Législatives : France insoumise et PC échouent à s’allier

Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon en 2014.  (LP/OLIVIER LEJEUNE.)

Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon en 2014. (LP/OLIVIER LEJEUNE.)

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon  dit en avoir assez des revirements de Pierre Laurent. Le secrétaire national du PCF, lui, accuse les mélenchonistes d’avoir préféré des discussions «rabougries».

Immanquablement, chacun se renverra la responsabilité. Le parti de Jean-Luc Mélenchon, la France insoumise, a annoncé mardi qu’il n’y aurait pas d’accord pour les élections législatives de juin avec le Parti communiste (PCF).

Dans un communiqué, Manuel Bompard, directeur des campagnes du mouvement mélenchoniste, se dit « excédé par des combinaisons sans principe » proposées par les communistes. Selon lui, « Pierre Laurent a décidé de rompre les discussions », ce qu’il « déplore ».

Un peu plus tôt, mardi, le n°1 du PCF avait renouvelé avec « un peu de colère » son appel à un accord avec La France insoumise, alertant qu’il ne restait que « quelques heures », pour tenter de peser. Mais la France insoumise s’est montrée intraitable. prévenant qu’il ne restait que « quelques heures » pour une telle entente.

Plusieurs points de mésentente

Les discussions achoppaient sur plusieurs points. Du point de vue des communistes, les discussions ne portaient que sur des retraits réciproques de candidatures dans une quinzaine de circonscriptions (sur 577). « Très étriqué », selon Pierre Laurent, qui espérait sans doute mieux après avoir convaincu ses militants de soutenir Mélenchon à la présidentielle. Il ne pouvait qu’être chagriné d’entendre Mélenchon se lancer seul dans la bataille dès dimanche soir, en appelant ses électeurs du premier tour à se « fédérer » contre Emmanuel Macron, « nouveau monarque présidentiel ».

Du point de vue des Insoumis, la direction du PCF se montrait trop gourmande et versatile. « Tour à tour, la direction du PCF a rejeté tout accord national, puis a demandé 50% des circonscriptions (ainsi que le renouvellement de ses députés sortants), puis un échange de 20 circonscriptions, puis de 13, puis a rompu. Dans le même temps, elle a conclu des accords départementaux avec le PS et EELV comme dans la Somme et le Jura », accuse Manuel Bompard, qui se dit « excédé par des combinaisons sans principe, illisibles pour nous qui voulons faire naître une nouvelle majorité ».

Le PCF tentera des accords localement

Le parti mélenchoniste n’a pas non plus apprécié que des candidats communistes utilisent l’image du député européen arrivé quatrième du premier tour de la présidentielle, avec le score fort de 19,58%. Les Insoumis ont menacé de poursuites judiciaires, ce que les communistes n’ont pas du tout apprécié. « Dans les circonscriptions où Jean-Luc Mélenchon ne souhaite pas l’utilisation de son image, nous respecterons ce droit », a toutefois assuré Pierre Laurent mardi.

« Cette rupture, ni moi, ni la direction du PCF, ne l’avons ni décidée, ni souhaitée, rétorque-t-il encore ce mercredi matin, dans un communiqué. Ceux qui affirment le contraire mentent et cherchent à se dédouaner de leurs responsabilités ». Selon lui, Jean-Luc Mélenchon avait repoussé l’idée d’un accord national. Dès lors, « nous en étions réduits à des discussions rabougries comme peau de chagrin, concernant une poignée de circonscriptions, 26 exactement sur 577 lors de la dernière discussion de lundi. Nous les poursuivions tout de même, avec la volonté d’aboutir à un accord pourtant insuffisant ».

« Il ment », a tonné dans la foulée, sur RMC et BFM TV, Jean-Luc Mélenchon. Selon lui Pierre Laurent « a préparé ses candidatures depuis le mois de septembre sous le sigle Front de Gauche – PCF ».

J.CI

Source Le Parisien.fr

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Accord France insoumise-Parti communiste : ce qui bloque

la-france-insoumise-annonce-qu-il-n-y-aura-pas-d-accord-avec-le-pcfCe jeudi, la France insoumise et le PCF devraient reprendre les négociations en vue des élections législatives. Après le succès de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, la nécessité de s’entendre fait consensus, mais les désaccords persistent.

Attachés à « construire une majorité parlementaire », Parti communiste et France insoumise (FI) ne se sont toujours pas entendus sur un accord pour les élections législatives de juin, après deux premières réunions vendredi 28 avril et mardi 2 mai. En cause, deux logiques politiques divergentes.

La FI entend rassembler « le peuple »

La France insoumise souhaite poursuivre « la dynamique qui a conduit sept millions de personnes à voter pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon », selon Francis Parny, orateur national du mouvement, et ancien dirigeant communiste. « Une dynamique de quinze mois qui s’est conclue par une adhésion à la France insoumise et à son programme. Nous tenons à ce cadre parce qu’il faut que les citoyens s’y retrouvent. » S’affichant en mouvement et non en parti, la FI entend construire « un rassemblement large » en son sein. « On s’adresse au peuple, comme nous l’avons fait pendant quinze mois de façon détaillée ».

Conséquence logique, un accord national avec le PCF ne pourrait se construire que dans le cadre – programmatique, organique, visuel… – de la France insoumise. Concrètement, cela reviendrait, pour tous les candidats dont ceux issus des rangs communistes, à se présenter sous l’étiquette FI et à signer la charte des candidat.e.s de la France insoumise qui, en plus d’exigences éthiques, impose les conditions de financement politique et aux députés de « respecter la discipline de vote du groupe ».

Ces deux dernières contraintes posent problème au PCF. Marie-Pierre Vieu, membre de la direction du PCF, regrette notamment que « le mandat impératif » s’oppose à « l’indépendance des élus que le PCF pratique depuis cinquante ans. S’il y avait eu un mandat impératif, cela ferait bien longtemps que l’on ne formerait plus un groupe de quinze députés Front de gauche. Il est possible de ne pas affaiblir une identité en acceptant qu’elle ne soit pas unanimiste ».

« Nous avons clairement répondu, notamment en précisant que le candidat reste libre de son attachement financier », réplique Francis Parny. Quant au mandat impératif, il le relativise – « on ne tient pas non plus la main des députés » – mais insiste sur son importance. « Ne pas l’imposer, cela veut dire que ce qu’a fait le député PCF Patrice Carvalho, en votant contre le mariage pour tous, peut se reproduire à l’infini. Ce n’est pas notre conception des choses. »

Le PCF veut une « bannière commune »

Le PCF est pour sa part porteur d’une autre logique, celle d’un rassemblement de la gauche de gauche : a minima des composantes du Front de gauche, peut-être au-delà. Il estime que ces organisations et leurs militants ont joué un rôle important dans le score de Jean-Luc Mélenchon, et qu’ils doivent être représentés en conséquence à l’Assemblée. Il a rendu publique mardi sa proposition d’accord national.

Pierre Laurent souhaite que « les forces qui ont permis le résultat du 23 avril, la France insoumise, le Parti communiste, Ensemble !, les militants du Front de gauche, et toutes celles qui voudront se joindre à elles pour cet objectif, unissent leurs énergies ». Les modalités seraient celles d’une « bannière commune, qui respecte tout à la fois la place singulière tenue par notre candidat à la présidentielle et chacune de nos forces ». Un « sillon commun » comme l’illustre Marie-Pierre Vieu, par lequel « l’autonomie de la FI, mais aussi de chaque organisation alliée, pourrait être respectée ».

Un socle commun trop flou au goût de Francis Parny. « Certains candidats, en faveur desquels la FI se désisterait, imposeraient alors leur programme en s’opposant par exemple à la sortie immédiate du nucléaire, ou en appuyant le projet d’aéroport de NDDL. Comment les citoyens s’y retrouveraient ? » La France insoumise rejette de plus tout accord avec des composantes de gauche n’ayant pas appuyé la candidature présidentielle de Jean-Muc Mélenchon, car « les frondeurs du PS et les membres d’EELV qui protestent contre la politique gouvernementale, représentés par Benoît Hamon, ont été désavoués par les électeurs, même si l’étiquette PS a pesé ».

De toute façon, ces partenaires potentiels ne semblent que peu intégrés à la réflexion collective. Un responsable d’Ensemble ! souligne que son organisation a été « écartée des négociations. Pierre Laurent nous cite dans son appel de mardi, mais ne semble se préoccuper que des intérêts du PCF. Quant à la France insoumise, qui présente une trentaine de candidats d’Ensemble ! membres de FI, elle considère que nous sommes servis », alors que ces candidats ne représentent pas toute la diversité de courants d’Ensemble !. Côté FI, on affirme que sous couvert d’accord national, le PCF cherche à imposer un large accord de circonscriptions, exclusivement partagées entre communistes et « insoumis ». Laissant donc les autres composantes de côté.

Une « responsabilité historique »

À défaut d’accord national, le Parti communiste a proposé vendredi 28 avril un accord de désistement mutuel sur une trentaine de circonscriptions seulement. Francis Parny juge que « l’échange sur un nombre limité de circonscription permettrait au PCF de s’y retrouver ». Une hypothèse acceptée et donc travaillée par la délégation de la France insoumise.

Mais, là encore, des blocages apparaissent. Le PCF considère ses députés sortants comme un « bien commun » à la FI et ses partenaires, et souhaite donc ne pas les inclure dans les quotas de désistements. Françis Parny demande « simplement de la réciprocité »… qui pourrait être l’intégration dans le contingent PCF des candidats qui ne souhaitent pas signer la charte FI, comme le journaliste François Ruffin dans la Somme. Rien n’est simple !

Les négociations vont se poursuivre. Julien Zoughebi, membre de la délégation du PCF, précise qu’« après une réunion nationale de nos secrétaires fédéraux, nous avons proposé à la France insoumise de nous revoir ce jeudi. Nous continuerons, dans un premier temps, à pousser pour un rassemblement le plus large possible ». « Nous cherchons à rassembler sur les nombreux points de convergence », confirme Marie-Pierre Vieu.

L’occasion offerte par les 20% de votes en faveur de Jean-Luc Mélenchon et l’urgence d’agir pour construire une majorité parlementaire, reste l’horizon commun. Julien Zoughebi affirme qu’« au vu de la constitution d’un pôle à l’extrême droite autour de Le Pen et Dupont-Aignan, d’un autre pôle libéral-démocrate autour de Macron, il y a urgence à rassembler la gauche ». « Le résultat à la présidentielle fait peser une responsabilité historique de faire exister le camp progressiste », insiste Marie-Pierre Vieu. Des déclarations d’intention qui s’avèreraient vaines si les divisions persistaient. Date limite de dépôt des candidatures : vendredi 19 mai.

@manu_borras

Source Regard.fr 04/05/2017

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