Exposition Fata Morgana. Arts et livres pour le plaisir

Jean Dubuffet Il Ya, Portfolio, Fata Morgana Monpellier, 1979

Jean Dubuffet Il Ya, Portfolio, Fata Morgana Monpellier, 1979

Exposition. Fata Morgana au Musée Paul Valéry de Sète du 7 mars au 24 mai.

L’amour du livre et celui des arts plastiques se conjuguent de longue date aux éditions Fata Morgana. La maison héraultaise, dirigée par David Massabuau et Bruno Roy, cultive depuis un demi siècle une exigence qualitative aux antipodes des lois du marché et des étals où s’entassent les best-sellers avant de disparaître dans l’oubli.

Par son approche soignée et raffinée, Fata Morgana fait le bonheur des bibliophiles. Ces livres, environ 1 500 ouvrages édités depuis 1965, résultent de cette recherche incessante de rareté qui amène à une communion de l’ensemble des sens…

Des livres d’artistes aux tirages limités, à la Petite collection hôtel du grand miroir qui laisse place à la photo, en passant par la Poésie nouvelle, le fonds Morgana regorge de pépites en papier. Dans la belle collection Biliothèque artistique et littéraire consacrée au patrimoine littéraire, on trouve le poème de jeunesse en prose de Valéry Une chambre conjecturale. Un lien supplémentaire avec l’exposition Fata Morgana un goût de livre qui s’ouvrira du 7 mars au 24 mai au musée Paul-Valéry de Sète.

Cette exposition alliera à la littérature la bibliophilie et les Arts plastiques en mettant en lumière le fil vivant d’un dialogue à trois entre artiste, écrivain et éditeur qui fait la singularité de Fata Morgana. Plus de 250 exemplaires seront présentés aux côtés de manuscrits et de nombreuses œuvres des quelque 90 artistes (Dubuffet, Jarry, Soulage, Jaccottet…) qui ont collaboré à ces publications. Le Musée de Sète trouve une nouvelle occasion de souligner son attachement au monde des lettres.

JMDH

Source : L’Hérault du Jour 30/01/2015

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Jacques Clauzel peintre de l’émergence

2013, acrylique sur papier kraft, 220 x 158 cm

2013, acrylique sur papier kraft, 220 x 158 cm

L’exposition d’hiver du Musée Paul-Valéry est placée sous le double signe de l’art contemporain et de son ancrage régional. A l’occasion d’une donation de 47 œuvres de l’artiste Jacques Clauzel, venue enrichir le fonds d’arts graphiques du musée, celui-ci lui consacre une exposition à découvrir jusqu’au 25 janvier 2015.

L’œuvre singulière et poignante de Jacques Clauzel résulte de combinaisons imprévues où la matière peinture occupe une place prépondérante. L’artiste explore les potentialités chromatiques du noir et du blanc, absolu où se résume la totalité des couleurs.

« Au début on regardait mes tableaux et on me disait : vous avez de belles couleurs. C’est sans doute ce qui m’a décidé à ne plus utiliser que le noir et le blanc sans faire de mélange. Les couleurs que l’on voit viennent de la lumière, comme par une sorte de miracle », confie l’artiste qui n’use que de matériaux pauvres comme la peinture acrylique de base, des vieux pinceaux ou outils d’ouvriers comme la truelle du maçon, « tout ce qui me tombe sous la main sauf les outils des gentils peintres », précise-il avec un petit sourire.

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Jacques Clauzel dans son atelier

A partir de 1985, il utilise le papier kraft comme support, accumule les couches pour faire surgir les traces en jouant sur le rapport support et surface. Il s’impose un effacement, refuse la maîtrise, en laissant la peinture aux commandes.

Jacques Clauzel croise les tenants du mouvement d’avant-garde français support-surface Vincent Bioulès, Daniel Dezeuze, Claude Viallat… qui sont de sa génération, sans trouver de convergence avec leur réflexion théorique.

« De par ma pratique et mon rapport simple et spirituel à la peinture, je ne pouvais m’inscrire dans les intentions affichées ce qui ne m’empêchait pas de côtoyer ces artistes par ailleurs. En peinture, il faut être de son époque. Cela ne veut pas dire qu’il faut aller voir ses amis pour savoir si ça fonctionne. On n’a pas à dire, je veux dire ceci ou cela. C’est la peinture qui demande au peintre de travailler pour elle. Je travaille par série. Je suis aspiré par plusieurs toiles qui évoluent chacune à leur rythme et puis il y a un moment où ça fonctionne. Où on est dans le sujet et on réalise un, deux, trois, dix tableaux. C’est ce moment qui me captive où je sens que ça peut apporter quelque chose au monde, puis ça s’arrête et je m’en désintéresse. Je n’ai pas envie d’exploiter des filons. Je fais ce que j’ai à faire et rien d’autre. »

2013, acrylique sur papier kraft, 220 cm x 158 cm

2013, acrylique sur papier kraft, 220 cm x 158 cm

L’exposition permet d’observer à différentes échelles, les étapes d’une création aux contours multiples qui appelle l’interprétation.

27 œuvres présentent différentes étapes et recherches de l’artiste. La seconde partie composée de 20 grands formats propose des travaux récents, « l’aboutissement de cinquante ans de peinture ». Où l’on sent de quelle manière la position de retrait de l’artiste agit sur notre rapport à la peinture.

Le musée Paul-Valéry renforce au fil du temps les liens tissés entre l’établissement et les créateurs liés à la région. Un travail précieux qui fait entrer les œuvres d’artistes vivants dans le patrimoine et les rend ainsi accessible à tous.

Jean-Marie Dinh

Source : LHérault du Jour 12/12/2014

Jacques Clauzel Bio

Né le 4 Mai 1941 à Nîmes. Étudie la peinture dans les écoles des Beaux Arts de Tourcoing, Montpellier et Paris (atelier Chastel). Grand logiste au Prix de Rome en 1964. De 1965 à 1973, d’abord décorateur à la télévision ivoirienne, puis enseignant de Peinture à l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts d’Abidjan.

Nombreux reportages photographiques sur l’Afrique (Mali, Burkina-Faso, Niger, Ghana, Togo, Dahomey). De 1965 à 1968, périodes des papiers, peints, découpés et recomposés. A partir de 1968 se consacre à la photographie de reportage. En 1973, retour en France. Est recruté par l’École des Beaux Arts de Montpellier en 1975 pour y fonder l’atelier de photographie. En 1976, retour à la peinture par le biais de dessins automatiques. Période de recherches (papiers froissés, puis déchirés et collés, grands papiers marouflés…).

Il choisit de travailler sur papier kraft. À partir de 1985, les thèmes essentiels qui déterminent son œuvre sont identifiés et présents dans l’ensemble du travail. Jacques Clauzel pratique d’autres techniques (gravure, lithographie, sérigraphie, et photographie), édite des livres d’artiste aux éditions « A travers » et collabore avec de nombreuses autres maisons d’éditions.

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Miro : Des libres racines aux constellations

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Exposition.  Miro «Vers l’infiniment libre et l’infiniment grand » Le Musée Paul Valéry à Sète nous ouvre les portes de l’univers onirique de l’artiste. A découvrir jusqu’au 9 novembre.

 Miro au Musée Paul Valéry, s’avère une escale incontournable pour tous ceux qui rêvent de croissance ou trouvent notre vie corseté un peu terne. Ceux qui ont déjà fait la visite savent que le titre de cette exposition : Vers l’infiniment libre vers l’infiniment grand, s’avère particulièrement bien choisi.  « L’exposition met en évidence l’extrême liberté de l’artiste sur les plans de l’esthétique, de son regard sur les guerres qui, en Espagne et en Europe, ont traversé son époque, de la représentation de la femme, et son aspiration à introduire dans ses oeuvres une cosmologie personnelle spontanément liée à l’immensité des espaces célestes.» commente la directrice du Musée Maïté Vallès-Bled.

C’est au milieu des années vingt que Miro qui travaille à Paris, trouve un style personnel. Sous l’influence des surréalistes, il donne vie à un monde d’irréalité, univers oniriques peuplés d’étranges créatures tout en développant la poétique d’un langage pictural novateur et initiateur. L’artiste conservera son indépendance d’esprit à l’écart des surréalistes. Ce qui ne l’empêche pas  d’entretenir des liens amicaux avec Delnos, Eluard, ou Péret et  une relation cordiale avec Breton qui lui concède que sa production « atteste d’une liberté qui n’a pas été dépassée

Joan-mirc peinture de 1952. Photo : Blog en revenant de l'expo

Joan-mirc peinture de 1952.

Le parcours de l’exposition est construit avec un louable soucis , celui du respect de la démarche artistique. Il démontre en l’occurrence que ce que cherche Miro est plus important que ce qu’il trouve. Une manière de réaffirmer que l’art n’est pas une histoire de circulation d’objet d’art mais bien une aventure profonde.

Le visiteur suit ainsi la quête esthétique et intérieure de Miro. Face aux oeuvres on saisit rapidement que l’artiste a dépassé la recherche plastique, plus de perspectives, de profondeur et de claire obscure.Les dimensions réelles n’ont plus cours, l’artiste s’exprime dans un langage plastique qui lui appartient. Il suffit de se laisser prendre au jeu de la narration pour nous retrouver entraînés au coeur de la poésie et de la joie.

L’infini dans l’art

Nous nous trouvons face à des formes simples dépouillées et identifiables « Les formes s’engendrent en se transformant » disait l’artiste.  Les lignes sont pures et les boules presque rondes. Avec un sens des volumes fascinant, Miro créé un univers de signes et de symboles. L’artiste affirme autant son aptitude à produire des formes que sa capacité incroyable d’en sortir. On touche là à la dimension spirituelle de l’artiste.

« Si nous ne tâchons pas de découvrir l’essence religieuse, le sens magique des choses, nous ne ferons qu’ajouter de nouvelles sources d’abrutissement à celles qui sont offertes aujourd’hui aux peuples, sans compter », écrit-il dans Cahiers d’art en 1939.

Quand la forme sort de la forme,  elle devient un sens transmis à autrui, une énergie de naissance, une force.

Oiseau dans la nuit 1967

Oiseau dans la nuit 1967

Miro révolté

Miro sait que l’art n’est pas la vie et que celle-ci impose de franchir des obstacles. Son travail ouvre des voies à la beauté et à son contraire, la menace. Les positions politiques de l’artiste transparaissent silencieusement à travers des références aux tonalités sombres que l’on retrouve dans son oeuvre, face à la Guerre civile espagnole, ou encore mai 1968. Il s’est réfugié à Paris en 1936. C’est un homme courtois mais loin d’être insensible.

Un jour, que Franco faisait exécuter un révolutionnaire et Miro était en train de peindre en écoutant la radio, il raconte avoir baissé son pantalon pour déféquer sur sa toile et s’exclamer «quelle belle matière».

Sur un autre chemin, celui de la liberté apparaît une représentation de la relation homme/femme. « La femme n’échappe pas au rejet général de Miro pour la conventions qui régissent la représentation de la figure humaine. souligne Stéphane Tarroux. « Ce que j’appelle femme, ce n’est pas la créature femme, c’est un univers » précise l’artiste. Dans une belle scénographie, l’exposition présente une dizaine de toiles interdépendantes réalisées à plusieurs mois d’intervalle de la série femme et oiseau.

Quitter la terre

Vipère exaspérée devant l'oiseau rouge 1955

Vipère exaspérée devant l’oiseau rouge 1955

Le goût prononcé du peintre espagnol pour l’esthétique le convie à une interrogation de l’infiniment grand des constellation. Des années 1939-1941 au composition des années 70 l’artiste fait un triomphe au Comos et à l’admirable nature. « Cette échelle de l’évasion qui est souvent mise en valeur dans mon oeuvre représente une envolée vers l’infini, vers le ciel en quittant la terre.»

Cet axe également présenté au Musée Paul Valéry confirme son éloignement de toute représentation de la réalité visible. Aux antipodes du descriptif et de la matériologie Miro nous rappelle que l’art n’est jamais l’objet que l’on a devant les yeux. L’invisible est partout, son oeuvre est une porte d’entrée que l’on traverse pour aller vers d’autres espaces un passage vers l’expérience non visible.

Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 25/08/2014

Photo : Blog en revenant de l’expo

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Printemps des poètes Vénus Khoury-Ghata : Métaphores percutantes

Sète. Vénus Khoury-Ghata dimanche au Musée Paul Valéry.

Une femme aimante et libre.

Une femme aimante et libre.

Dans le cadre du Printemps des Poètes, une grande dame de la poésie est attendue dimanche à Sète; la poétesse d’origine libanaise Vénus Khoury-Ghata répondra à l’invitation du musée Paul Valéry en collaboration avec la Maison de la poésie de Montpellier-Languedoc. Insatiable et passionnée, Vénus Khoury-Ghata a su s’imposer très naturellement dans un monde d’homme et devenir l’une des plus célèbres écrivains et poétesses françaises.

Entre France et Liban; entre Orient et Occident, de  «l’araméen caillouteux» à «l’arabe houleux» et dans un français puissant, la mémoire des êtres aimés et blessés, une mère, un frère et celle d’un époux perdu, donnent à cette voix de femme aimante et libre un échos rapidement reconnu et une profondeur universelle.

Elle a bâti au fil des ans une œuvre riche, alternant poésie et roman, couronnée par de nombreux prix : prix Apollinaire pour «Les ombres et leurs cris», prix Mallarmé pour «Un Faux pas du soleil», grandprix de Poésie de la SGDL pour l’ensemble de son œuvre, grand prix de poésie de l’Académie Française.

Lecture poétique  et musicale de dim 16 mars à 16h, dans les jardin du Musée Paul Valéry entrée libre.

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Quarté dans le désordre du monde au Musée Paul Valéry

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Liu Zhengyong « Looking Ahead », Jean Denant « Mappemonde », Grisor, C Gonzalez « El enjambre ». Photo DR

Musée Paul Valéry. Jean Denant, Curro Gonzalez, Grisor, Liu Zhengyong, « 4 à 4 », un nouveau cycle d’art contemporain.

Un nouveau cycle d’art contemporain s’ouvre au Musée Paul Valéry de Sète avec 4 à 4, première manifestation d’un rendez-vous qui se tiendra tous les deux ans et sera consacré à quatre artistes reconnus sur le plan international. Depuis samedi, on peut découvrir la première exposition issue, cette année, d’une collaboration avec Art Up !, la foire d’art contemporain de Lille qui s’est tenue en février dernier*. Le Musée Paul Valéry était présent au rendez-vous lillois offrant aux visiteurs un aperçu du travail des quatre artistes présentés actuellement en Île singulière.

Si Jean Denant (Sète), Curro Gonzalez (Séville), Dominic Grisor (Lille) et Liu Zhengyong (Pékin), oeuvrent dans le champ de la figuration, la juxtaposition permise à Sète donne une idée de la diversité à laquelle nous avons à faire. Le parcours débute avec Jean Denant qui partage sa conception du territoire. Un monde où se mêlent et s’opposent construction et déconstruction, un monde en chantier, un monde où l’homme qui se pense architecte en chef apparaît fragile. Dans L’Enterrement, l’artiste représente une scène de mise en bière. Le premier plan est occupé par un homme qui creuse à la pelle. Derrière lui en négatif, apparaissent les personnages proches du défunt. L’ensemble réalisé sur un tableau noir à la craie non fixée, dégage une force mystérieuse que l’on imagine disparaître et réapparaître en fonction des regards se portant sur le tableau.

Le Sévillan Curro Gonzalès joue d’une autre façon sur la notion de disparition en interrogeant la modernité. Il nous présente un monde familier teinté d’un « humanisme pessimiste » où se côtoient ironie et violence. Les couleurs sont parfois agressives. Les objets de consommation apparaissent comme des vecteurs de confusion. Dans le grand format El enjambre, l’artiste dissimule des grands hommes comme des cicatrices de l’histoire.

Les toiles de Liu Zhengyong font preuve d’une maîtrise enviable. Empreints d’un expressionnisme qui touche au spirituel, ses sujets, souvent des duos, affirment l’identité humaine à travers le temps tout en intégrant fortement le présent. Le peintre ose des conflits de teintes étonnantes. La matière picturale s’inscrit avec puissance et trouve sa liberté guidée par la lumière.

Fortement inspiré par le graphisme Dominic Grisor revisite les signes et les symboles de la profusion visuelle dans laquelle nous baignons pour inventer de nouvelles lignes. L’artiste fait preuve d’une belle maîtrise de l’espace et de l’épure.

JMDH

4 à 4 au musée Paul Valéry de Sète jusqu’au 11 mai.
Renseignements au 04 99 04 76 16
* voir notre édition du 5 février

Source : La Marseillaise 03/03/2014

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