Phèdre mis en scène par Renaud Marie Leblanc

AFFICHE 120x176-PHE DRE OK:AFFICHE 120x176-PHE DRE OKÀ Trézène, Phèdre, seconde épouse du roi Thésée, est amoureuse de son beau-fils Hippolyte. Cette passion lui semble si monstrueuse qu’elle souhaite mourir plutôt que d’avouer son amour. Elle confie à OEnone, sa nourrice, l’origine du mal qui la consume. Bientôt circule la rumeur de la mort de Thésée, absent depuis de longs mois… On a beaucoup écrit sur le théâtre de Racine, sur sa perfection, son lyrisme, son équilibre, mais aussi sur la manière avec laquelle il a porté, au travers de son écriture, la tragédie française à son paroxysme classique. Tout cela a contribué à son aura bien au-delà des bornes du XVIIe siècle. Après Phèdre, Racine se taira ; il ne ré-abordera le théâtre que des années plus tard, par le biais de pièces bibliques et religieuses. Il se tait pour se consacrer à la religion, et quitte définitivement la scène païenne. Pourquoi ce silence après Phèdre ? Sans doute parce que cette pièce est un monstre.

Phèdre est la maladie qui atteint la lumière. Son éclat – Phaedra, étymologiquement “la brillante” – presque maladif et épidémique, modifie la structure même de l’air qu’elle respire. Phèdre est un poison qui contamine son environnement. J’imagine tout un travail autour de l’ombre, de la fuite, du secret et de l’aveu. Phèdre est malade de sa passion ; elle répand cette maladie autour d’elle. Notre travail s’attachera à la mutation physique, à ce que la passion crée de différent en nous et de mortifère. Il faudra se concentrer avec les acteurs sur cette perdition, cette complaisance de l’être à la maladie. Qu’on ne s’étonne pas du scandale moral que la pièce produisit en son époque : ce n’est pas tant le désir de l’héroïne pour son beau-fils que cet abandon charnel et décadent qui fit se replier Racine vers son silence puritain.

Pas question ici de martyriser l’alexandrin et de mégoter sur l’emploi de la syllabe muette. Tout doit être entendu et prononcé, fidèle en cela aux règles en vigueur au XVIIe siècle. Il s’agit d’une écriture où le fond ne peut pas se dissocier de la forme, et où l’image naît tout autant du plateau, que de la force évocatrice des mots.

Renaud Marie Leblanc

Voir aussi : Rubrique Théâtre la critique du spectacle – Théâtre des Treize Vents :  du 10 au 21 novembre avec : Avec Roxane Borgna, Fabrice Michel, Jan Peters, Francine Bergé, Perrine Tourneux, Olivier Barrère, Véronique Maillard.