Saperlipopette rêves d’hier aux goûts du jour

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Roue libre par Les Nouveaux Nez&Cie Crédit Photo Daniel Michelon

Jeune public. Le festival des enfants et des parents Saperlipopette démarre demain au Domaine D’O et se poursuit jusqu’au 29 mai dans tout l’Hérault.

Il faudra se coucher tôt ce soir pour être en forme demain et après-demain afin de profiter d’une immense partie de cache-cache dans le parc du Domaine D’O. On y découvrira au gré des chemins et bosquets une multitude de spectacles sélectionnés avec attention par Isabelle Grison, la directrice de ce festival jeune public. « Pour sa 19e édition, Saperlipopette nous emmène dans nos souvenirs les plus tendres sur le thème : Il était une fois aujourd’hui. » Et ce aujourd’hui revêt toute son importance car « les artistes choisis ont en commun l’adaptation des histoires à la sauce contemporaine… Un peu plus de cruauté par ci, un peu plus d’humour par là ! qui garantissent un peu de bousculade dans le souvenir des grands. »

On retrouvera ainsi Blanche neige et moi, par la compagnie La servante qui explore à travers un texte audacieux la quête d’identité. Ceux qui attendent la petite farandole des 7 Nains rentrant du boulot resteront sur leur faim. Ici le nain Edwin souffre de schizophrénie et regroupe sept personnalités en un seul petit homme. Avec Boris et les sœurs Sushis, la Cie sétoise Effet mer poursuit l’exploration de la complexité à s’intégrer dans la société pour des personnages hors normes. Les trois personnages principaux sont des enfants.

La Cie Théâtre du Petit Pois, propose une libre adaptation du chef d’oeuvre de Lewis Carrol avec Le Thé d’Alice qui associe Théâtre, conte, marionnettes et livre pop-up. Le théâtre Magnétic de Bruxelles ressort du tiroir trois petits cochons paumés, un loup très malin pour nous conter une histoire désossée. Dans l’amphithéâtre, les Nouveaux Nez& Cie se déploient sur deux ou une roue provoquant l’émoi des premières et incertaines promenades à vélo.

La Cie des Plumés met ses poules sur leur trente-et-un pour leur numéro de dressage. Le spectacle Prends-en de la graine mêle le cirque, le théâtre et l’art du clown dans un numéro surprenant et poétique. Bien d’autres propositions d’ouverture au monde sont à l’affiche de Saperlipopette ce week-end au Domaine D’O avant de partir sur les routes héraultaises.

JMDH


Entrée nord samedi 7 mai et dimanche 8 mai de 12h à 20h. Achat des places sur place.

Source : La Marseillaise 06/05/2016

Magique boite à joujoux

La chorégraphie restitue la dimension comique de l’oeuvre ph Marc Ginot

La chorégraphie restitue la dimension comique de l’oeuvre. Photo Marc Ginot

Jeune public. L’Orchestre national de Montpellier et Montpellier Danse s’associent pour faire rêver les enfants

Un public vraiment rajeuni se pressait à l’entrée de l’Opéra Comédie samedi où l’on jouait les prolongations des fêtes de noël avec la présentation de La boite à Joujoux dans une version inédite. Le chorégraphe et danseur hip hop Hamid El Kabouss signe la chorégraphie de ce ballet pour enfants en quatre tableaux composé par Debussy en 1913.

Le musicien se consacra avec enthousiasme à ce projet qu’il dédia à sa fille Claude-Emma, dite « Chouchou », alors âgée de sept ans. Il déclarait même composer en arrachant « des confidences aux poupées de Chouchou » rappelle le narrateur au début du spectacle. Le conte musical raconte comment un soldat tombe amoureux d’une poupée ayant déjà promis son coeur à un polichinelle feignant.

Il est restitué dans une scénographie soignée où s’insèrent les dessins du plasticien Vincent Fortemps. L’Orchestre de Montpellier dirigé par le jeune chef David Niemann prend du plaisir à jouer. Hamid El Kabouss et ses danseurs insufflent une belle énergie à la pièce en se mettant totalement au service de l’oeuvre. Le verdict des enfants tombe, silence et yeux grands ouverts.

JMDH

Source : La Marseillaise 19/01/2016

Voir aussi : Rubrique Musique, rubrique Danse, rubrique Montpellier,

Festival Jeune public : Saperlipopette 2011

La barbe bleue, La Compagnie

Saperlipopette a débuté ce week-end au Domaine d’O en s’ouvrant sur une profusion de propositions artistiques. Destinées prioritairement au jeune public mais pas seulement. La manifestation a survécu au désistement du CDN* grâce à la volonté politique du Conseil général qui affirme son plein soutien au festival. Saperlipopette a su démontrer la pertinence de ses objectifs. Celle d’une offre artistique de qualité en direction de l’enfance d’abord et dans la perspective plus lointaine mais tout aussi importante, d’éveiller culturellement le public de demain.

Pour Isabelle Grison qui conduit le projet et en assure la programmation sous la responsabilité de Christopher Crimes, il s’agit métaphoriquement d’offrir des cadeaux. Sans se départir de son enthousiasme, elle évoque aussi l’intérêt de s’éloigner de la télévision. On trouvera peu de monde pour la contredire. Le succès de la manifestation, qui rassemble 20 000 personnes à Montpellier sur deux week-ends et 10 000 sur les spectacles décentralisés avec un final à SortieOuest, en témoigne.

Autre critère qualitatif, la satisfaction du public se jauge sur place. Chaque année les artistes soulignent la qualité de sa réception. Par ailleurs, les adultes sans enfant croisés sur les lieux semblent tout aussi captivés par ce qui se passe que les familles accompagnatrices. Ce qui plaide objectivement en faveur de cet espace dédié à l’imaginaire.

Saperlipopette essaime sa bonne humeur sur 19 communes du territoire départemental. Les propositions de spectacles sont relayées par les quatre agences culturelles du Conseil général qui œuvre à l’année avec les forces vives locales – souvent issues de la société civile – pour répartir et faire émerger l’offre culturelle. Dans le cadre du festival, les communes intéressées par un spectacle bénéficient d’une subvention à hauteur de 50% du coût global de production.  A Montpellier, le Domaine d’O inaugure cette année l’Espace planète dédié aux découvertes prenant en compte le futur du monde. Cet espace se joint aux cinq autres champs d’exploration artistique : musique, théâtre, danse, marionnettes et cirque. Bref, on peut plonger à tout âge dans Saperlipopette, l’eau y est pure et pas froide.

Danse : Le spectacle d’Anne Lopez explore avec humour l’univers corporel du Duel. En un clin d’œil

A l’origine, la pièce Duel n’était pas destinée au jeune public. Le spectacle de la chorégraphe Anne Lopez a pourtant été sélectionné par la programmatrice Isabelle Grison qui y a décelé une matière propre à emporter les jeunes spectateurs. Rien de violent, tout au contraire, explique la chorégraphe montpelliéraine. « Je suis tombée sur la réforme de 1828 qui met fin à la pratique des duels jusqu’alors très prisée chez les hommes soucieux de laver leur honneur. Je me suis dit que parfois un bon duel vaut mieux qu’une longue procédure. Cela permet souvent de désamorcer les conflits sans faire de victime et par extension d’éviter des guerres.  De là m’est venue l’envie de faire un spectacle avec l’hypothèse que la danse, qui est accessible à tout le monde, permet aussi d’éviter les conflits. »

Avant cette législation, l’homicide commis en duel ne pouvait constituer un meurtre ce qui a ouvert une voie royale à toutes sortes de fantasmes exploités au cinéma. La pièce de la Cie Les gens du Quai les passe en revue avec humour. Le spectacle s’articule comme une série de clins d’œil en référence aux scènes d’anthologie de Il était une fois dans l’Ouest, Les sept samouraïs, Les duellistes… « Duel offre une vision kaléidoscopique où l’on passe d’un pays, d’une époque, d’une temporalité à l’autre en jouant sur les représentations de manière ludique confie Anne Lopez, Les cinq danseurs ne font pas semblant. Ils sont vraiment dans le jeu. J’aime ancrer les situations dans la réalité. »

Sur scène, cette volonté se traduit par un plateau nu où les corps des cinq duellistes se déploient dans l’espace en une infinité de figures, sans renoncer pour autant à la transgression des modèles. « Je souhaitais que les danseurs expriment leurs côtés sensibles. L’homme n’est pas qu’un type fait pour partir au combat. » La pièce a déjà été présentée aux scolaires. Anne Lopez évoque la spécificité du jeune public dont le rapport au corps est « plus naturel ». Contrairement aux adultes chez qui la volonté de conscientiser limite parfois la transmission d’imaginaires, les émotions passent plus simplement, de manière plus directe et plus fluide. « C’est impressionnant, les enfants lisent le spectacle par empathie physique en se projetant dans les corps qu’ils voient sur scène. Parfois je les vois monter sur le dos du danseur. »

Dépasser une situation qui prête au drame, un vrai art

« Je me rappelle à toi » un spectacle de marionnettes autour de la mémoire brouillée de grand mère.

La Cie héraultaise les Voisins du dessus présente « Je me rappelle à toi », un spectacle de marionnettes destiné au public de 6/12 ans qui aborde une réalité à laquelle sont confrontés les enfants face à la mémoire défaillante de leurs grands-parents. Cette création signée  Dominique Latouche s’inspire d’un livre jeunesse de Jo Witek. « Nous avons été saisis par ce sujet sensible qui concerne beaucoup de monde, explique le metteur en scène qui fabrique lui-même les marionnettes et les décors de ce spectacle. Les maladies liées à la perte de la  mémoire posent souvent les conditions d’une relation pénible, lourde et immuable. Cette situation où l’on ne sait pas ce qu’il se passe dans la tête d’une personne que l’on aime s’apparente au drame mais on peut voir les choses autrement ».

A travers la relation privilégiée d’une petite fille avec sa grand-mère, la pièce donne une lecture très poétique du lien filial. Le spectacle s’empare de cette matière dramatique pour nous faire pénétrer dans un univers onirique presque surréalisme, où le cocasse a sa place. L’octogénaire ne parle pas. Elle est simplement au centre de ce qui lui arrive. La curiosité de sa petite fille motive sa mémoire. L’enfant décrypte les attitudes imperceptibles traduites sur la scène par le mouvement d’une vie qui passe. La grand-mère s’éloigne, l’immédiateté lui échappe. Sa vie d’hier et d’aujourd’hui se mêlent. L’esthétique tire partie de cette vision déformée. « La maladie transforme les éléments scénographiques pour virer à l’abstrait. C’est un peu l’illustration du cheminement de la pensée », commente humblement  Dominique Latouche. La manipulation à vue libère une émotion perceptible. Les spectateurs sont saisis par la sincérité des artistes. L’impact est immédiat.

Jean-Marie Dinh

Les 7 et 8, 14 et 15 mai au Domaine d’O. Du 27 au 29 mai au Domaine de Bayssan et dans tout le département. Programme et Rens www.domaine-do-34.eu

Voir aussi : Rubrique Politique Culturelle, rubrique Danse, rubrique Théâtre ,