Venezuela: Chavez exproprie une chaîne d’hypermarchés franco-colombienne

hugo-chavezLe président socialiste du Venezuela Hugo Chavez a ordonné dimanche l’expropriation de la chaîne d’hypermarchés franco-colombienne Exito (groupe Casino), accusée d’avoir augmenté ses prix à des fins « spéculatives » après la dévaluation de la monnaie locale le 8 janvier.
« La chaîne Exito passe sous contrôle de la République, en raison de nombreuses infractions aux lois vénézuéliennes », a déclaré M. Chavez sous les applaudissements lors de son programme radio-télévisé hebdomadaire, « Alo Presidente » (Allo Président). « Jusqu’à quand allons-nous permettre qu’une multinationale vienne faire cela ici? J’ordonne que l’on ouvre une enquête et j’attends la nouvelle loi pour entamer une procédure d’expropriation de la chaîne Exito », a ajouté le chef de file de la gauche radicale latino-américaine. M. Chavez a demandé au parlement, où ses partisans sont largement majoritaires, d’adopter « en urgence » une réforme de la loi de défense du consommateur, afin de permettre à l’Etat d' »exproprier » les commerces qui augmentent leurs prix à des fins « spéculatives ».

La chaîne colombienne Exito, dont l’actionnaire majoritaire est le groupe français Casino, possède plusieurs grands magasins au Venezuela.     « Cela doit passer sous contrôle de la nation. Cela peut faire partie de Comerso », a affirmé M. Chavez, en faisant référence à la Corporation de Marchés socialistes, un nouveau réseau de commerces vendant à des prix cassés divers types de produits. Il y a dix jours, le gouvernement a dévalué le bolivar, qui s’échangeait depuis 2005 au taux de 2,15 bolivars pour un dollar, et instauré un double taux de change pour stimuler la production nationale, dans un pays largement importateur.

Le bolivar s’échange désormais à 2,60 bolivars pour un dollar pour les importations des produits de base (santé, alimentation, équipements) et à 4,30 bolivars pour les autres (voitures, télécommunications, électronique…). Les économistes redoutent que cette dévaluation n’alimente l’inflation dans un pays où les prix ont augmenté de 25% en 2009. Par peur d’une valse des étiquettes, bon nombre de Vénézuéliens se sont rués dans les magasins au lendemain de l’annonce gouvernementale pour acheter notamment des appareils électroménagers importés.     En réaction, le président Hugo Chavez avait menacé d’exproprier les commerçants qui augmenteraient les prix de manière abusive.     Peu après, un hypermarché de Caracas appartenant au groupe Exito avait été le premier magasin investi par la garde nationale. Des dizaines d’autres commerces ont depuis subi le même sort.

M. Chavez, arrivé au pouvoir en 1999, a déjà exproprié plusieurs entreprises vénézuéliennes et étrangères depuis 2007 dans le cadre de sa politique de nationalisations de plusieurs secteurs stratégiques, comme le pétrole, l’électricité, les télécommunications, la sidérurgie, le ciment ou les banques.

« Si le climat était une banque, il serait déjà sauvé » l’étonnant discours d’Hugo Chavez à la COP15

President of Venezuela Addresses General Assembly

À l’occasion de l’ouverture de la COP21 à Paris, retour sur le discours prononcé par Hugo Chávez, ex-président de la République du Venezuela, au Sommet Climatique des Nations Unies à Copenhague (COP15) le 16 décembre 2009. Dans cette prise de parole engagée, M. Chávez fait le lien entre inégalités sociales et changements climatiques. Selon lui, le capitalisme est intrinsèquement lié à la crise environnementale et combattre l’un ne peut se faire sans combattre l’autre. 5 « COP » plus tard, son discours, qui met en garde contre les échecs répétés des grandes conférences climatiques, semble toujours d’actualité.

Toutes les grandes conférences internationales sur le climat ont été un échec jusqu’à aujourd’hui. Lors de chaque nouvelle conférence, la panique est de plus en plus grande et des moyens plus élevés sont injectés dans des discussions dont rien ne semble aboutir. Et pour cause, les bases mêmes des rouages productivistes ne sont pas questionnés. En 2009, pour la COP15, M. Chávez prenait la parole devant les Nations Unis, à l’occasion du Sommet Climatique de Copenhague. Outre son orientation politique qui lui est propre, ainsi qu’au peuple qu’il représente (majorité chrétienne), il va tenir un discours d’une étonnante clarté sur notre incapacité à mettre en cause les rouages profonds du système qui accable l’environnement, dont la course effrénée à la croissance ininterrompue et le cercle prétendument vertueux de la production / consommation.

Surtout, il est l’un des premiers à faire le lien publiquement entre les inégalités de richesses au niveau international et les inégalités face à la crise climatique – thèse développée dans le dernier livre de Naomi Klein : Tout peut changer – Capitalisme et changement climatique). Aujourd’hui, on constate que les plus touchés par le changement climatique sont en effet les plus pauvres. Ce sont pourtant les habitants des pays… qui ont le moins contribué au réchauffement. On notera également que M. Chávez rendit un bel hommage à Hervé Kempf, directeur du journal Reporterre, devant les représentants de l’ONU.

En dehors de tout parti pris partisan, ce discours face à tous les chefs d’États semble sortir des normes en proposant une vision alternative de la question écologique : sortir du capitalisme débridé pour prendre collectivement des  décisions qui réguleraient le marché en faveur de la préservation de l’environnement. Faut-il faire émerger un éco-socialisme ? À chacun d’en juger.

« L’activité humaine actuelle dépasse le seuil du développement durable et met en danger la vie sur la planète. Mais, je tiens à le souligner, nous sommes là aussi profondément inégaux. Les 500 millions de personnes les plus riches, soit 7%, sept pour cent, de la population mondiale, ces 7% sont responsables de 50% des émissions polluantes, alors que la moitié la plus pauvre de la population de la planète – la moitié, 50% – n’émet que 7% des gaz polluants. »

Source Mondialisation 16 décembre 2009

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Ecologie, rubrique Politique, Politique Internationale, Société civile, Grande action de désobéissance pour le climat, rubrique SociétéCOP21 : Annuler les manifs, c’est se déclarer vaincus face à la menace,

Bolivie: Elio Morales réélu pour un deuxième mandat

morales-bolivieEvo Morales, le président socialiste de la Bolivie, a été réélu triomphalement dimanche au premier tour de l’élection présidentielle, avec 61 à 63 % des voix. C’est près de 10 points de plus que les prévisions des sondages préélectoraux, confirmant l’assise populaire du premier chef d’Etat indien (aymara) de la Bolivie en 184 ans d’indépendance.

Les résultats officiels ne seront pas proclamés avant lundi, mais selon les sondages sortie des urnes de trois instituts, confirmés par des projections du décompte, M. Morales distance de près de 40 points son premier rival de droite, l’ex-militaire et gouverneur provincial Manfred Reyes Villa, à 23-25 %  des voix. L’entrepreneur et ex-ministre de centre droit Samuel Doria Medina est crédité de 7 % à 10 %. Quant au parti présidentiel, le Mouvement vers le socialisme (MAS), il recueillerait 24 ou 25 des 36 sièges du Sénat, soit la majorité absolue des deux tiers. Il était déjà majoritaire à la Chambre des députés.

Ce contrôle du Parlement garantit au gouvernement une mise en œuvre sans entrave de sa « refondation » socialiste et pro-indigène du pays, sur la base de la nouvelle Constitution adoptée en janvier 2009. Il lui permet surtout, le cas échéant, d’amender la Constitution, par exemple sur le nombre de mandats présidentiels – deux consécutifs actuellement. Il lui donne enfin les mains libres pour les nominations, dans la justice en particulier. La toute-puissance du MAS est redoutée par l’opposition et préoccupe aussi des observateurs. La droite dénonce un risque de dérive despotique de la part d’Evo Morales, dans la lignée du président vénézuélien Hugo Chavez, son allié et mentor de la gauche radicale latino-américaine. Dimanche matin, M. Morales a d’ailleurs laissé planer la possibilité d’un troisième mandat, estimant que sur la base d’une nouvelle Constitution, son 2e mandat peut-être considéré « comme une première élection ».

Les élections se sont déroulées dans un climat « de tranquillité et de paix », selon la mission d’observateurs de l’Union européenne. Le climat contraste avec la tensions de 2007-2008, qui poussa le pays au bord de la guerre civile, après une fronde autonomiste dans l’Est prospère, fief de l’opposition, et des violences politiques qui firent des dizaines de morts. « La polarisation politique continue », a dénoncé dimanche soir le candidat battu Reyes Villa, promettant de lutter au Parlement dans la « tranchée de la démocratie » contre des abus de pouvoir.

L’ancien syndicaliste et ex-planteur de coca devrait renforcer la mainmise de l’Etat sur l’économie lors de son second mandat. Il a promis de créer des entreprises publiques dans la cimenterie, le papier, les produits laitiers et le secteur pharmaceutique. Evo Morales veut que le pays se développe dans les secteurs du fer et du lithium de façon à ce que la Bolivie exporte plutôt des produits à valeur ajoutée plutôt que de matières premières. Le carbonate de lithium est le principal composant des batteries rechargeables qui équipent les ordinateurs portables, les téléphones mobiles et les appareils photo numériques. La demande pour ce métal pourrait exploser si les constructeurs automobiles se lançaient dans la fabrication à grande échelle de véhicules électriques.

Très critique envers les Etats-Unis, Evo Morales entretient des relations difficiles avec Washington, notamment en matière de politique de lutte contre la drogue. La Bolivie est le troisième producteur mondial de cocaïne. Le président, ancien cultivateur de feuille de coca, a dit vouloir limiter la production de cocaïne, tout en permettant la culture de la feuille pour la mastication traditionnelle et sa consommation en infusion. Certains estiment que cette politique a contribué au contraire au développement de la production.

Reuter