Autriche l’extrême droite se banalise en UE

Au premier rang et de gauche à droite,  le ministre de l’Intérieur, Herbert Kickl, la ministre de la famille, Juliane Bogner-Strauß,  la ministre des Affaires étrangères, Karin Kneissl,  le vice-chancelier Christian Strache,  le chancelier Sebastian Kurz, la ministre de l’environnement,  Elisabeth Koestinger, le ministre de la culture, Gernot Bluemel, la ministre des Sciences Margarete Schramboeck et le ministre des Transports, de l’Innovation, de la Technologie et de la recherche, Norbert Hofer. Au second rang, de gauche à droite ?: le secrétaire d’Etat aux Finances, Hubert Fuchs, le ministre de l’Education, Heinz Fassmann, la ministre de la Santé, des Affaires sociales et du Travail,  Beate Hartinger,  la ministre des Finances,  Hartwig Loeger, le ministre de la Défense,  Mario Kunasek, le ministre de la Justice, Josef Moser et la secrétaire d’état, Karoline Edtstadler lors de la cérémonie d’inauguration du nouveau gouvernement à Vienne, le 18 décembre 2017. / Hans Punz/AFP

Au premier rang et de gauche à droite, le ministre de l’Intérieur, Herbert Kickl, la ministre de la famille, Juliane Bogner-Strauß, la ministre des Affaires étrangères, Karin Kneissl, le vice-chancelier Christian Strache, le chancelier Sebastian Kurz, la ministre de l’environnement, Elisabeth Koestinger, le ministre de la culture, Gernot Bluemel, la ministre des Sciences Margarete Schramboeck et le ministre des Transports, de l’Innovation, de la Technologie et de la recherche, Norbert Hofer. Au second rang, de gauche à droite ?: le secrétaire d’Etat aux Finances, Hubert Fuchs, le ministre de l’Education, Heinz Fassmann, la ministre de la Santé, des Affaires sociales et du Travail, Beate Hartinger, la ministre des Finances, Hartwig Loeger, le ministre de la Défense, Mario Kunasek, le ministre de la Justice, Josef Moser et la secrétaire d’état, Karoline Edtstadler lors de la cérémonie d’inauguration du nouveau gouvernement à Vienne, le 18 décembre 2017. / Hans Punz/AFP

Heinz-Christian Strache

Vice-chancelier
Ministre de la fonction publique et des sports

? À 48 ans, ce prothésiste dentaire de formation au physique de gendre idéal est à l’aise aussi bien dans les boîtes de nuit et sur les réseaux sociaux que dans les arcanes partisans.

? Amateur d’échecs, « remarquable communiquant, il se distingue par son sens de la formule et par son talent d’appareil, estime Patrick Moreau, spécialiste de l’extrême droite au CNRS à Strasbourg. Il a progressivement adapté son discours au jeu démocratique, en choisissant des termes plus neutres et acceptables ». Nonobstant ses douteuses affinités néonazies de jeunesse, il est devenu peu à peu « fréquentable » grâce à ses habiles précautions langagières.

? Policé à l’extérieur, il demeure radical à l’intérieur. Partisan d’une ligne très dure sur l’immigration, il estime que « l’islam n’a pas sa place en Autriche ».

Karin Kneissl

Ministre des affaires étrangères

? Cette universitaire polyglotte de 52 ans, diplômée de l’université américaine de Georgetown et de l’École nationale d’administration (ENA), est une experte reconnue du Moyen-Orient.

? Proche du FPÖ, bien que n’étant pas formellement membre du parti, elle a fréquemment vilipendé dans la presse autrichienne l’islam politique et les choix migratoires d’Angela Merkel.

? Il est à prévoir qu’elle entrera en conflit avec la Commission européenne – sans pour autant remettre en cause la place de l’Autriche dans l’UE – pour obtenir des gains politiques.

Herbert Kickl

Ministre de l’intérieur

? Considéré comme une éminence grise, ce stratège de l’ombre a conçu les campagnes électorales et théorisé le recentrage de l’image du FPÖ, afin de l’amener au pouvoir.

? Issu d’un milieu modeste, « doté d’un sens politique extrêmement développé, idéologue très radical, il est en quelque sorte le cerveau de Strache, son cardinal Mazarin », confie Patrick Moreau.

Mario Kunasek

Ministre de la défense

? Jeune dirigeant régional du parti, Mario Kunasek, 41 ans, représente l’un des nouveaux visages promus au gouvernement.

Cet ancien officier de carrière a été l’un des analystes de la politique militaire de l’Autriche – pays à tradition de neutralité.

? Au sein d’un gouvernement partiellement pro-russe, il sera notamment en charge du dossier de l’acquisition d’équipements communs et ne devrait pas, a priori, bloquer des quatre fers la dynamique de Défense européenne.

Norbert Hofer

Ministre fédéral des transports, de l’innovation, de la technologie et de la recherche

? Après avoir été vice-président du Parlement et candidat à l’élection présidentielle, il est à 46 ans un fin politicien et l’un des hommes forts de ce gouvernement.

? Ce technicien aéronautique de formation aurait apparemment choisi lui-même son ministère, déclinant les Affaires étrangères et l’Intérieur « pour ne pas attirer à lui les dossiers épineux et ménager son avenir politique », précise Patrick Moreau.

? D’apparence lisse et mesuré, citant volontiers Margaret Tatcher et Charles de Gaulle, cet homme se présente comme un défenseur inflexible des valeurs traditionalistes du FPÖ.

? Très hostile à l’immigration, il considère que l’Autriche appartient à la « communauté culturelle allemande ».

Beate Hartinger-Klein

Ministre fédéral de la santé, des affaires sociales et du travail

? Cette femme politique de 58 ans, dont la carrière professionnelle a gravité autour du périmètre de son actuel ministère (santé, sécurité sociale, éducation), n’est certes pas la personnalité la plus forte du gouvernement (elle aurait été choisie par défaut parmi la base restreinte de « ministrables » du FPÖ)?;

? Elle devra toutefois incarner l’offre sociale du parti et prendre en charge des réformes importantes, notamment dans le domaine de la santé, réformes qui s’annoncent conflictuelles.

Benjamin Boutin
Source La Croix 18/12/2017

 

Editorial du « Monde ».

En Autriche, l’extrême droite banalisée

La nomination comme vice-chancelier de Heinz-Christian Strache, proche des néonazis dans sa jeunesse, et de deux ministres d’extrême droite aux postes régaliens n’a pas suscité l’indignation.

Où est passée Elfriede Jelinek ? Le silence de la Prix Nobel de littérature autrichienne symbolise, à lui seul, les changements majeurs survenus en Europe en moins de deux décennies. En 2000, le pacte inédit dans l’Union européenne entre les conservateurs autrichiens et l’extrême droite avait suscité une vague d’indignation dont elle est restée l’égérie. L’Europe avait voté des sanctions. L’Autriche avait été boycottée. On parlait de cordon sanitaire. Et pourtant, le sulfureux Jörg Haider avait renoncé à un strapontin et le président conservateur Thomas Klestil avait barré la route à deux personnalités ouvertement xénophobes.

Dix-sept ans plus tard, quel spectacle stupéfiant que de voir, samedi 16 décembre, le président autrichien, l’écologiste Alexander Van der Bellen, entériner la nomination comme vice-chancelier de Heinz-Christian Strache, proche des néonazis dans sa jeunesse. Tout aussi sidérante, l’annonce de la nomination de deux ministres d’extrême droite aux postes régaliens de l’intérieur et de la défense, alors que les conservateurs, arrivés largement en tête lors des élections législatives du 15 octobre, ne paraissaient pas contraints à de telles concessions.

Pourtant, le chef de l’Etat autrichien fut le premier à redonner un peu d’espoir aux opposants à tous les extrémismes en l’emportant avec panache face au FPÖ, l’année dernière, en dépit du Brexit et de l’élection de Donald Trump à la Maison blanche survenus dans les mois précédents. Il a été très actif en coulisse pour imposer des garde-fous permettant à l’Autriche de s’affirmer encore comme étant « pro-européenne ». Mais il lui faudra faire avec cette réalité bien triste : les premières réactions à l’annonce du retour des héritiers de M. Haider sous les dorures de la Hofburg, à Vienne, auront été celles des organisations juives : le Congrès juif mondial s’est dit « bouleversé ».

Ankara se permet de faire la leçon aux Européens

Rapidement, il a été rejoint par l’Italie, indignée qu’on veuille offrir des passeports à ses citoyens du Tyrol du Sud sans la consulter et qui a dénoncé un « nationalisme ethnique ». Puis par la Turquie, outrée de voir le nouveau pacte gouvernemental autrichien souhaiter l’arrêt formel des négociations de son adhésion à l’Union européenne. En pleine dérive autoritaire, Ankara se permet même de faire la leçon aux Européens : le ministre des affaires européennes turc a ainsi affirmé « qu’ignorer les approches racistes du programme du gouvernement autrichien (…) c’est faire montre de faiblesse ».

Il est pour le moins regrettable que la Commission européenne, comme Paris et Berlin, laissent le champ libre au régime turc pour exprimer des inquiétudes tout à fait légitimes sur l’avenir des musulmans vivant en Autriche. Pour l’instant, aucune réaction n’est venue de ceux qui défendent la démocratie, que ce soit du côté d’Emmanuel Macron ou d’Angela Merkel.

Quant à Elfriede Jelinek, on ne peut la blâmer de se taire. A 71 ans, elle s’est retirée de la vie publique, et plus personne ne menace, comme elle l’avait fait, de déserter le pays. En fait, cela fait bien longtemps que l’imprécatrice aux phrases acérées a délaissé le champ de bataille. Elle a pu expérimenter le sentiment d’impuissance si cuisant des artistes en Autriche. Les manifestations prévues lundi 18 décembre seront le baromètre de la banalisation de l’extrême droite. Pour rappel, 250 000 personnes défilaient, il y a dix-sept ans, dans les rues de Vienne contre le FPÖ.

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Wilders ne quitte pas la scène

Manifestation contre le projet d’accueil de 500 réfugiés, à Heesch, aux Pays-Bas, le 18 janvier 2016. / Robert Vos /AFP

Manifestation contre le projet d’accueil de 500 réfugiés, à Heesch, aux Pays-Bas, le 18 janvier 2016. / Robert Vos /AFP

Le démon du populisme de droite aux Pays-Bas est loin d’être conjuré, pense pour sa part Corriere del Ticino :

«On aurait tort de sous-estimer la ‘wilderisation’ de la politique néerlandaise. Le parti d’extrême droite de Wilders pourrait continuer à séduire les électeurs d’un pays nouveau, qui n’est plus le pays de la tolérance que nous connaissions. Les Pays-Bas sont devenus un pays qui juge insuffisantes les réponses apportées par les partis traditionnels aux thèmes de la crise des réfugiés et de l’intégration européenne, par exemple. Mais surtout, il ne faut pas sous-évaluer le fait que Wilders – indépendamment de la question de ses compétences et de la réelle possibilité de gouverner – continuera d’incarner le prototype du parti post-politique – sans base, sans membres, sans programme et sans structures. Un parti qui, grâce à l’alliance informelle avec d’autres dirigeants ultranationalistes en Europe, reste une formation dont la politique néerlandaise ne parvient pas à se débarrasser.»

Gerardo Morina

Source : Corriere del Ticino (Suisse)

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Comment expliquer la réussite de Wilders aux Pays-Bas ?

demonstratie-in-zweden-geert-wildersAprès le vote sur le Brexit et la victoire électorale de Donald Trump, tous les regards sont rivés sur Geert Wilders et son parti xénophobe PVV avant les législatives du 15 mars aux Pays-Bas. Si le leader d’extrême droite a caracolé en tête des sondages pendant plusieurs mois, le parti libéral de droite du Premier ministre Mark Rutte reprend l’avantage. Quel choix feront les électeurs dans ce scrutin – le premier de plusieurs votes décisifs pour l’Europe ?

Aux Pays-Bas, tous les partis ont imputé à l’UE la responsabilité des problèmes du pays, ce qui a pavé la voie à Wilders, lit-on dans El Mundo :

«Cette attitude a détruit le soutien à l’Union ce qui, conjugué à la lassitude généralisée à l’endroit des partis traditionnels, fait le lit des formations eurosceptiques et populistes. Wilders brandit cet étendard et canalise par ailleurs une grande partie de l’insatisfaction de la population en présentant les étrangers, et spécialement les musulmans, en boucs émissaires. Cela lui suffit. Car en réalité, il n’a aucun véritable programme. Personne ne sait ce qu’il ferait s’il arrivait au pouvoir. C’est la victoire de la vacuité du populisme.»

 

Source : El Mundo

Un scrutin déterminant pour l’Europe

En cette année d’élections cruciales dans de nombreux Etats de l’UE, le scrutin du 15 mars sera un jalon déterminant, analyse Hürriyet Daily News :

«Les élections aux Pays-Bas seront un indicateur précoce de la capacité de l’extrême droite à poursuivre son essor en Europe. Le PVV de Geert Wilders étant en tête dans les sondages, c’est lui qui façonne le débat politique. … On observe la même chose en France, où la candidate d’extrême droite marine Le Pen est en tête des sondages pour les présidentielles, du moins pour le premier tour. … La décision électorale que prendront les citoyens de différents Etats de l’UE déterminera la forme future de l’UE, mais aussi le rôle de l’Europe dans le monde. Le résultat aura indubitablement des répercussions sur l’avenir de la planète – car les deux guerres mondiales étaient toutes deux, au départ, des guerres européennes.»

 

source : Hürriyet Daily News

 

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L’extrême-droite remporte l’élection au Danemark à la surprise générale

Morten Messerschmidt, candidat du Parti du peuple danois. Source AFP

Morten Messerschmidt, candidat du Parti du peuple danois. Source AFP

Comme en France, une formation d’extrême droite anti-immigrés et eurosceptique, le Parti du peuple danois (DF), arrive en tête des élections européennes au Danemark avec 26,7 % des voix, soit plus du double de son score obtenu lors des élections de 2009.

Cette victoire spectaculaire permet à DF d’envoyer deux députés européens en plus des deux actuels à Strasbourg et Bruxelles. Deux tiers des gains réalisés l’ont été au dériment du parti libéral, affaibli par un scandale qui a touché son président. L’autre tiers provient des sociaux-démocrates, un parti à qui l’extrême droite n’hésite pas à faire des appels du pied.

Lors de son discours du 1er mai, le président de DF, Kristian Thulesen Dahl, avait été jusqu’à leur lancer un appel direct : « Les travailleurs danois ont beaucoup à gagner si DF et les sociaux-démocrates se rapprochent l’un de l’autre. » Un calcul en partie électoraliste, mais qui témoigne aussi de la volonté de DF – qui prend garde de se démarquer systématiquement du FN …

Source Le Monde 26/05 2014

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