Poètes méditerranéens sous le signe d’une alternance temporelle

La poésie en liberté dans l’espace public sétois. Photo dr

La poésie en liberté dans l’espace public sètois. Photo dr

Bilan. Après neuf jours de transmission le festival de poésie méditerranéenne Voix Vives enregistre une hausse de sa fréquentation et de son intensité.

En dépit de la situation alarmante qui enflamme les pourtours du bassin méditerranéen, en dépit des réductions de la dotations d’État aux villes et aux communes qui se répercute comme une malédiction sur les budgets culturels, en dépit de la mort mais pas de la vie, le bilan de la sixième édition du festival de Poésie Voix Vives à Sète s’avère positif et réjouissant !

« Au delà des chiffres de fréquentation, il y avait cette année une densité des êtres présents, esquisse la directrice Maïthé Vallès-Bled, une conscience aiguë chez les poètes de l’espace de douceur et de rencontres offert par la ville de Sète et ses habitants
Il ne serait pas étonnant que ce sentiment global fort saisissant  « d’échange fraternel permanent », s’exprime par contraste au spectacle de la guerre et de la misère.

« On a senti le public et les poètes liés par les uns et les autres à la situation en méditerranée. J’ai pour la première fois entendu des poètes me dirent : Je n’ai pas envie de revenir dans mon pays » confie la directrice. Peut-être cette rançon de l’intelligence sensible qui faisait dire à Bergson que l’homme ne peut pas exercer sa faculté de penser sans se représenter un avenir…

Et toujours cette forte détermination pour le combat des poètes, occupés à faire grandir l’être qui est en eux. Combat que résume bien la phrase de la poétesse canadienne Louise Dupré qui trônait derrière la scène de la place aux livres : « Non, j’écris tes lettres à l’envers, c’est toujours non », ou les textes révoltés contre les marchés du poètes portugais Luis Filipe Sarmento dont on se demande bien pourquoi ils n’ont pas trouvé d’éditeur français pour être traduits.

La poésie sait attendre, sa force est douce et inébranlable. On ne résiste pas avec l’écriture, affirme le tunisien Abdelwaheb Melaoueh mais en étant poète. « Un poète file en TGV vers la mort sans savoir qu’il est le train », dit-il encore. C’est beau comme un avion sans aile.

Sous d’autres cieux, il fut question d’amour, autre grand combat de la vie qu’ont notamment célébré les trois grands poètes libanais Salah Stétié (de son lit d’hôpital) Vénus Khoury-Ghata et Adonis. « Quelle chance inouïe de pouvoir écouter de la poésie en allant faire son marché », s’exclamait une femme sétoise qui garde le mot de la faim.

 JMDH

Les retrouvailles avec les poètes entendus durant le festival sont permises avec l’Anthologie Voix Vives 2015 disponible aux éditions Bruno Doucey.

Source : La Marseillaise 08/08/2015

Voir aussi : Rubrique Festival, Voix vives 2015, site officiel, Sans frontières les poèmes disent l’essentiel, rubrique Livre, Poésie, rubrique /Méditerranée,