L’avocat de Florence Hartmann demande sa libération « immédiate »

c879cddd01787c34fe10563684577559cfbd04ebL’ancien porte-parole du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), la Française Florence Hartmann, arrêtée jeudi à La Haye lors du jugement de Radovan Karadzic, doit être libérée « immédiatement », a réclamé vendredi son avocat, Me William Bourdon.

« Nous demandons à ceux qui sont en responsabilité de mettre un terme à cette détention immédiatement », a déclaré l’avocat à l’AFP.

Florence Hartmann a été arrêtée par les gardes du tribunal alors qu’elle était venue assister au jugement prononcé contre l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic.

Porte-parole du procureur du TPIY Carla Del Ponte de 2000 à 2006, elle avait été condamnée pour outrage à la cour en 2009 pour avoir publié dans un livre deux décisions confidentielles du tribunal.

La condamnation prononcée par le TPIY avait été confirmée en appel en 2011, mais Florence Hartmann, ancienne correspondante du journal français Le Monde dans les Balkans, avait refusé de payer une amende de 7.000 euros.

Les juges avaient alors décidé d’une condamnation à sept jours de prison et demandé aux autorités françaises d’arrêter et de transférer l’ancienne journaliste à La Haye, ce que Paris avait refusé.

« Cette contrainte par corps est une institution totalement archaïque, elle n’avait pas sa place dans une juridiction supposée respecter les meilleurs standards internationaux », a protesté l’avocat.

« Sa mise à exécution, en forme de règlement de compte, est d’autant plus paradoxale qu’elle jette une tache inutile sur l’image du TPIY au moment où il rend une décision historique », a ajouté William Bourdon.

Radovan Karadzic a été condamné jeudi par un tribunal international à 40 ans de détention pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie, un verdict historique rendu plus de 20 ans après les faits.

Dans son livre « Paix et Châtiment », publié en 2007, Florence Hartmann mentionnait deux décisions confidentielles rendues par la cour d?appel du TPIY dans le cadre du procès de Slobodan Milosevic, qui auraient permis, selon elle, de prouver l’implication de l’Etat serbe dans le massacre de Srebrenica, qui a coûté la vie à près de 8.000 Bosniaques en 1995.

Sa condamnation par le TPIY avait scandalisé de nombreux journalistes et organisations actives dans les pays de l’ex-Yougoslavie, qui s’étaient rassemblés au sein d’un comité de soutien.

L’ancien procureur général du TPIY, Carla del Ponte, a jugé cette arrestation « inacceptable ».

Source AFP 25/03/2016

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Les Suisses contre les minarets

minaret-suisse1Avec une majorité de 57,5 pour cent des voix, les Suisses se sont prononcés dimanche contre la construction de nouveaux minarets. Les partis conservateurs de l’Union démocratique du centre et de l’Union démocratique fédérale sont à l’origine du référendum. Ce résultat trouble la paix des religions, estime la presse.

Die Presse – Autriche

L’interdiction des minarets renforce la peur de l’islam, estime le quotidien Die Presse : « Avec l’interdiction des minarets, les citoyens ont rendu un mauvais service à leur pays. Les près de 4,5 pour cent de musulmans, originaires pour la plupart d’ex-Yougoslavie, sont considérés comme étant généralement bien intégrés, et l’on a rarement fait état de problèmes les concernant. La paix religieuse a été considérablement troublée, et ce inutilement. En outre, un Etat aussi neutre que la Suisse du point de vue religieux doit se comporter de manière toute aussi neutre sur de telles questions. L’issue inattendue de ce vote a provoqué l’inquiétude du gouvernement qui se reflète dans la phrase se voulant apaisante et affirmant que les quatre minarets existants ne devront pas être démolis. Le calcul impitoyable des initiateurs de cette campagne se réalise : ils ont ainsi attisé les peurs d’un fondamentalisme islamique européen militant. Celui-ci constitue certes un problème dans certaines régions de la planète, mais sûrement pas dans le canton d’Appenzell. » (30.11.2009)

Diário de Notícias – Portugal

L’interdiction des minarets en Suisse est archaïque, écrit le quotidien Diário de Notícias : « La Suisse a souligné son intolérance envers une religion qui est en train de croître en Europe en raison de l’afflux d’immigrants. L’interdiction de construction de minarets dans les mosquées n’apportera pas aux Suisses la sécurité [nationale] sur laquelle ils ont basé leur argumentation pendant la campagne. Avec ce vote, … la Suisse donnera plutôt de nouveaux arguments aux extrémistes islamistes. Pendant des siècles, les chrétiens ont été tolérés dans l’islam alors que l’inverse était impensable en Europe. Il y a … aujourd’hui une mosquée à Rome, mais il est impensable qu’un chrétien se rende à La Mecque. La Suisse a décidé de régresser de plusieurs siècles dans l’histoire européenne. » (30.11.2009)

Le Temps – Suisse

Suite au vote en faveur de l’interdiction des minarets, le quotidien Le Temps craint pour l’image internationale de la Suisse : « Loin d’une majorité de hasard, le oui à l’initiative anti-minarets claque de façon retentissante. La campagne a pourtant démontré que la réalité de l’islam en Suisse est en total décalage avec l’image maudite qui colle à cette religion depuis plusieurs années – un intégrisme qui se décline dans des formes aussi choquantes que le terrorisme, la charia, la burka, la lapidation des femmes, etc. Les musulmans de Suisse ne méritent donc pas l’injustice de ce vote sanction inspiré par la peur, les fantasmes et l’ignorance. Si l’on peut tranquillement parier que la même initiative aurait récolté un résultat similaire dans d’autres pays européens, le dégât d’image pour la Suisse n’en est pas moins spectaculaire. » (30.11.2009)

» article intégral (lien externe, français)

Postimees – Estonie

L’interdiction de construire des minarets en Suisse rappelle la dispute sur le voile en France, estime le quotidien Postimees, à quelques différences près : « La dispute dure depuis plus longtemps en Suisse mais c’est au final le parti de droite de l’Union démocratique du centre qui a su justement trouver le moment propice : en raison de la crise économique, il lui a été plus facile d’expliquer aux citoyens pourquoi les minarets devaient symboliser la lutte de pouvoir contre la communauté d’immigrés musulmans en rapide croissance. Dans la dispute sur le voile dans les écoles françaises, les autres symboles religieux tels que les crucifix de grande taille avaient aussi été exclus. Les minarets déjà existants en Suisse ne disparaîtront pas en revanche de l’image des villes. Dans tous les cas, il est encore difficile de dire aujourd’hui si l’interdiction de construire de nouveaux minarets dans un pays multiculturel de près de 400.000 musulmans détruira la paix entre les religions, voire même si elle conjurera un nouveau conflit entre monde musulman et monde occidental. » (30.11.2009)

Voir aussi : Rubrique Livre essai Diversité musulmane,