Sebastian Pinera remporte l’élection présidentielle au Chili

 

Sebastian Pinera

Le milliardaire de droite Sebastian Pinera a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle au Chili face à Eduardo Frei, mettant fin à 20 ans de domination de centre gauche sur la vie politique du pays. Pinera a récolté près de 52% des suffrages contre à peine plus de 48% à Frei, candidat de la coalition de gauche, qui a rapidement reconnu la victoire de son adversaire. « Je tiens à féliciter Sebastian Pinera », a dit l’ancien président, au pouvoir de 1994 à 2000. « Je lui souhaite de réussir pendant son mandat. » La victoire de Pinera, âgé de 60 ans, marque un retour de la droite sur la scène politique en Amérique du Sud, où la gauche a enchaîné les victoires électorales ces dernières années, de Montevideo à Buenos Aires et de Caracas à La Paz. « Nous avons besoin d’un État fort et efficace avec plein de muscles et peu de graisse », a déclaré Pinera devant des milliers de partisans en liesse dimanche soir à Santiago. « Nous avons besoin d’un État qui aide les gens dans le besoin et les classes moyennes à aller de l’avant », a ajouté le milliardaire, qui prendra ses fonctions au mois de mars.

C’est la première fois que la droite devance la gauche dans une présidentielle au Chili depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet et le retour de la démocratie en 1990. La très populaire présidente sortante, la socialiste Michelle Bachelet, ne pouvait légalement briguer un nouveau mandat. Mais nombre de Chiliens s’étaient dit déçus par la coalition de centre-gauche « Concertacion », estimant que le gouvernement aurait pu mieux utiliser les milliards de dollars de revenus tirés de l’exploitation du cuivre. Ils semblaient également lassés par la vieille garde politique du pays. « DE L’AIR FRAIS » « Les gens voulaient du changement. Ils voulaient respirer après 20 ans de règne de la Concertacion », a déclaré Patricia Acosta, une publiciste de 39 ans célébrant la victoire de Pinera.

Formé à l’université américaine de Harvard, Pinera est classé 701e fortune mondiale par le magazine Forbes. Il était le favori des marchés financiers. Soucieux de faire entrer « de l’air frais » et d’apporter du « changement » au pays, le candidat de la droite a su se démarquer de l’héritage de la dictature militaire, endeuillée par la mort ou la « disparition » de plus de 3.000 personnes et quelque 28.000 cas de torture. L’un de ses frères fut ministre de Pinochet et une partie de son entourage a travaillé pour la dictature. L’homme d’affaires, qui a fait fortune en introduisant les cartes de crédit au Chili, s’est engagé à relancer l’économie en créant un million d’emplois. Il promet un taux de croissance annuel de 6% grâce à des allègements fiscaux pour inciter les entreprises à recruter. L’économie du Chili, qui repose sur le cuivre et les exportations de saumon, d’agrumes et de vins, émerge de sa première récession en dix ans. Ses détracteurs estiment que le projet de Pinera dépend trop largement de la capacité du secteur bancaire à créer des emplois et d’une reprise générale progressive assortie d’une demande maintenue pour le cuivre. Il risque aussi d’avoir des difficultés à faire adopter ses réformes à un Congrès divisé. Il a promis par ailleurs de céder ses parts dans la compagnie aérienne LAN avant sa prise de fonctions en mars. Certains analystes estiment que le ralliement à Frei du producteur de films Marco Enriquez-Ominami – arrivé en troisième position au premier tour avec 20% des voix -, mercredi, a été trop tardif et trop tiède pour lui permettre une victoire qui aurait été autrement arithmétiquement logique.

Reuter

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