secteur se disent d’ailleurs très satisfaits des objectifs fixés dans cette PPI. Depuis des années, les acteurs de l’éolien et du solaire dénoncent un manque de visibilité sur leur activité en raison du calendrier erratique des appels d’offres publiés par le ministère.

Jean-Claude Bourbon
Source La Croix 14/04/2016
Voir aussi  : Actualité France, Rubrique Environnement, rubrique Politique économique,

L’envers du décor paradisiaque de Tahiti

file6og9qwepn8jiakkbo71François Hollande est attendu à Tahiti le 22 février. Il sera le premier chef d’Etat français depuis treize ans à s’y rendre. Une visite attendue car, cinquante ans après le premier essai nucléaire, la Polynésie française paye les conséquences sociales et environnementales de la présence des fonctionnaires et des soldats de la métropole

Un vent léger venu du large fait bruisser les arbres fruitiers qui entourent la maison de Marie-Noëlle Epetahui, dans la presqu’île de Tahiti iti, au sud-est de l’île de Tahiti. «Les femmes m’appellent de jour comme de nuit, quand elles se font frapper. Ma porte est toujours ouverte.» Dans la ville de Taravao, à une cinquantaine kilomètres de Papeete, la responsable de l’antenne locale de l’association Vahine Orama («Femme debout») accueille chaque année plusieurs centaines de victimes de violence domestique sous son toit. «Les coups ont toujours existé, mais ils sont de plus en plus nombreux. La société polynésienne est en profonde mutation, les structures traditionnelles sont en train de disparaître», explique-t-elle.

Depuis la fin des essais nucléaires, en 1995, et le départ des militaires de métropole, le travail se fait rare en Polynésie française. L’alcool et la drogue, le paka, la marijuana locale, forment un cocktail détonnant qui prospère avec la misère. «En presqu’île, la plupart des problèmes se produisent dans les lotissements sociaux de Taravao, construits en 2006 et 2007 par l’Office public de l’habitat (OPH)», poursuit Marie-Noëlle Epetahui. Ces logements accueillent des familles originaires d’archipels éloignés, venus à Tahiti dans l’espoir d’être embauché quelque part. Faute d’emplois à Papeete, beaucoup de ces déracinés ont été déplacés à Taravao, sur l’isthme qui sépare la presqu’île de la grande île de Tahiti Nui.

«Les populations des archipels des Tuamotu ou des Marquises ont commencé à arriver à Tahiti après l’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP), en charge des essais nucléaires français, dans les années 1960. A cette époque et jusqu’au milieu des années 1990, l’argent coulait à flot», souligne Maiana Bambridge, ancienne directrice de l’OPH, aujourd’hui vice-présidente de la Croix-Rouge de Polynésie française. «En l’espace de quarante ans, les gens ont oublié comment pécher et se nourrir des fruits de la forêt, ils sont devenus manutentionnaires ou sont passés derrière des bureaux. Et puis tout s’est écroulé d’un jour à l’autre

Les Polynésiens cultivent souvent le mythe d’un «âge d’or», antérieur aux essais nucléaires, mais il n’est pas facile pour autant de revenir vivre dans les îles les plus isolées. «Il n’existe pas de lycée généraliste dans les archipels des Gambier ou des Australes, poursuit Maiana Bambridge. Les jeunes viennent à Tahiti pour étudier, ils se logent chez des parents, mais la cohabitation est souvent difficile. Les femmes enceintes sont poussées à venir accoucher à l’hôpital de Papeete, afin de réduire en théorie la mortalité infantile. La Protection sociale rembourse les évacuations sanitaires, mais cet éloignement contribue à faire éclater les cellules familiales.»

Sur un modèle très français, le gouvernement autonome du «pays» a fait le choix de la centralisation, en concentrant toutes les infrastructures à Tahiti, alors que les 138 îles qui forment la Polynésie française sont éparpillées sur un immense territoire maritime de 5,5 millions de km2, aussi grand que l’Europe occidentale.

A proximité de Papeete, les pistes de l’aéroport de Faa’a ont été construites sur des terrains remblayés: d’un côté, le lagon, désormais inaccessible à la population, de l’autre le quartier de squatteurs de Hotuarea, que l’Etat veut évacuer depuis des années. «Ces gens se sont installés il y a plusieurs décennies, souvent avec l’accord tacite des propriétaires, explique Moetai Brotherson, adjoint au maire de la ville, l’indépendantiste Oscar Temaru. Aujourd’hui, cela pose des difficultés. Beaucoup de familles veulent récupérer leurs terrains.»

Drogue, obésité et diabète

 

La commune de Faa’a concentre tous les problèmes sociaux de la Polynésie: drogue mais aussi obésité et diabète, «la» maladie du pays, qui toucherait près d’un Polynésien sur deux. En quelques décennies, le régime alimentaire des îles a été totalement transformé, alors que presque tous les produits sont importés. Le beurre, l’huile et les boissons gazeuses occupent désormais une place de choix sur les tables de la population.

«Les essais nucléaires ont bien sûr contaminé le Pacifique et causé des dommages environnementaux irréversibles, mais ils nous ont aussi enfermés dans une terrible dépendance économique et culturelle à l’égard de la France», s’indigne Roland Oldham, un militant qui a participé à sa première manifestation contre les essais en 1966, l’année de ses 16 ans et du premier tir sur l’atoll de Moruroa. Il dirige aujourd’hui l’association des anciens travailleurs du nucléaire, qui se bat pour l’indemnisation des victimes. «Nous avons déposé près de 900 dossiers, mais la plupart ont été rejetés, en raison de l’article 4 de la loi de 2010, qui introduit la notion de «risque négligeable»: les victimes doivent apporter la preuve que leur cancer est bien dû aux essais, ce qui scientifiquement impossible!» Pour lui, le programme nucléaire français, pourtant arrêté depuis vingt ans, est un «cancer» qui continue de ronger la société polynésienne.

Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin, Papeete

Source : Le Temps, 15/02/2016

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